12.2.16

Un carême de miséricorde, mes réflexions


Un carême de miséricorde par DioceseLyon



1) On m’avait dit que saint Mathieu était injustement méprisé des juifs car il s’était mis au service de l’occupant romain. Il n'était donc pas vraiment un pécheur public, il était considéré comme un pécheur public.

Il était percepteur. Il prenait l’argent des juifs qui avaient la vraie religion pour le donner aux idolâtres pour leurs cultes abominables ! Ce qui était effectivement moralement discutable. Mais cet argent servait aussi à maintenir l'ordre, à rendre la justice, à protéger les populations etc. Il n'était donc pas un véritable pécheur.

Mathieu exerçait une profession d’argent, certes, mais une profession possible. Dans sa profession il faut tenir la comptabilité, des registres, manier les espèces (à l’époque il n’y a que des espèces). Selon ce que j'ai lu il n’était pas un homme malhonnête.

Par parenthèse il parlait et écrivait nécessairement latin ne serait-ce que pour ses relations avec ses donneurs d’ordre: les autorités romaines. Quand on nous casse les pieds avec l'araméen, on oublie de considérer ce fait. Mathieu parlait latin et à une messe en latin de 2016, il ne serait pas dépaysé. Pour lui le latin n'était pas de l'hébreu (car il ne parlait pas l'hébreu, langue morte depuis l'exil de Babylone).

2) Quant à l’affaire de la femme adultère, elle reste pour moi très mystérieuse. Mais je vais livrer quelques réflexions de juriste qui n'ont, évidemment, aucune prétention à épuiser le sujet.

En toile de fond, comme on dit aujourd'hui, il s’agit de droit pénal et de peine de mort et de relations internationales.

Les Romains avaient ôté aux juifs le droit d’infliger la peine de mort. Les interlocuteurs de Jésus auraient voulu le « coincer ». Car d'un côté la loi de Moïse ordonne de tuer l'adultère en le lapidant. De l'autres les Romains interdisent la peine de mort aux Juifs. Or, il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes. Ils calculent que si Jésus dit : "Il faut la tuer !" Il sera considéré comme un séditieux par les Romains. Mais s'Il dit "Ne la tuez pas !", les Juifs(1) Le considèreront comme un impie méprisant la loi de Moïse.

Considérons-donc la question essentielle qui est une question de droit pénal.

Jésus élèvera aussitôt le débat. Selon moi, Il enseigne que la peine n’est jamais une obligation. Qu’il y a des cas, où il vaut mieux ne pas infliger de peine ; d'autres où on peut l'adoucir par rapport à ce que prévoit la loi.

En l’occurrence, Il juge que la peine de l’humiliation publique et de l’angoisse de la mort avaient été suffisantes à punir cette malheureuse.

Mais, selon moi, on aurait tort de charger les juifs, les Pharisiens, les légistes rigoureux, venus, indignés, demander ce qu'il fallait faire de cette femme. Car ils comprennent ce que Jésus leur enseigne: le droit pénal ne va pas sans la miséricorde. Même si ce n'est pas écrit dans la loi, c'est un principe d'application universelle qui toujours éclaire toute loi pénale.

Nos Pharisiens comprennent ce que Jésus leur dit. Oubliés les Romains ! Oubliée l'application rigoureuse de la loi de Moïse ! En commençant par les plus vieux, laissant tomber les pierres de leurs mains, la tête basse, ils s'en vont en méditant. Ils s’abiment dans la considération de leur condition de pécheurs qui doivent faire miséricorde ! Moi je les admire ces Pharisiens et autre scribes ! Des gens qui ont pignons sur rue, mais savants, intelligents, civilisés et humbles. Des gens riches et honorés mais humbles et intelligents qui s'humilient devant la femme humiliée ! Je trouve cela très beau. Des chameaux qui ont trouvé le moyen de passer à travers le chas d'une aiguille, on ne voit pas ça tous les jours et on le voit chez les juifs !

(1) Lorsque j'écris "les Juifs" je n'entends pas "tous les Juifs", mais les chefs, ou plus exactement certains chefs, une certaine catégorie de chefs. Comme dans les évangiles dans le fond.

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