21.2.16

Ennemond contre Mgr Williamson

Ennemond (pseudonyme) commente le sacre d'un nouvel évêque par Mgr Williamson.

« Ce qui est certain [il fait parler les morts, notre ami Ennemond], c’est que Mgr Lefebvre en son temps ne se serait jamais permis de procéder aux sacres si à travers le monde il existait des évêques de la trempe de NN.SS. Fellay, de Galarreta, Tissier de Mallerais et même de Mgr Schneider. Ces hommes défendent la messe traditionnelle, prêchent la foi dans son intégralité et son intégrité, soulignent les méfaits des dérives de l’aggiornamento. (…) Sans doute l’évêque britannique, décrié par quelques-uns de ses amis « résistants », s'offre-t-il la possibilité de retrouver une nouvelle virginité au sein d’une nébuleuse animée par une spirale révolutionnaire : sans véritable chef et vouée à la vindicte de quelques censeurs qui prêchent toujours davantage de « pureté » dont ils sont les propres garants, ils récusent toute idée de nuance ou de discernement. Mgr Williamson, pourtant plus brillant que ceux qui l'entourent, devient prisonnier de ce microcosme où il finit par trouver des candidats à l'épiscopat. Il n'est pas certain que cet univers partiellement vagus lui soit éternellement fidèle. Néanmoins, le diable porte pierre et l’aspect bénéfique de ce drame est que ce mouvement résistant s’enfonce à marche forcée vers la caricature. Une telle dérive ne peut que vacciner les esprits hésistants. Ce fut en leur temps les principaux enseignements des déroutes de Mgr Thuc ou de Palmar de Troya. »

Pour "Ennemond" comparaison est raison...

Sur Riposte catholique j'ai commenté comme si Mgr Williamson était sédévacantiste. Je le regrette car, au final, je ne sais plus s'il est sédévacantiste. Je sais qu'il condamne le Saint-Siège et ne tient aucun compte du pape, ni des évêques. Pour le sédévacantisme j'en suis moins sûr. En tous cas, il est proche des sédévacantistes.

Quoi qu'il en soit, ce n'est pas tant Mgr Williamson que "Ennemond" qui m'intéresse. Ennemond est, dit-on, le porte-parole de "Suresnes", le centre fellayso-lefebvriste français.

La principale des catégories de "Ennemond", c'est les « brillants » et les pas brillants. Cette catégorisation lui fait alièner son esprit aux esprits « brillants ».

Soyons-donc plus sérieux que Ennemond et réfléchissons en réaliste et en juriste !

Quelle différence entre Mgr Williamson et Mgr Fellay ? Du point de vue canonique aucune. La seule différence c’est que l’un discute avec le pape et l’autre non, mais ce n’est pas une différence canonique. C'est une différence de fait.

La discussion avec le pape a, certes, incité ce dernier à donner juridiction provisoire aux prêtres de la FSSPX. Mais cela ne confère finalement pas une situation canonique substantiellement différente aux williamsonniens de celle des lefebvristes auto-proclamés authentiques quant à leurs différents statuts.

Au lieu de tirer à boulets rouges sur Mgr Williamson, il y aurait intérêt à réfléchir au pourquoi du sédévacantisme.

Pourquoi le sédévacantisme ? D’abord la négation de la liberté religieuse dans l’Église par le pape Paul VI et ses successeurs. La haine et le mépris que le haut clergé affichait pour « les intégristes » dans les années 60 et 70 (schismatiques, hérétiques, hypocrites, vous allez en enfer) d’abord est une cause de la situation actuelle. Le haut clergé est et reste indifférent aux droits culturels du peuple (voir Gaudium et spes). La tyrannie cléricale déchaînée détruisait la culture religieuse avec une bonne conscience sans faille: « Je suis avec le pape, moi, monsieur ! Je fais partie des meilleurs, sales Pharisiens que vous êtes ! » Moyennant quoi on interdisait sous peine de péché les rituels traditionnels que l’on reconnaît comme parfaitement valables et licites aujourd’hui (voir le motu proprio du 7/7/7 qui tente toutefois d’interdire – et non autorise – l’usage du missel de saint Pie V). Même si les insultes et les menaces ont été « laissées au vestiaire » (selon le mot du général de Gaulle) en entrant dans la salle de négociation la condamnation arbitraire de l'Église par l'Église et la désobéissance lefebvristes continuent.

Du côté lefebvriste, je vois des prises de position absurdes (par exemple contre la liberté religieuse), des admirations sans borne pour des textes sans intérêt, une culture défaillante, des critiques des textes de Vatican II à l’inverse de la vérité et des droits des… lefebvristes !

Finalement la prose de ce commentateur c’est un professeur de morale qui critique âprement la position qu’il occupe. C’est finalement dans la même veine que faire usage de sa liberté religieuse pour critiquer cette donnée de la raison universelle de l’homme.

Je les aime bien les sédévacantistes, même si leur position intellectuelle est intenable (car l’Église n’est pas un dû, mais une miséricorde divine). Qu’au lieu de les critiquer, de les insulter de les menacer de l’enfer, on commence par leur reconnaître la liberté religieuse. Au lieu de taper sur leurs plaies, et de se réjouir de leur détresse, qu’on essaie de comprendre ce qu’ils disent et qu’on reconnaisse et respecte leurs droits, y compris dans l’Église !

Aucun commentaire: