"Nous n’accueillons pas le pape pour discuter de théologie. Chaque système est autonome, la foi n’est pas un objet d’échange et de négociations politiques".Cette prise de position est conforme à la raison. On ne peut discuter lorsque lorsque les deux interlocuteurs prétendent interpréter authentiquement la parole de Dieu.
Voici également ce qu'enseigne un texte du Vatican sur la mission à l'égard des juifs:
Donc, selon ce document, les juifs voient en la reconnaissance de Jésus comme Messie une sorte de Shoah. La mission envers les juifs serait une sorte de complot pour leur disparition."On comprendra facilement, dès lors, que la notion de 'mission aux juifs' est une question extrêmement délicate et sensible pour les juifs car, à leurs yeux, elle touche à l’existence même du peuple juif. C’est aussi une question problématique pour les chrétiens pour qui le rôle salvifique universel de Jésus Christ et donc la mission universelle de l’Église ont une importance fondamentale. Pour cette raison, l’Église a été amenée à considérer l’évangélisation des juifs, qui croient dans le Dieu unique, d’une manière différente de celle auprès des peuples ayant une autre religion et une autre vision du monde. En pratique, cela signifie que l’Église catholique ne conduit et ne promeut aucune action missionnaire institutionnelle spécifique en direction des juifs. Mais alors que l’Église rejette par principe toute mission institutionnelle auprès des juifs, les chrétiens sont néanmoins appelés à rendre témoignage de leur foi en Jésus-Christ devant les juifs, avec humilité et délicatesse, en reconnaissant que les juifs sont dépositaires de la Parole de Dieu et en gardant toujours présente à l’esprit l’immense tragédie de la Shoah".
Quant à moi, je n'ai jamais entendu parler d'une mission catholique spéciale pour les juifs (Notre-Dame de Sion peut-être...)
On remarque également que la Shoah joue un rôle dès que l'on prétend s'adresser aux juifs. Cette Shoah leur a conféré un statut spécial dans l'humanité (même si aucun des ancêtres de tel ou tel interlocuteur juif - vraiment juif ou supposément juif - n'a souffert personnellement de ladite Shoah). Toutefois ce statut spécial ne doit en aucune manière blesser l'égalité fondamentale de tous les êtres humains. Sauf à considérer qu'un juif souffre plus qu'un autre humain. Que s'il est assassiné, il est plus assassiné qu'une autre humain. Que s'il est victime de guerre, il est plus victime de guerre qu'un autre humain.
Enfin, certes, les juifs restent dépositaires de la parole de Dieu. C'est notre foi commune. Mais ils ne sont pas dépositaires exclusifs de la parole de Dieu.
La Genèse nous l'enseigne:
« Gn 14,18. Et Melchisédech, roi de Salem, offrant du pain et du vin, parce qu'il était prêtre du Dieu très haut,
Gn 14,19. Bénit Abram, en disant: Qu'Abram soit béni du Dieu très haut, qui a créé le ciel et la terre;
Gn 14,20. Et que le Dieu très haut soit béni, Lui qui par Sa protection vous a mis vos ennemis entre les mains. Alors Abram lui donna la dîme de tout ce qu'il avait pris. »
Or Melchisédech qui reçut la dîme du butin d'Abram (qui ne s'appelait pas encore Abraham), Melchisédech était un goy à qui Abram paya la dîme parce que Melchisedech était prêtre du Dieu très haut.
Ces considérations empêcheront de suivre Sandro Magister dans son affirmation sur le prétendu "non" du rabbin Segni à François ainsi que les dissertations de madame Foa.
Quant à ce paragraphe:
« Le premier se trouve là où le texte considère comme privée de tout fondement "la théologie du remplacement ou de la supersession, qui oppose deux entités séparées, l’Église des gentils et la Synagogue rejetée dont elle aurait pris la place". Et cela en raison de l’"irrévocabilité" de la promesse faite par Dieu au peuple d’Israël. »
On ne peut que constater la profonde incompréhension du document de 2001. Monsieur Magister passe à côté de la portée de ce document que j'invite mes lecteurs à lire. Ce document doit se lire en faisant abstraction de la vanité d'où qu'elle vienne (je suis le meilleur, je peux vous regarder de haut). Les hommes naissent égaux en droit.
Tenez, cher lecteurs, je ne peux faire mieux que de vous donner à lire un paragraphe particulièrement instructif de ce texte du Vatican qu'il faut lire calmement, en prenant le temps, en y revenant. On comprendra mieux alors sa portée (je vous aide: un des éléments importants de ce texte est l'histoire et les titres à se présenter comme Israélite):
« c) Le peuple. Le Nouveau Testament assume comme une réalité irrévocable l'élection d'Israël, peuple de l'alliance: celui-ci conserve intactes ses prérogatives (Rm 9,4) et son statut prioritaire, dans l'histoire, par rapport à l'offre du salut (Ac 13,23) et de la Parole de Dieu (13,46). Mais à Israël Dieu a offert une « alliance nouvelle » (Jr 31,31); celle-ci a été fondée dans le sang de Jésus. 303 L'Église se compose des Israélites qui ont accepté cette nouvelle alliance et d'autres croyants qui se sont joints à eux. Peuple de la nouvelle alliance, l'Église a conscience de n'exister que grâce à son adhésion au Christ Jésus, messie d'Israël, et grâce à ses liens avec les apôtres, tous Israélites. Loin donc de se substituer à Israël, 304 elle reste solidaire avec lui. Aux chrétiens venus des nations, l'apôtre Paul déclare qu'ils ont été greffés sur le bon olivier qu'est Israël (Rm 11,16.17). Cela dit, l'Église a conscience que le Christ lui donne une ouverture universelle, conformément à la vocation d'Abraham, dont la descendance s'élargit désormais à la faveur d'une filiation fondée sur la foi au Christ (Rm 4,11-12). Le Règne de Dieu n'est plus lié au seul Israël mais ouvert à tous, y compris les païens, avec une place spéciale pour les pauvres et les proscrits. 305 L'espérance liée à la maison royale de David, pourtant déchue depuis six siècles, redevient une clé de lecture essentielle de l'histoire: elle se concentre désormais en Jésus Christ, un descendant humble et lointain. Enfin, pour ce qui a trait à la terre d'Israël (y compris son Temple et sa Ville sainte), le Nouveau Testament pousse beaucoup plus loin un processus de symbolisation déjà amorcé dans l'Ancien Testament et le judaïsme intertestamentaire.
Ainsi donc, pour les chrétiens, avec l'avènement du Christ et de l'Église, le Dieu de la révélation prononce son dernier mot. « Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé autrefois aux pères dans les prophètes, Dieu, en la période finale où nous sommes, nous a parlé à nous en un Fils » (He 1,1-2). »
Que celui qui a des oreilles pour entendre et des yeux pour lire, que celui qui a la possibilité de réfléchir, qu'il réfléchisse ! Il verra que les élucubrations de Magister ne valent rien.
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