22.3.11

Monsieur Poulat et la pensée sociale de l'Église

Voci un extrait de l’intervention de monsieur Poulat lors du débat entre monsieur Madiran et lui à propos de l’Église, cité par la Salon beige (qui naturellement publie cela sans aucun restriction) :

« Émile Poulat – Personnellement je pense que la pensée contre-révolutionnaire n’a pas beaucoup d’avenir. Le grand rêve de Léon XIII d’un nouvel ordre social chrétien à venir et à instaurer a fait long feu en France et en Europe, mais aussi, moins nettement, dans le reste du monde. L’Église catholique romaine doit réfléchir à son projet. Actuellement ce qui me paraît manquer, c’est la réflexion. On assiste à une gestion de la vie quotidienne, des paroisses, des diocèses, mais il nous manque une véritable pensée catholique et je crains que ce soit une situation appelée à durer. La dernière grande vision pontificale du monde à venir me semble avoir été l’encyclique de Jean XXIII, Pacem in terris (1963). Le catholicisme français ne manque pas de vitalité ni de multiples initiatives, mais tout cela ne fait pas un grand projet, ni une grande pensée. »

Monsieur Poulat confond la « pensée contre-révolutionnaire » et celle de Léon XIII. La doctrine sociale de l’Église n’est pas « contre-révolutionnaire », elle est. Les encycliques sociales résumées dans le « Compendium », la doctrine de Vatican II relèguent au deuxième plan les « penseurs » contre-révolutionnaires ou révolutionnaires. Et encore, je dis au deuxième plan, je devrais dire qu’elle périme beaucoup de leurs prises de position qui n’ont plus à la lumière du Compendium, plus qu’un intérêt historique ou de curiosité. Il faut se donner la peine d'étudier les textes ecclésiaux, par soi-même et non à travers les textes de seconde main. La « pensée catholique » ne manque pas, ce dont il manque (dans une certaine mesure d’ailleurs, car ils manqueront toujours ceux qui étudient la doctrine sociale), ce sont des étudiants honnêtes de la doctrine sociale.

Mais bien évidemment, les étudiants ne seront pas que des étudiants de la "doctrine sociale", ils seront cultivés en général et dans leur domaines profanes respectifs. Car on ne peut accéder à la "doctrine sociale" que si l'on a un minimum de culture profane. L'Église en effet enseigne qu'il y a échange entre les laïcs et l'Église, les deux mondes reçoivent l'un de l'autre.

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