Le "modernisme" historique dans son aspect "doctrinal" est la tentative de sauver la foi en restant kantien. Selon les modernistes historiques, tout ce qui est philosophie traditionnelle fait "sourire de pitié" car la raison n'a "ni les capacités, ni le droit" de franchir « le cercle des phénomènes ».
Une des idées principales composant et fondant la doxa "traditionaliste" est que le "modernisme" n'est pas mort. Il est même, selon cette doxa, particulièrement vivace et dominerait la culture catholique jusqu'au Vatican. Ce qui donne lieu fort logiquement au sédévacantisme et, en moins logique, au lefebvrisme, ou à la forme adoucie véhiculée par divers blogs et publications plus modérées, mais néanmoins en déhors de la vérité.
Monsieur Madiran, cité par le Salon beige, en quelques mots résume cette idée et suggère un complot :
« On subit une sorte de tabou officiel qui fait que les héritiers du modernisme ne veulent pas qu’on en parle sous ce nom. »
http://lesalonbeige.blogs.com/
Selon lui, les « héritiers du modernisme » auraient obtenu que le modernisme devienne un sujet tabou qui interdirait d’en prononcer le nom alors que la « maladie » serait généralisée. Le monde « contre-révolutionnaire » serait le seul lieu où l’on pourrait traiter correctement du « modernisme ».
On peut objecter pourtant que le Vatican lui-même met en ligne l’encyclique de saint Pie X définissant et condamnant le modernisme (08 septembre 1907)...
http://www.vatican.va/holy_father/pius_x/encyclicals/documents/hf_p-x_enc_19070908_pascendi-dominici-gregis_fr.html
Autre objection : le concile Vatican II a promulgué une constitution qui renouvelle sous une forme positive, la condamnation du « modernisme »
« Car l’intelligence ne se borne pas aux seuls phénomènes ; elle est capable d’atteindre, avec une authentique certitude, la réalité intelligible, en dépit de la part d’obscurité et de faiblesse que laisse en elle le péché. » Constitution Gaudium et spes 15.1 (7 décembre 1965)
http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_cons_19651207_gaudium-et-spes_fr.html
De même dans « Fides et ratio 82 » (14 septembre 1998), Jean-Paul II, cite ce même passage de Gaudium et spes et le commente ainsi :
« Une philosophie résolument phénoméniste ou relativiste se révélerait inadéquate pour aider à approfondir la richesse contenue dans la parole de Dieu. La sainte Ecriture, en effet, présuppose toujours que l'homme, même s'il est coupable de duplicité et de mensonge, est capable de connaître et de saisir la vérité limpide et simple. »
et également au même endroit :
« La théologie, quand elle s'efforce de comprendre et d'expliquer ces affirmations, a donc besoin de l'apport d'une philosophie qui ne nie pas la possibilité d'une connaissance qui soit objectivement vraie, tout en étant toujours perfectible. Ce qui vient d'être dit vaut aussi pour les jugements de la conscience morale, dont l'Ecriture Sainte présuppose qu'ils peuvent être objectivement vrais. »
http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_15101998_fides-et-ratio_fr.html
Ainsi le traditionalisme ou le monde « contre-révolutionnaire » vit dans un monde de complot(s) imaginaire(s), détruisant la confiance naturelle que l’on doit à ses semblables. Il faut toutefois observer que cette attitude mentale est en partie excusée par l’irrespect pratique des cultures notamment latines par les autorités vaticanes et diocésaines. Comme le dit Nietzsche quelque part (citation de tête) : « c’est lorsque l’on vient d’échapper à un danger, que l’on a le plus de risque de tomber dans un autre. ».
Quoiqu’il en soit des excuses vraies ou imaginaires, le résultat de l’idéologie « contre-révolutionnaire » est bien un enfermement sectaire dans la calomnie.
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