5.11.07

La liturgie vue sous l'angle du droit canon : petit essai personnel

La liturgie qui est l'expression des dogmes par la prière (lex orandi, lex credendi : la loi de la prière dépend de la loi de la croyance)

Au début de l'Eglise, comme sans doute dans la synagogue, la liturgie est laissée aux évêques et au Saint Siège.

Il semble que sous la synagogue le choix des lectures était libre :

"16 Il [Jésus] vint à Nazareth, où il avait été élevé, et il entra, selon sa coutume le
jour du sabbat, dans la synagogue, et il se leva pour faire la lecture.
17 On lui remit le livre du prophète Isaïe; et ayant déroulé le livre, il trouva
l'endroit où il était écrit :
18 L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer la
bonne nouvelle aux pauvres; il m'a envoyé publier aux captifs la délivrance,
aux aveugles le retour à la vue, renvoyer libres les opprimés, "

Jésus s'y rend tous les samedis. Quelqu'un (le chef de la synagogue ?) lui tend le livre d'Isaie. Il tombe sur le passage du rouleau (les textes sont écrits sur de longs rouleaux). On peut vraisemblablement en déduire que les lectures se font au hasard dans le Pentateuque (les cinq livres de Moïse - Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome - qui est le "coeur" de la bible juive) ou sur les prophètes ou les autres livres.

"Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes"

Math. V, 17 extrait du site :
http://viechretienne.catholique.org/meditation/10461-la-loi-et-les-prophetes

Or la loi et les prophètes sont le coeur de la bible. Les juifs y ajoutent les livres hagiographiques, des biographies ou épisodes de la vie des saints (par exemple Josué, Ruth, Esther) et ainsi forment l'ensemble de la bible juive qui est, à peu près, l'Ancien Testament des chrétiens. Mais le coeur est la loi et les prophètes.

Bref, la liturgie au temps de la synagogue semble avoir été laissée au groupe locaux, cependant les lectures étaient, comme aujourd'hui, tirées de la bible et suivies d'un sermon ou d'une homélie. C'est à ces vérités que l'on goûte que le "salut vient des Juifs" (évangile de saint Jean) et que le christianisme est profondément juif.

L'invention de l'imprimerie, la multiplication des croyants et des groupes (songeons que l'humanité, il y a deux millénaires devait représenter le centième du nombre d'aujourd'hui) devait amener le pape à centraliser non pas la liturgie, mais le contrôle des textes employés par les divers groupes.

Ainsi l'ancien canon 1257 disposait que "Au Saint Siège seul il appartient de réglementer la liturgie et d'approuver les livres liturgiques."

Ce qu'il faut bien saisir, c'est que les liturgies sont légitimement diverses, mais qu'à l'intérieur de cette diversité, le Saint Siège contrôle qu'aucune erreur ou inconvenance ne se soit glissée. (Naz, p. 80 Traité de Droit Canonique t. III)

De même dans le nouveau droit canon :

"Can. 838
1 L’ordonnancement de la sainte liturgie dépend uniquement de l’autorité de l’Église ; cette autorité est détenue par le Siège Apostolique et, selon le droit, par l’Évêque diocésain.
SC 22

2 Il revient au Siège Apostolique d’organiser la sainte liturgie de l’Église tout entière, d’éditer les livres liturgiques, de reconnaître leurs traductions en langues vernaculaires et de veiller à ce que les règles liturgiques soient fidèlement observées partout."

du site jesusmarie

Le même droit canon prévoit que l'évêque édicte des règles liturgiques qui doivent être suivies par tous. (838, .4) mais dans les limites de sa compétence. Tous ces livres sont imprimés et même les livres de la liturgie romaine sortent des imprimeurs romains (ils sont deux, je crois) approuvés par le pape.

Il s'infère de tout cela que la liturgie n'est pas une règle changeante comme un arrêté de stationnement, elle a pour principe la liberté, elle a comme limite l'approbation par Rome, d'où ce que constate le fameux motu proprio du 7 juillet 2007 le rite de saint Pie V n'est pas aboli. Il ne pourra pas l'être, non en raison de la bulle de saint Pie V, mais parce qu'approuvé par l'autorité compétente, en vertu de principe de liberté, il ne peut plus être interdit.

Benoît XVI et ses collaborateurs ont trouvé une astuce pour l'interdire à la messe paroissiale ou à celle de l'évêque, c'est l'acceptation "volontiers" par leur peuple. Reste à savoir si ce critère est valable et peut restreindre la liberté du célébrant. Car à condition qu'il soit statutairement dépendant de l'église romaine, il doit et il peut suivre n'importe quel rite de cette église (ce qui n'est pas le cas de tous les catholiques... car l'Eglise catholique contient l'église romaine, sans que cette église soit la seule catholique)

J'espère que ces quelques lignes, qui sont un essai, permettrons à mes lecteurs de mieux faire le point sur cette question.

1 commentaire:

Marie a dit…

Je ne comprends personnellement rien à tout cela. Je suis sûre que votre texte est super. Je le lirai à tête reposée dès que j'aurai un moment. Bonne semaine, cher Denis.