Le titre est déjà pris puisque c’est celui du film sur Thomas More (1478 – 1535), le chancelier anglais décapité, pour avoir refusé de prêter « un serment reconnaissant la suprématie spirituelle du roi. » wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_More
Mais le parallèle ne s’arrête pas là puisqu’ils subirent tous les deux la décapitation, comme saint Jean Baptiste tué par le deuxième Hérode. Comme si leurs « fortes têtes » étaient un reproche aux tyrans.
Jäggerstätter était de beaucoup plus modeste extraction que More puisque simple paysan autrichien.
Lors de l’Anschluss, c’est-à-dire le rattachement de l’Autriche à l’Allemagne en 1938, lors du référendum du 10 avril 1938, il sera le seul de son village à voter contre l’Anschluss, le seul à voter « non ». A cette époque je pense que seul les hommes votent puisque sa femme l’a toujours soutenu jusqu'au sacrifice final.
Appelé sous les drapeaux en février 1943, il refuse de porter les armes pour le troisième Reich. Il est exécuté le 9 août 1943. (ZENIT.org)
"Pour quelle raison Dieu aurait-il fourni les hommes d’une intelligence et d’une volonté libre si on ne nous accorde même pas, comme on l’affirme, de juger si cette guerre que l’Allemagne est en train de mener est-elle juste ou injuste ? "... "Je crois que l’on peut prêter obéissance aveugle, mais seulement dans les cas où on ne cause aucun dommage à personne." Écrit-il dans sa dernière lettre.
Contrairement à ce que l’on lit sur wikipedia, il n’était pas objecteur de conscience, mais opposé à la guerre de Hitler. Il a fait en effet sa période de formation militaire.
Il est piquant d’observer qu’il était sans doute plus patriote que ceux qui risquaient leur vie pour Hitler. En effet continuer la guerre dans les conditions dans lesquelles l’Allemagne la menait était catastrophique pour elle. Alors qu’une cessation immédiate des hostilité aurait été bénéfique.
Opposé à la guerre pour un motif moral, il était le seul avec sa femme de l’église de son village à refuser de participer à la guerre d’agression au nom de sa morale. L’église catholique pourtant est très importante en Autriche. Les évêques n’ont rien dit, le pape n’a rien dit, à ma connaissance, ils n’ont pas jeté l’interdit sur l’Autriche, il n’ont pas commandé à tous « crosse en l’air ».
Ils avaient leurs raisons, je ne juge pas hâtivement sans connaître le dossier.
Ce que je retiens de l’héroïque Jäggerstätter, c’est qu’il n’était pas le seul catholique de son pays, ni même de son village. Il a, lui, tout seul avec sa femme décidé de ne pas combattre et de le faire jusqu’au sacrifice suprême. A cette époque certains devaient lui dire qu’il allait trop loin, que la foi n’en demandait pas tant etc. (ne parlons pas des haineux)
Donc, il a dû se retrouver désapprouvé par son curé. Et c’est ça qui me fascine le plus : désapprouvé par les catholiques, il n’a jamais remis en cause sa foi, au contraire il a combattu le bon combat jusqu’au bout au nom de la foi catholique, pendant que d’autres catholiques se battaient dans la Wehrmacht.
Par l'imagination, mettons-nous dans sa peau : sa femme et lui sont seuls. Ils peuvent se juger comme "orgueilleux", "fortes têtes", ils peuvent douter de leurs jugements en raison du fait que l'on a rarement raison tout seul (ce qui est vrai) Et pourtant, ils disent "non" s'égalant à Antigone et aux héros. Mais sont-ils des héros ou des "paranoïaques" ? La postérité a jugé, ils étaient des héros et de vrais patriotes.
Aujourd'hui aussi, nous avons notre jugement sur telle affaire personnelle, peut-être doutons-nous, peut-être nous faisons-nous insulter et pourtant notre esprit peut atteindre la vérité sans référence aux autres, car la vérité n'est pas collective.
Ils avaient tous deux bien médité cette vérité catholique que nos esprits peuvent atteindre la vérité dans laquelle, ils se reposent.
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