Une pétition sur Internet demande que le règne de François soit abrégé.
Je ne la signerai pas.
Voici les "pièces à conviction" jointes à la pétition.
« Extrait d'Amoris lætitia
§ 159. La virginité est une manière d’aimer. Comme signe, elle nous rappelle l’urgence du Royaume, l’urgence de se mettre au service de l’évangélisation sans réserve (cf. 1Co 7, 32), et elle est un reflet de la plénitude du ciel où «on ne prend ni femme ni mari» (Mt 22, 30). Saint Paul la recommandait parce qu’il espérait un rapide retour de Jésus-Christ, et il voulait que tous se consacrent seulement à l’évangélisation : «le temps se fait court» (1Co 7, 29). Cependant, il faisait comprendre clairement que c’était une opinion personnelle ou son propre souhait (cf. 1Co 7, 25) et non pas une requête du Christ : «Je n'ai pas d'ordre du Seigneur» (1Co 7, 25). En même temps, il reconnaissait la valeur des différents appels : «Chacun reçoit de Dieu son don particulier, celui-ci d'une manière, celui-là de l'autre» (1Co 7, 7). Dans ce sens, saint Jean-Paul II a dit que les textes bibliques «n’offrent aucune base permettant de soutenir soit l’“infériorité” du mariage, soit la “supériorité” de la virginité ou du célibat» [Catéchèse (14 avril 1982), n. 1 : L’Osservatore Romano, éd. en langue française, 20 avril 1980, p. 16.] en raison de l’abstinence sexuelle. Au lieu de parler de la supériorité de la virginité sous tous ses aspects, il serait plutôt opportun de montrer que les différents états de vie se complètent, de telle manière que l’un peut être plus parfait en un sens, et que l’autre peut l’être d’un autre point de vue. Alexandre de Hales, par exemple, affirmait que dans un sens le mariage peut être considéré comme supérieur aux autres sacrements : en effet, il symbolise quelque chose de très grand comme «l’union du Christ avec l’Église ou l’union de la nature divine avec la nature humaine».[Glossa in quatuor libros sententiarum Petri Lombardi, IV, XXVI, 2 (Quaracchi 1957, p. 446).]
§ 160. Par conséquent, il ne s’agit pas d’«une dévaluation du mariage au bénéfice de la continence» [Jean-Paul II, Catéchèse (7 avril 1982), n. 2 : L’Osservatore Romano, éd. en langue française, 13 avril 1980, p. 12.] et il « n’y a aucune base pour une opposition supposée […]. Si d’après une certaine tradition théologique, on parle de l’état de perfection (status perfectionis), on ne le fait pas en raison de la continence elle-même, mais à cause de l’ensemble de la vie fondée sur les conseils évangéliques». [Id., Catéchèse (14 avril 1982), n. 3 : L’Osservatore Romano, éd. en langue française, 20 avril 1980, p. 16.]
Extrait des actes du concile de Trente
Canon 10 :
«Si quelqu’un dit que l’état de mariage est préférable à l’état de virginité ou de célibat, et qu’il n’est ni meilleur ni plus saint de demeurer dans la virginité ou le célibat que d’être engagé dans le mariage, qu’il soit anathème [cf. Matth. 19, 11 sq. ; I Cor. 7, 25 sq., 38, 40]» Session xxiv, Doctrine du sacrement de Mariage, canon 10, Denzinger 980. [Denzinger actuel : 1810.]
«Si quis dixerit, statum coniugalem anteponendum esse statui virginitatis vel coelibatus, et non esse melius ac beatius, manere in virginitate aut coelibatu, quam iungi matrimonio : anathema sit.»
Or si on lit attentivement les deux textes ils peuvent être cohérents. Car le pape François ne dit pas l'état de mariage est préférable à l'état de virginité ou célibat.
Cela est suffisamment évident pour que je commente pas plus.
Enseigne-t-il alors, du moins, que il n'est ni meilleur ni plus saint de demeurer dans la virginité ou le célibat que de se marier ?
Selon moi pas plus. Car ce n'est pas absolument mais en raison de l'abstinence sexuelle que l'état de célibat serait meilleur que le mariage lequel serait jugé comme inférieur en raison des relations sexuelles entre les époux. Dans l'absolu, le pape laisse la possibilité que le célibat soit supérieur au mariage, mais il enseigne que ce n'est pas en raison des relations sexuelles que le mariage serait inférieur.
Il enseigne donc que la virginité ne serait supérieure que sous certains aspects et non sous tous les aspects. Ce qui laisse possible de juger que, tout bien pesé, le célibat est meilleur, globalement meilleur. C'est donc en raison de l'ensemble de la vie fondée sur les conseils évangéliques que le célibat et la virginité seraient meilleurs, non en raison de l'abstinence sexuelle matrimoniale (le devoir conjugal). Il est vrai que le pape n'enseigne cette opinion que comme possible ("une certaine tradition théologique"). Explicitement du moins je n'ai pas vu qu'il l'enseignait comme obligatoire.
Certes le texte de François est embrouillée, mais dans le doute, ne vaut-il pas mieux croire que François, le malin François, est resté cohérent avec le Concile de Trente en enseignant que le mariage ne devait pas être dévalué par rapport à la virginité. Même si l'on peut regretter qu'il ne se soit pas expliqué sur la cohérence de ses opinions avec l'enseignement du Concile de Trente.
Il est d'ailleurs exact que chez certains intégristes, le mariage est vilipendé. Ils disent, m'a-t-on dit: "il y a six sacrements et un piège". Ce qui est un blasphème. Certains fanatiques jugent même les familles au nombre de "vocations" (le mariage n'étant pas selon eux, une "vocation"). Un autre enseignait implicitement que le mariage conduisait à la damnation (c'est du moins comme cela que je l'ai compris).
Cela dit, j'aimerais que le malin François cesse de laisser croire que la doctrine catholique serait facultative et cesse de vilipender la liturgie de saint Pie V. Car j'ai de fortes raisons de dire qu'en vilipendant la liturgie de saint Jean XXIII et de saint Pie V, François se montre tyrannique.
La liberté religieuse des catholiques est en effet bafouée par les papes depuis au moins Paul VI et son missel.