18.2.12

Liberté, solidarité, amitié, égalité, libéralisme

Sur le Salon beige un texte de monsieur Philippe Nemo, contestant la quête d'égalité de monsieur Hollande, publié dans le "Figaro" attire mon commentaire : 


"La première est qu'une redistribution égalitaire des biens ne serait juste que si l'on pouvait prouver que les biens des riches sont le fruit du vol de ceux des pauvres. Or c'est faux."

Bien sûr l'égalité mathématique dans la distribution de la valeur des biens n'est pas juste. Il y a des riches et des pauvres et c'est voulu par Dieu, ne serait-ce que pour les échanges existent. Mais la société n'est pas uniquement fondée sur un catalogue de droits. Elle est aussi, fondamentalement, amitié. Donc elle peut organiser une certaine solidarité. De plus, en cas d'extrême nécessité d'un membre de la famille humaine, le donc n'en n'est plus un, il s'agit alors de justice (voir Rerum novarum) et pourtant celui qui est en état de grande nécessité peut être dans cet état en raison d'une faute personnelle et pourtant ceux qui sont plus favorisés, peuvent l'être du fait de leur travail. Pourtant les plus favorisés devront EN JUSTICE, le secours au nécessiteux. Celui qui refuserait son aide, commettrait dans ce cas une injustice.

De même, les parents doivent aux enfants, alors même que les parents n'ont reçu aucun avantage économique des enfants. Pourtant ce droit des enfants existe sans aucune contrepartie.

A un autre point de vue qui est celui des relations professionnelles des acteurs économiques, je crains que monsieur Nemo soit trop rigide dans sa logique faussement juridique. Il laisse dans l'ombre des aspects essentiels du but de la société, but qui comprend la fraternité. Ce n'est donc pas au titre de l'égalité fondamentale, mais au titre de la fraternité humaine universelle que doit s'opérer une juste redistribution.

Le compendium (352) nous dit en outre à propos des relations économiques :

"Le devoir fondamental de l'État en matière économique est de définir un cadre juridique capable de régler les rapports économiques, afin de « sauvegarder (...) les conditions premières d'une économie libre, qui présuppose une certaine égalité entre les parties, d'une manière telle que l'une d'elles ne soit pas par rapport à l'autre puissante au point de la réduire pratiquement en esclavage »."

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/justpeace/documents/rc_pc_justpeace_doc_20060526_compendio-dott-soc_fr.html

L'Etat doit donc veiller à une "certaine égalité" entre les acteurs économiques et cela en vu de préserver une économie véritablement libérale ("une économie libre").

Le genre de discours de monsieur Nemo, conforme au libéralisme pur et dur du XIXe siècle, est contestable parce qu'il ne voit qu'un aspect de la réalité. Les gens sont dans l'erreur parce qu'ils ont raison (E. Gilson). D'autre part le discours de Hollande, selon ce que j'en sais, est trop flou : concerne-t-il les relations économiques de travail, ou tous les humains en général ? D'autre part, il ne peut s'agir d'une égalité absolue, mais d'une certaine égalité qui laisse aux acteurs économiques une certaine inégalité et les libertés fondamentales, dont le droit de propriété. Il ne s'agit ni d'instaurer l'égalitarisme,  ni d'ignorer les besoins ou la réalité économique cachés par les raisonnements.

Bref, les choses ne sont pas si simples que ce que semble suggérer le texte cité. 

En bref, ce qui me semble manquer aux deux discours, celui de Hollande et celui de monsieur Nemo, est la notion de solidarité et d'amitié. Instaurons la "civilisation de l'amour" (Paul VI) qui modèrera la société de revendications.

[Ce commentaire semble avoir été refusé par le Salon beige.]

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