28.2.10

Le fondement du droit des fidèles catholiques à la liturgie de saint Pie V


http://www.revue-item.com/1921/ils-sont-instamment-pries%E2%80%A6/

Sous ce lien on peut lire un article de monsieur Jean Madiran sur "Summorum pontificum".

Tout d'abord l'article établit que le droit à la liturgie traditionnelle n'est pas anéanti par les fautes réelles ou phantasmées des requérants. Ce n'est pas par une tolérance arbitraire qui fonde le droit à la liturgie de saint Pie V. Cette tolérance pourrait en effet être supprimée en cas d'abus ou de fautes des requérants contre les lois morales voire les simples convenances, alors qu'il s'agit un droit des fidèles catholiques inhérent à leur personne humaine et à leur qualité de catholiques.

Cependant monsieur Madiran empêtré dans sa négation du droit naturel à la liberté religieuse n'aperçoit qu'une seul fondement en quelque sorte arbitraire au droit des fidèles : la volonté du pape Benoît XVI exprimée dans le "motu proprio" "Summorum pontificum" du 07/07/07.

Alors que ce fondement est de droit naturel.

Nulle autorité au monde, même pas un pape subséquent, ne peut priver les fidèles catholiques de l'usage de formules de prières déclarées exemptes d'erreurs théologiques par un pape. Ce droit est fondé sur le 1er commandement donné à Moïse : il existe un droit naturel de choisir la façon dont on s'adresse au Seigneur, ce droit est soumis, pour les catholiques, qui veulent le rester à l'autorité doctrinale infaillible.

La violation arbitraire, massive, arrogante de ce droit naturel par la majorité du clergé des années postérieures à l'édition du nouveau missel de Paul VI a suscité la révolte lefebvriste.

Monsieur Madiran fait enfin observer, toujours sans en apercevoir le fondement naturel donc en limitant sa lecture à la lettre du motu proprio, que ce droit n'est pas seulement celui de ceux qui réclament, qui requièrent, mais celui de tous les fidèles. Il existe un droit et ce droit est celui de tous, c'est pourquoi les autorités doivent permettre l'accès de tous à la liturgie de saint Pie V.

C'est ce que dit en substance le cardinal Canizarès cité par monsieur Madiran dans la préface de l'édition du missel de saint Pie V par le monastère du Barroux :

« La volonté du Pape n’a pas été uniquement de se limiter à répondre aux justes aspirations des fidèles qui se sentent liés, pour diverses raisons, à l’héritage liturgique constitué par le rite romain ; il s’agissait aussi, tout particulièrement, d’ouvrir la richesse liturgique de l’Eglise à tous les fidèles, rendant ainsi possible la découverte des trésors du patrimoine liturgique de l’Eglise à ceux qui les méconnaissaient encore.»

La contestation de la déclaration "Dignitatis humanae" par ceux-là même qui en sont les bénéficiaires et l'adhésion apparente de certains de ceux qui la méprisent dans les faits sont les sources de la "confusion des langues" dans l'Eglise. Confusion des langues d'autant plus profonde qu'en réalité Benoît XVI a interdit et non autorisé la messe de saint Pie V. Il l'a interdite comme prière officielle de la paroisse, mais le titre de cette interdiction est historique donc contingente et, selon moi, d'un fondement douteux (l'argument historique est l'acceptation "volontiers" des nouvelles prières par le peuple). Mais cela est une autre histoire, un autre sujet...

26.2.10

La Pologne pourrait enseigner la France sur la laïcité

http://fr.gloria.tv/?media=53223

Sur gloria.tv on peut savourer sous le lien ci-dessus un reportage sur la Pologne. Les journalistes français, même de gloria tv, une télévision ouvertement catholique, ne peuvent s'empêcher d'être ironiques et presque malveillants. Les journalistes, même ceux de gloria, expriment la doxa libéralo-marxiste française.

Pourtant si vous écoutez bien la femme au début, l'évêque, l'homme politique (président de l'Assemblée nationale), les parents à la fin qui parlent, il protègent la laïcité et en expriment la subtile doctrine, loin des paralogismes de la "laïcité" à la française.

Je ne suis pas loin de penser que la Pologne, avec l'Italie, sont les pays qui nous enseignent, à nous Français, comment se comporter en démocratie.

Vive la Pologne !

Violation de la liberté religieuse par Act up


Comme d'habitude les "traditionalistes" luttent contre la liberté religieuse. Ils adorent détruire les fondements de leurs actions sociales.

Sur le blog "ancilla domini", un(e) traditionaliste me contredit parce que je faisais observer que les manifestations d'Act up violaient la liberté religieuse. Pour cette personne libérale, les contre manifestants n'avaient que le but de se faire plaisir, d'exprimer leur moi sans aucune référence à l'ordre naturel voulu par Dieu.

Voici ma réponse précédée d'un extrait du commentaire de mon contradicteur "armel h" :

"Cette manifestation viole le bon sens, le bon goût, soit. Mais pas la liberté religieuse des fidèles.
Et les gens qui crient contre les manifestants n’expriment pas du tout par là l’idée que cette manifestation violerait leur liberté religieuse ; leur réaction manifeste uniquement qu’ils sont choqués, outrés, ou vexés, par cette manifestation ; donc, leur réaction n’exprime que leurs sentiments."

Je pense être le seul sur le net francophone à défendre la liberté religieuse comme je la défends. Je suis inspiré de la déclaration "Dignitatis humanae" et du cardinal Bertone et autres, ce qui est une rareté (pour ne pas dire une exclusivité) chez les anti-libéraux. Les libéraux (en compagnie leurs ennemis traditionalistes) voient la liberté religieuse comme l'expression du libéralisme, comme un acte de repentance de l'Eglise. Les deux partis sont dans une erreur commune.

La liberté religieuse est un droit naturel de l'homme qui, comme tous les droits naturels, est fondé sur les dix commandements. Le droit naturel à la liberté religieuse est fondé sur le premier commandement (ex 20,3) : C'est un droit naturel que la raison découvre et qui est confirmé par l'enseignement infaillible de l'Eglise.

La liberté religieuse crée une immunité. Tout croyant invoquant ce droit naturel peut professer des croyances. Tant que ces croyances respectent les autres droits de l'homme (et par conséquent leurs sources qui sont les dix commandements donnés à Moïse) personne au monde n'a de titre naturel à en empêcher ou gêner l'expression. Seule l'Eglise, soit le pape a ce titre sur les baptisés catholiques (et sur eux seulement) en leur indiquant les hérésies et erreurs en matière de foi. Mais le pape (et les évêques dans certaines conditions) est la seule autorité doctrinale au monde s'exprimant au nom de Dieu.

Ce genre de manifestation pourrait trouver une excuse atténuante si la profession de foi catholique était imposée, mais ici cette excuse fait totalement défaut.

La profession de foi catholique est libre. Personne n'impose cette profession de foi. A titre de réciprocité les catholiques doivent pouvoir professer leur foi en toute liberté, sans aucune gêne. Cette manifestation d'agression gratuite n'a donc aucune excuse.

De plus,

Ces gens viennent à proximité des lieux de culte catholique pour tourner en dérision les croyances des catholiques, ils gênent les fidèles dans leur liberté. Or si la liberté religieuse permet la critique rationnelle des croyances (la fameuse "purification" des religions, de toutes les religions y compris de la catholique), elle interdit en revanche de se moquer des croyants (quelque foi qu'ils professent), de les troubler dans leur culte. Les militants qui viennent provoquer les catholiques à proximité des lieux de culte violent la liberté religieuse des catholiques.

De plus en voulant imposer leur opinion selon laquelle l'homosexualité est rationnelle, conforme à la liberté de l'homme (alors que le caractère irrationnel de telles pratiques est évident donc contraire à la liberté de l'homme), et en voulant imposer leur opinion comme une vérité et donc une obligation morale, liant les consciences, ils violent encore la liberté religieuse prétendant par leurs discours interdire aux catholiques de professer leur foi (en l'occurrence que le pape est infaillible en matière morale).

Voilà pourquoi cette manifestation viole le droit naturel (les dix commandements) et le droit positif (article 1er de la constitution phrase 3 et article 18 de la déclaration universelle des droits de l'homme pris ensemble l'article 30 de la même déclaration).

Si l'on voulait être complet, il faudrait encore remarquer que cette manifestation viole des droits naturels moins fondamentaux que la liberté religieuse, soient 1) le droit à la vie privée (article 12 de la déclaration universelle) 2) et la liberté du mariage (article 16).

Les traditionalistes apportent régulièrement de l'eau au moulin de leurs ennemis, en bons libéraux ou maurrassiens (lesquels ont tout deux le kantisme comme source doctrinale).

24.2.10

Non intratur in veritatem, nisi per caritatem

En bon transcripteur de l'idéologie libérale (selon Marx) Darwin, pense que la vérité c'est l'égoïsme et la haine de l'autre.

En revanche, Mgr Follo (voir précédent post) cite saint Augustin :

"Donc l'amitié est la vertu qui permet de bâtir une civilisation de l'amour, de l'entraide, de la rencontre. Les amis ne se contentent pas de se tolérer, ils s'entraident dans un dialogue de vie et de vérité, que l'amour aide à mieux saisir. Saint Augustin écrit que l'on n'entre pas dans la vérité si ce n'est par l'amour: "Non intratur in veritatem, nisi per caritatem".

On ne va pas à la vérité par la volonté seule, mais par la volonté dirigée par l'amour. Si on n'aime pas, on n'est pas dans la vérité et on ne la cherche même pas.

D'ailleurs regardez les chevaux, les ânes dans les champs les oiseaux entre eux : c'est l'amour et pas la haine qui préside à la nature, même déchue.

Le Père Ricci et l'inculturation





En marge d'un colloque de l'UNESCO sur le Père Ricci, jésuite, missionnaire en Chine, mort il y a quatre cents ans, Mgr Franceso Follo donne un interview à zenit sur le génial jésuite.

Il y dit notamment :


Ricci ne théorisa pas sa méthode, mais ce qu'il fit constitua une pierre angulaire dans le processus d'inculturation de l'Evangile. Il apprit la langue chinoise, non seulement pour pouvoir la parler, mais principalement pour pouvoir écouter l'univers chinois. C'est là peut-être l'aspect le plus original et le plus innovant : il se mit à l'écoute d'une culture millénaire, en acquérant tous les instruments pour pouvoir le faire. Après être entré en Chine comme religieux occidental, il se rendit compte qu'il fallait passer du fait d'être respecté pour ce qu'il était, au fait de respecter et d'accueillir la culture et le peuple où il se trouvait. Il ne voulait pas seulement se faire écouter, mais se faire accueillir. Sa capacité d'adaptation, son attention à la culture et pour les personnes, en
constituaient les ingrédients. Il se laissa instruire par la culture chinoise en y entrant en profondeur, comprenant que le confucianisme était la voie la plus féconde, le sol le plus propice, pour faire germer la semence de l'Evangile.


C'est pourquoi, délaissant les problèmes de l'évangélisation qui concernent l'Eglise et non le laïcat français, les Français peuvent demander que l'on respecte la culture française. Ainsi on découvre que la présence de la burka en France est contraire au droit des Français de vivre chez eux selon leur culture, comme les Chinois ont droit au respect de leur culture.

23.2.10

N'écoutez pas l'abbé Laguérie


L'abbé Laguérie part en guerre contre le nationalisme dans son post sur Maurras.

Les écrits de Maurras sont imprégnés de positivisme et de kantisme, c'est en cela qu'ils sont condamnables.

Toutefois je rappelle à l'abbé Laguérie et à ses ennemis ecclésiastiques "progressistes" que l'Action française a promis de ne plus soutenir ses thèses sur la "physique sociale" et autres opinions hasardeuses et que le Vatican a levé la condamnation de ce mouvement en 1939. On est libre d'être "maurrassien" si l'on veut, malgré tout et personne ne peut dire qu'un maurrassien n'est pas catholique. On ne peut être plus catholique que le Saint Siège et personne n'a de titre à qualifier l'autre de "mécréant" sous prétexte qu'il est "maurrassien".

L'abbé Laguérie confirme en revanche être sous l'influence de la "nouvelle droite" en condamnant tous les mots "isme". Ces mots seraient la marque de l'extrémisme, de l'idée monomaniaque.

En réalité ces mots sont de simples abstractions qui font référence à une doctrine ou à une théorie. Dans ce sens la doctrine chrétienne est bien le christianisme. Il n'y a aucun mal à cela. Ces termes désignent une doctrine ou une théorie, c'est bien pratique pour penser.

Si la doctrine ou la théorie est vraie, hé bien tant mieux. Si elle est fausse et pernicieuse, il faut ne prendre chez elle que ce qui est vrai et rejeter ce qui est faux ou excessif. On peut parler légitimement de catholicisme, de christianisme, de jusnaturalisme.

Il est vrai que souvent les partisans des mots en "isme", qui sont qualifiés d'adjectifs en "istes", sont des passionnés, des monomaniaques. Cette constatation pratique ne doit pas condamner l'usage de mots en "isme" ni amener la condamnation de tous les gens qualifiés par des adjectifs en "istes".

Il n'y a pas à condamner superstitieusement tout mot "isme" sous prétexte qu'ils désignent des doctrines. Les phobies de l'abbé Laguérie et de "la nouvelle droite" sont ridicules, irrationnelles.

Quant à dire à la suite de Maurras que la "seule internationale qui vaille" est l'Eglise catholique, je ne suis pas d'accord.

D'abord l'Eglise n'est pas une internationale au sens propre. Le christianisme transcende les cultures, l'Eglise n'est soumise à aucune nation, certes, mais elle n'en est pas une "internationale" pour autant. Elle apporte son aide à qui la sollicite par delà nations et cultures, elle est universelle, n'est pas politique et n'apporte principalement qu'une aide religieuse et morale. Elle n'est pas une "internationale" nécessairement politique, selon la définition du "Trésor de la langue française".

Ensuite, il existe des biens moraux universels qui traversent et unissent tout le genre humain : ce sont les valeurs morales accessibles à la raison. Ce sont l'universalité des droits de l'homme, l'universalité de l'esprit humain qui condamnent le nationalisme excessif.

Aujourd'hui ces valeurs universelles sont incarnées dans les organisations internationales au premier rang desquelles figurent l'ONU, lesquelles sans former une "internationale" au sens propre, sont des expressions valables de l'unité du genre humain et de son esprit.

"Bonne chère" et non "bonne chair"

L'abbé Laguérie écrit un post sur Maurras et le maurrassisme.

Il prétend que dans l'entre-deux-guerre la classe politique faisait "bonne chair". Il a voulu écrire "bonne chère" qui a le sens de "bien manger". Attention à la faute de français...

Je me permets de rappeler à l'abbé Laguérie que le mot "Français" lorsqu'il désigne une personne de nationalité française s'écrit avec un "F" majuscule, comme tous les mots désignant une personne d'une certaine nationalité "un Suisse", "un Ivoirien", "les Chinois", "les Turcs" etc.

Affaire Treiber : on a voulu être efficace en violant les droits de l'homme



Pour beaucoup l'affaire Treiber se réduit à cela : on a retrouvé les corps dans sa propriété, il a été filmé en train d'utiliser les cartes bleues des victimes, il avait une sale gueule, donc il était coupable, donc "on" a bien fait de le maintenir en prison en raison de la douleur des familles.

Mais ce ne sont pas les faits qui sont en jeu, c'est le fait de garder quiconque en prison plus de dix-huit mois sans qu'il ait été déclaré coupable par un jugement.

Dans le cas de Treiber c'est "il était antipathique, donc c'est bien qu'il ait été mise en prison."

Et à chaque fois on invoque l'efficacité, l'utilité sans égard au principe d'égalité des êtres humains et au principe que l'être humain n'est jamais un moyen en vue d'une fin.

Les magistrats ont maintenu Treiber en détention pendant plus de cinq ans sans l'avoir jugé. Ils ont voulu le faire parler et au nom de l'efficacité, ils ont violé ses droits.

Résultats : ils ont violé les droits d'un homme, ils ont voulu l'efficacité méprisant l'avis des bigots du droit, et ils ont perdu toute chance d'être efficaces. Ils ont perdu leur honneur et perdu toute chance de savoir. Beaux résultats !

« Même dans cette situation [crise économique et menace terroriste], il ne faut jamais perdre de vue que le respect du primat de la personne et l'attention à ses besoins non seulement ne rendent pas le service moins efficace, et ne pénalisent pas la gestion économique, mais au contraire, représentent des garanties importantes d'efficacité véritable et de qualité authentique ». Dit Benoît XVI s'adressant aux personnes chargées de la sécurité aérienne en Italie.
"Ils ont semé le vent, et ils récolteront la tempête." (Osée 8,7) traduction Fillion du site magnificat.

21.2.10

Quand le laïcisme se pare des plumes de la paix religieuse

Les médias (par exemple http://www.youtube.com/watch?v=pCSBuxMkCcI&feature=player_embedded, une émission de i.télé) les deux seuls intervenants Messieurs Eric Zemmour et Nicolas Domenach), tombent d'accord pour dire que c'est le laïcisme qui a mis fin aux guerres de religions en France.

En réalité il existait un contrat entre l'Eglise et l'Etat français, c'est le concordat du pape Léon X avec François 1er de 1516 qui restera en vigueur jusqu'à la constitution civile du clergé du 12 juillet 1790. La constitution civile du clergé sera abrogée et remplacée par le laïcisme pur et dur en particulier celui du 21 février 1795 du décret de liberté des cultes.

Les guerres de religion se terminent en 1598 avec l'édit de Nantes soit près de deux siècles avant.

Sauf à donner une extension extravagante à la notion de "guerre de religions", ce n'est donc pas le laïcisme d'aujourd'hui que l'on peut dater de la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat qui mit fin aux guerres de religions.

Egalité et utilité de l'autre



Si sacrifiant au solipsisme moral de Jean-Jacques Rousseau (lui-même ne faisant que s'inscrire dans une longue chaîne partant au moins de Hobbes et aboutissant à Darwin et ses successeurs) on considère l'autre comme pure utilité, il s'en suit au moins deux conséquences :

1) L'autre n'est jamais mon égal, mais toujours mon inférieur, au moins pour moi.

2) L'amour pur et gratuit n'existe pas. L'amour n'est que d'utilité, on aime dans la mesure de l'utilité et la seule fin est le sujet puisqu'il n'a et ne peut avoir, de par la loi qui est en lui, d'amour que pour lui-même.

20.2.10

L'assassinat de Jean-Pierre Treiber


Selon le fil du Figaro Jean-Pierre Treiber s'est suicidé. Il était emprisonné par la magistrature française depuis plus de cinq ans sans avoir été jugé. C'est une véritable torture sans jugement.

Treiber n'était pas riche. C'était un ouvrier agricole sans culture. "On" pouvait le garder plus de cinq ans en prison sans le juger...

Il s'était évadé et à la suite de sa nouvelle capture avant tout jugement, (capture à l'occasion de laquelle les magistrats avaient cyniquement posé en défenseur de la loi et du droit !) les gens qui l'avaient aidé sont poursuivis pour avoir aidé (selon les magistrats du Parquet) un présumé innocent à vivre "libre" (enfin, presque...) quelques mois avant le procès auquel il avait promis de se présenter.

Rappelons qu'il était sous la garde des juges français et que ceux-ci devaient veiller à sa sauvegarde, non seulement il était détenu sans titre de droit naturel, mais en outre il pesait sur les magistrats l'obligation de veiller à sa vie et à sa santé.

Cette honte française de la "justice" d'Outreau a encore frappé. Normal puisqu'Outreau n'a eu aucune suite institutionnelle.

La constitution française qui fait de la magistrature la "gardienne de la liberté individuelle". "[l'autorité judiciaire] assure le respect de ce principe" nous affirme l'article 66 de la constitution...

La constitution ne prévoit rien lorsque les gardiens de la liberté par fonction, se transforment en adeptes de la détention arbitraire, car la détention est arbitraire si elle dure plus de cinq ans sans jugement quelles que soient les charges et les soupçons.

Les approximations de Voltaire


On lit dans le "Traité de la tolérance", de Voltaire, cité par le site "liberté de conscience", le passage suivant :

http://jcdurbant.wordpress.com/2006/06/21/liberte-de-conscience-celui-qui-change-de-religion-tuez-le-mahomet/

« Le droit humain ne peut être fondé en aucun cas que sur ce droit de nature ; et le grand principe, le principe universel de l’un et de l’autre, est, dans toute la terre « Ne fais pas ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît. » Or on ne voit pas comment, suivant ce principe, un homme pourrait dire à un autre : « Crois ce que je crois, et ce que tu ne peux croire, ou tu périras. » C’est ce qu’on dit au Portugal, en Espagne, à Goa. On se contente à présent, dans quelques autres pays, de dire: « Crois, ou je t’abhorre; crois, ou je te ferai tout le mal que je pourrai; monstre, tu n’as pas ma religion, tu n’as donc point de religion: il faut que tu sois en horreur à tes voisins, à ta ville, à ta province. »

« Le droit de l’intolérance est donc absurde et barbare : c’est le droit des tigres, et il est bien horrible, car les tigres ne déchirent que pour manger, et nous nous sommes exterminés pour des paragraphes.» (Traité de la Tolérance, à l’occasion de la mort de Jean Calas – 1763) (1)

Le rusé écrivain anti-chrétien mêle le vrai et le faux. Il commence par énoncer un principe de morale naturelle qui fonde le droit naturel parfaitement vrai et il se garde bien de dire que ce principe se trouve dans la bible (livre de Tobie). Il le fait, et c'est dommage pour ce prétendu génie, sans distinguer morale et droit qui certes ont le même principe ici mais ne s'appliquent pas de la même façon (la morale, c'est la conscience éduquée, le droit est une science sociale).

Ensuite il accuse sans aucune preuve un Etat indépendant qui a lutté victorieusement pour la liberté de conscience à Lépante en 1572 (l'Espagne) de violer la liberté de conscience en l'accusant de pratiquer la maxime "crois ce que je crois ou meurs." Ce qui est pure et simple chauvinisme diffamatoire. Puis il continue dans le même registre gratuit d'accuser "quelque pays" de pratiques que nous appellerions "sociologiques" condamnables, sans se donner la peine de preuves. Il passe ici du droit (ou prétendu tel) à la sociologie, sans plus de preuve et sa façon n'en n'est pas moins diffamatoire.

La conclusion est absurde. Il n'y a pas de "droit de l'intolérance" (ou alors si c'est par antiphrase, qu'il cite les textes "juridiques" de cet anti-droit afin qu'il soit réformé). Le droit étant la science du juste, la tolérance est la vertu de l'autorité qui lui fait tolérer un mal, une injustice afin qu'il n'arrive pas un plus grand mal. La tolérance est une vertu de l'autorité elle est un aspect de la vertu plus générale de prudence. L'intolérance lorsqu'il doit y avoir tolérance est toujours un mal.

Or ici, il ne s'agit nullement de "tolérance", mais de droit fondamental de l'homme à la liberté religieuse. En cas de violation de ce droit, au contraire il ne peut y avoir de tolérance éventuelle que de la violation de ce droit.

Ce prétendu "génie" français ne nous donne à lire qu'un texte imprécis, manquant de logique et de distinctions, diffamatoire et agressif. Le lecteur non averti ne retirera de sa lecture que du chauvinisme, des notions embrouillées et une agressivité désespérée.

Voltaire intimide les chrétiens en retournant leurs principes contre eux. C'est son but finalement.

(1) L'affaire Calas est une affaire de droit commun, un "fait divers", un sujet pour la rubrique "judiciaire" des journaux, diraient les journalistes aujourd'hui, une affaire judiciaire civile qui aurait pu être utile à la mise en évidence des erreurs et des excès de la justice pénale laïque d'Ancien Régime, condamnés par l'évolution des moeurs, qui fut montée en opération anti-catholique, appelant paradoxalement à violer la liberté religieuse, une opération d'incitation à la haine du catholicisme. Même s'il est vrai que la passivité du clergé souvent empêtré dans le gallicanisme et le jansénisme, face aux excès de l'autorité a facilité la tâche des cacouacs sans la justifier.

L'abbé Le Boulc'h médite sur les tentations lors du jeûne


Zenit nous donne à lire le commentaire personnel de l'évangile du jour par monsieur l'abbé Le Boulc'h, curé de Lannion en Bretagne. L'évangile est celui de la tentation à l'issue des quarante jours de jeûne de Jésus au désert. Dans cet évangile Jésus rencontre le diable qui lui propose que Jésus invoquant sa qualité de "fils de Dieu" fasse un miracle pour faire cesser sa faim, puis le diable propose de faire lui-même un un miracle, moyennant adoration de la personne du tentateur, miracle permettant à Jésus de détenir une situation commandante souveraine étendue à la terre entière, puis de demander à Dieu un miracle pour défier les lois de la pesanteur en invoquant l'Ecriture.

L'abbé Le Boulc'h remarque que Jésus ne veut en aucune de ces trois occasions être tiré de la condition humaine :

Or le Dieu de Jésus ne nous enlève pas de notre condition d'homme. Il ne nous entraîne pas ailleurs. Au contraire, il plonge dedans avec nous. Il vient porter avec nous nos misères et nos croix. C'est là qu'il nous offre le pain et la parole de son amour seul capable de nous donner la vie. Il nous apprend alors à aimer dans notre condition humaine et nous ouvre ainsi à sa vie d'éternité.

http://www.zenit.org/article-23560?l=french

Le moyen le plus subtil employé par le diable est le dernier. Il propose à Jésus d'invoquer l'Ecriture pour être affranchi d'une condition que les autres continueraient à subir.

Dans la première tentation, c'est la propre force de l'homme, dans la deuxième la force du démon (qu'il procure, selon lui, à qui le met à la place de Dieu), dans la troisième c'est la force de Dieu qui sont tour à tour invoquées toutes trois pour nous "libérer" de notre nature limitée, souffrante, dépendante.

Dans la dernière tentation, cette force de Dieu est demandée pour la mettre à mon service, au service de mes fantaisies. C'est la tentation des croyants, celle de vivre en dehors de la condition commune à tous en raison de la foi, celle de s'affranchir de la solidarité, de se séparer des autres en raison de la foi.

19.2.10

La seule loi naturelle selon Rousseau


Relisant le "Contrat social" de Rousseau dans la perspective ratzinguérienne, je tâche d'y trouver la loi qui oblige et la loi qui libère. La loi qui libère est fondamentalement la loi de nature. Si l'on obéit (1) à sa nature, on est libre, si on lui désobéit, on est esclave.

Mais quelle est cette loi de nature pour Rousseau dans "Du contrat social" ?

La première loi et la seule loi qui lui serait imposée est de « veiller à sa propre conservation, ses premiers soins sont ceux qu’il se doit à lui-même ». Il n’est donc pas libre des soins qu’il se doit. Mais il est libre des soins qu’il doit à ses semblables, du moins des premiers...

En définitive d'ailleurs les seuls soins qu'il doive à ses semblables si situent à l'intérieur de la "seule" société naturelle : la famille. (chapitre 1, "des première sociétés")

Mais où se trouve la source du seul amour social, soit celui du père pour ses enfants dans la "seule" société naturelle ? Il faut sans doute aller chercher la source de cet amour dans une formule obscure proposée par Jean-Jacques : « l’amour du père pour ses enfants le paie du soin qu’il leur rend », soit autrement formulé, le seul amour est celui du père pour ses enfants et puisqu’il n’est pas payé par l’amour de ses enfants ou par celui de sa femme pour lui, mais par rien d’autre que par son amour personnel pour ses enfants. Nous sommes dans une construction intellectuelle vraiment étrange. La mère est absente de l’exposé… Les seuls actes gratuits, les soins des enfants par le père, sont payés par l’amour du père pour ses enfants. L’amour lui-même a son départ et son terme dans le même individu, la satisfaction d’un sentiment personnel se paie par des soins à d’autres. Les enfants du père sont des êtres utiles à la satisfaction d’un sentiment personnel du père.

Ainsi même dans la famille, seule société naturelle, les autres, même les enfants du père, sont des êtres utiles… Même dans cette société naturelle, la première loi reste intacte : en soignant ses enfants, il se soigne lui-même, il assouvit un instinct intérieur première et seule loi à laquelle il doit obéissance.

(1) obéir semble venir de "écouter" en latin "oboedire" originellement "prêter l'oreille" voir le "Trésor de la langue française v° "obéir" "étymologie et histoire.

17.2.10

Mercredi des Cendres


Aujourd'hui mercredi des Cendres. C'est le commencement du carême qui se terminera le Samedi saint.

Le "mystérieux" péché originel (selon l'expression de Jean-Paul II) et les mystérieux péchés actuels qui ne sont certes pas voulus par Dieu sont cependant un effet des mystérieux desseins de Dieu.

"Rom 11,32. Car Dieu a tout enfermé dans l'incrédulité, afin de faire miséricorde à tous." (Traduction Fillion sit magnificat)

C'est donc pour nous faire miséricorde qu'il permet les péchés et qu'il nous a tous marqués du péché de nos premiers parents.

Pendant quarante jours (sauf les dimanches soit du samedi soir avant le dîner au lundi zéro heure) nous sommes conviés à méditer ces mystères des péchés et à assouplir les duretés qui sont en nous.

Il n'est évidemment pas question d'imposer quoique ce soit à quiconque. Vous pouvez donc ne pas faire pénitence, vous pourrez quand même fêter Pâques (saint Jean Chrysostome qui convie à fêter Pâques ceux qui ont jeuné et ceux qui n'ont pas jeuné). Tout est affaire de religion, de conscience, de possibilité, de santé, d'âge, de sexe faible ou fort, d'entourage etc, en un mot de circonstances.

Au témoignage de Soljénitsine qui jeûnait involontairement dans sa prison, le jeûne libère l'esprit, il procure une grande lucidité.

Pour les règles de droit voyez les dispositions prises dans votre diocèse (généralement il y a une limite d'âge par en bas et par en haut, des dispenses pour les malades, pour les travailleurs de force etc.). Car bien sûr, bien que cela reste une affaire de conscience, si vous voulez être en règle avec les lois de l'Eglise qui ne sont pas facultatives en conscience pour un catholique, il vous faut jeûner aujourd'hui si vous remplissez les conditions d'âge et autres ce que vous jugerez en conscience et qui ne regarde que vous. Au demeurant le jeûne consiste à ne prendre qu'un repas par jour (qui peut être substantiel) et deux petites collations.

(1) Œillets sauvages (photo prise avec un filtre)

16.2.10

La déposition de l'autorité par les lefebvristes


La conception erronée du bien commun par les lefebvristes (voir l'abbé Laguérie et son post sur le mariage) a des répercutions pratiques très importantes.

La doctrine lefebvriste fonde la déposition des autorités sur la volonté unilatérale des lefebvristes.

Suivons-les dans leur raisonnement, la société est fondé sur but, un bien commun qui dépasse ses membres (!). Si l'autorité, selon leur jugement infaillible et lefebvriste, ne procure pas le bien commun, elle n'exerce plus sa fonction et doit être déposée ou plus simplement considérée comme inexistante et exclue de la société au profit des détenteurs du vrai "bien commun".

Ce qui est valable dans l'Eglise où le pape et les évêques sont déposés est valable dans la famille.

Dès lors en effet que le bien commun n'est pas commun (selon l'absurde idéologie des lefebvristes), l'autorité sera exclue de la société, comme un agent pathogène d'un organisme. Toute revendication de la part de l'autorité sera nulle et non avenue car jugée tyrannique.

C'est ce qui fonde l'intervention des prêtres lefebvristes dans les familles où ils n'hésitent pas à séduire (le plus souvent chastement, sinon cela ne fonctionnerait pas) la mère de famille pour éliminer le père récalcitrant au lefebvrisme. Cette élimination peut être totale. Dès lors en effet que le bien commun n'est pas commun au père, le père peut être totalement éliminé de la société qu'il a fondée, dépouillé de ses biens et de son autorité naturelle sur ses enfants et la femme sera sacrée dès lors seule détentrice valable de l'autorité, affranchie de toute autorité maritale, martyr de la cause familiale, vraie sainte Rita. Tant pis, ou plutôt tant mieux si le père est escroqué, c'est justice, il n'avait qu'à se soumettre au lefebvrisme et surtout aux gourous lefebvristes.

Les choses étant ce qu'elles sont, l'escroquerie, la diffamation, la ruse, le complot ponctuel (1) seront évidemment préférées aux actes violents qui ne sont pas pratiqués.

Revenons au début : le droit du père n'existent pas en regard du bien commun. Le bien commun écrase les droits du père.


En revanche pour la doctrine catholique le bien commun est droit de chacun.

" La personne humaine est, et doit être le principe, le sujet et la fin de toutes les institutions sociales " (GS 25, § 1).


(1) Les lefebvristes forment une société semi-secrète, comme le parti communiste.

Le bien commun dépasse les possibilités de l'individu isolé

L'abbé Laguérie prétend que le bien commun des époux les dépasse. S'il veut dire par là que le bien commun ne serait plus commun du fait de l'entrée en société, cela est évidemment faux.

Mais on peut considérer que le bien commun dépasse les possibilités de l'individu isolé. C'est d'ailleurs pourquoi le bien commun est le meilleur des biens propres de chacun. Dans la société se trouve un bien propre supérieur au bien singulier de chacun.

Lorsque les époux forment une société, ils trouvent chacun dans la société formée de meilleures conditions de liberté et de développement. Et ces conditions qui favorisent le développement de l'autre et de "moi" en ce qu'elles sont communes, et manifestation d'un amour mutuel et partagé sont des biens propres à chacun que seule la société des deux partenaires peut procurer.

Mais l'opinion de De Koninck selon laquelle le bien singulier : nourriture, logement ne peut être un bien commun, doit être précisée par ce que dit le catéchisme de l'Eglise catholique :

La société doit rendre accessible à chacun ses besoins "nourriture, vêtement, santé, travail, éducation et culture, information convenable, droit de fonder une famille, etc. (cf. GS 26, § 2)." (1)

Le bien commun n'est pas la nourriture (bien seulement singulier), mais il est accessibilité à la nourriture. L'autorité doit veiller à ce que chaque particulier accède à son bien singulier sous forme, par exemple, de nourriture. L'accessibilité universelle au sein de la société envisagée à la nourriture de chacun est un bien commun.

L'exemple de Oates qui se prive de vie pour permettre aux autres de vivre est sacrifice de son bien singulier au bien commun qui est ordre "vivifié" par l'amour, amour qu'il témoigne à ses compagnons de façon absolue par le sacrifice de sa vie.

"La vie en société doit être considérée avant tout comme une réalité d’ordre spirituel. Elle est, en effet, échange de connaissances dans la lumière de la vérité, exercice de droits et accomplissement des devoirs, émulation dans la recherche du bien moral, communion dans la noble jouissance du beau en toutes ses expressions légitimes, disposition permanente à communiquer à autrui le meilleur de soi-même et aspiration commune à un constant enrichissement spirituel. Pacem in Terris 35" Catéchisme de l'Eglise catholique 1886

(1) Noter que "à chacun selon ses besoins" pour vivre une vie pleinement humaine, ce n'est pas dans le futur, c'est tout de suite que la société doit le procurer à chacun de ses membres.

15.2.10

Selon le "Salon beige" le pape Gélase réglementait les fêtes païennes

Le Salon beige publie un post sur la saint Valentin. On y lit ceci :

"C’est une histoire qui remonte à l’antiquité. Faunus est un dieu Romain, protecteur des troupeaux, à qui il apporte la fécondité et qu’il défend contre les loups. Chaque année, le 15 Février une cérémonie avait lieu en son honneur dans la "grotte du Lupercal", la grotte qui avait abrité la louve qui avait nourri Rémus et Romulus. Les 12 Luperques y sacrifiaient un bouc. Deux jeunes hommes étaient marqués du sang de la bête puis parcouraient la ville portant une lanière de peau arraché au bouc pour frapper les femmes voulant un enfant dans l’année afin de les rendre féconde...

Du paganisme à la fête actuelle, il n'y a qu'un jour, que le pape Gelase 1er franchit au Vème siècle en interdisant cette fête et en instituant Saint (sic) Valentin saint patron des amoureux. Le 14 février lui serait donc dédié..."


C'est évidemment absurde : d'abord on ne voit pas pourquoi il y aurait eu une différence de date.

Ensuite la fête de la saint Valentin n'est pas la fête de la fécondité et et saint Valentin n'est pas patron des amoureux, mais des fiancés.

Le pape n'avait évidemment aucune autorité sur les païens pour leur interdire une fête et les chrétiens n'avaient évidemment besoin d'aucun ordre pour ne pas fêter une fête barbare.

Si saint Valentin est fêté le 14 février, c'est qu'il a été martyrisé le 14 février.

C'est un méthode habituelle de nos "historiens" de présenter les dates du calendrier chrétien comme arbitraires, de montrer les papes comme des tyrans sans loi.

Nous en avons un autre exemple dans la fable du "Sol invictus" fête qui aurait précédé Noël dans son institution et que Noël aurait été destiné à remplacer, alors que la fête du "Sol invictus" a été instituée par l'empereur en vue d'imiter Noël ou plus précisément de tenter d'en prendre la place. (Voir Hugues de Nanteuil "Sur les dates de naissance et de mort de Jésus" Téqui éditions 1988)

Aujourd'hui saint Claude de la Colombière

Massimo Introvigne me rappelle par un e.mail qu'aujourd'hui nous fetons Claude de la Colombière, directeur spirituel de sainte Marguerite-Marie Alacoque promotrice de la dévotion au Coeur de Jésus.

Voici la prière donnée par le site de Paray le Monial


"Je suis si persuadé, mon Dieu, que vous veillez sur ceux qui espèrent en vous, je suis si persuadé qu’on ne peut manquer de rien, quand on attend tout de vous, que j’ai résolu de vivre à l’avenir sans aucun souci et de me décharger sur vous de toutes mes inquiétudes.

"Les hommes peuvent me dépouiller et des biens et de l’honneur ; les maladies peuvent m’ôter les forces et les moyens de vous servir, je puis même perdre votre grâce par le péché ; mais jamais je ne perdrai mon espérance, je la conserverai jusqu’au dernier moment de ma vie, et tous les démons de l’enfer feront à ce moment de vains efforts pour me l’arracher.

Que les uns attendent leur bonheur, soit de leurs richesses soit de leurs talents ; que les autres s’appuient ou sur l’innocence de leur vie ou sur la rigueur de leur pénitence, ou sur le nombre de leurs aumônes, ou sur la ferveur de leur prière ; pour moi, Seigneur, toute ma confiance, c’est ma confiance-même.

Cette confiance ne trompa jamais personne. Je suis donc assuré que je serai éternellement heureux parce que j’espère éternellement de l’être et que c’est de vous, ô mon Dieu, que je l’espère.

Je connais, hélas !, et il n’est que trop vrai, combien je suis fragile et changeant ; je sais ce que peuvent les tentations contre les vertus les mieux affermies ; j’ai vu tomber les astres du ciel et les colonnes du firmament ; mais toutes ces chutes ne peuvent m’effrayer ; tant que j’espèrerai, je me crois à couvert de tous les malheurs, et je suis sûr d’espérer toujours parce que j’espère encore de votre libéralité cette invariable espérance. Enfin, je suis intimement convaincu que je ne puis trop espérer en vous et que ce que j’obtiendrai de vous sera toujours au-dessus de ce que j’aurai espéré ; ainsi, j’espère que vous m’arrêterez sur les penchants les plus rapides, que vous me soutiendrez contre les plus furieux assauts et que vous ferez triompher ma faiblesse de mes plus redoutables ennemis.

J’espère que vous m’aimerez toujours, et qu’à mon tour, je vous aimerai sans relâche ; et pour porter tout d’un coup mon espérance aussi loin qu’elle peut aller, je veux espérer vous-même de vous-même, ô mon Créateur, et pour le temps et pour l’éternité."

Amen.

Saint Claude La Colombière

http://www.sanctuaires-paray.com/spip.php?article329

Dans le viol, le seul qui se souille est le violeur

Dans « La cité de Dieu » (426) saint Augustin se pose la question des viols tant des femmes mariées que des vierges. Il se pose cette question à propos du viol des Romaines par les Goths. lors du sac de Rome (410 de notre ère) et il fait référence à cette occasion au viol suivi du suicide de Lucrèce, héroïne de la Rome antique (509 avant notre ère).

Lucrèce violée, après avoir dénoncé son violeur à son mari, s’est suicidée. Elle était en grand honneur dans la Rome païenne. Augustin pense, lui, qu’elle a eu tort de se suicider. Voici des extraits de son texte ("La cité de Dieu" livre 1er chapitre XVIII in fine et XIX) :

« La sainteté du corps ne consiste pas à préserver nos membres de toute altération et de tout contact : mille accidents peuvent occasionner de graves blessures, et souvent, pour nous sauver la vie, les chirurgiens nous font subir d’horribles opérations. Une sage-femme, soit malveillance, soit maladresse, soit pur hasard, détruit la virginité d’une jeune fille en voulant la constater, y a-t-il un esprit assez mal fait pour s’imaginer que cette jeune fille par l’altération d’un de ses organes, ait perdu quelque chose de la pureté de son corps? Ainsi donc, tant que l’âme garde ce ferme propos qui fait la sainteté du corps, la brutalité d’une convoitise étrangère ne saurait ôter au corps le caractère sacré que lui imprime une continence persévérante. (…)

Nous soutenons que lorsqu’une femme, décidée à rester chaste , est victime d’un viol sans aucun consentement de sa volonté, il n’y a de coupable que l’oppresseur.

(…) [prenant ensuite l’exemple de Lucrèce, femme mariée, violée par « le fils de Tarquin », il continue son raisonnement] J’admire beaucoup cette parole d’un rhéteur qui déclamait sur Lucrèce : « Chose admirable !» s’écriait-il ; « ils étaient deux; et un seul fut adultère ! » Impossible de dire mieux et plus vrai. Ce rhéteur a parfaitement distingué dans l’union des corps la différence des âmes, l’une souillée par une passion brutale, l’autre fidèle à la chasteté, et exprimant à la fois cette union toute matérielle et cette différence morale, il a dit excellemment: « Ils étaient deux, un seul fut adultère».
[Il condamne dès lors le suicide subséquent de Lucrèce]
Mais d’où vient que la vengeance est tombée plus terrible sur la tête innocente que sur la tête coupable? Car Sextus n’eut à souffrir que l’exil avec son père, et Lucrèce perdit la vie. S’il n’y a pas impudicité à subir la violence, y -a-t-il justice à punir la chasteté ? C’est à vous que j’en appelle, lois et juges de Rome ! Vous ne voulez pas que l’on puisse impunément faire mourir un criminel, s’il n’a été condamné. Eh bien! supposons qu’on porte ce crime à votre tribunal : une femme a été tuées non-seulement elle n’avait pas été condamnée, mais elle était chaste et innocente ne punirez-vous pas sévèrement cet assassinat ? Or, ici, l’assassin c’est Lucrèce. Oui, cette Lucrèce tant célébrée a tué la chaste, l’innocente Lucrèce, l’infortunée victime de Sextus. Prononcez maintenant. Que si vous ne le faites point, parce que la coupable s’est dérobée à votre sentence, pourquoi tant célébrer la meurtrière d’une femme chaste et innocente ?(…)
[et il condamne la honte qui l’a conduite au suicide]
Quant à nous, pour réfuter ces hommes étrangers à toute idée de sainteté qui osent insulter les vierges chrétiennes outragées dans la captivité, qu’il nous suffise de recueillir cet éloge donné à l’illustre Romaine : « Ils étaient deux, un seul fut adultère». On n’a pas voulu croire, tant la confiance était grande dans la vertu de Lucrèce, qu’elle se fût souillée par la moindre complaisance adultère. Preuve certaine que, si elle s’est tuée pour avoir subi un outrage auquel elle n’avait pas consenti, ce n’est pas l’amour de la chasteté qui a armé son bras, mais bien la faiblesse de la honte. Oui, elle a senti la honte d’un crime commis sur elle, bien que sans elle. Elle a craint, là fière Romaine, dans sa passion pour la gloire, qu’on ne pût dire, en la voyant survivre à son affront, qu’elle y avait consenti. A défaut de l’invisible secret de sa conscience, elle a voulu que sa mort fût un témoignage écrasant de sa pureté, persuadée que la patience serait contre elle un aveu de complicité
Telle n’a point été la conduite des femmes chrétiennes qui ont subi la même violence. Elles ont voulu vivre, pour ne point venger sur elles le crime d’autrui, pour ne point commettre un crime de plus, pour ne point ajouter l’homicide à l’adultère; c’est en elles-mêmes qu’elles possèdent l’honneur de la chasteté, dans le témoignage de leur conscience; devant Dieu, il leur suffit d’être assurées qu’elles ne pouvaient rien faire de plus sans mal faire, résolues avant tout à ne pas s’écarter de la loi de Dieu, au risque même de n’éviter qu’à grand’peine les soupçons blessants de l’humaine malignité. »

Il conclut que l’homme porté au mal soupçonnera parfois, sans aucun titre à le faire, la chasteté de la victime. Dans ce cas, la victime maltraitée par la société jouira du seul témoignage de sa conscience, sanctuaire où elle est seule avec Dieu.

14.2.10

L'"hypertrophie du droit" ou l'erreur très grave du "Salon beige"


La Salon beige qui rend compte d'un livre de droit d'un professeur espagnol nous afflige d'un titre scandaleux.

Il titre "l'hypertrophie du droit". Il veut dire l'hypertrophie du judiciaire.

Le droit, science sociale, n'a pas pour but de "contraindre", mais de libérer. Car le droit est une aide pour trouver des solutions aux difficultés de la vie sociale, il est un guide sûr de résolution des conflits mais encore plus il est l'expression sociale de la raison commune à tous les êtres humains.

La doxa française faite de libéralisme, de darwinisme, de nietzschéisme, de marxisme (qui contiennent tous la même notion erronée de la liberté conçue comme la faculté de choisir le mal), voit le droit comme une contrainte. Pour cette doxa, le droit est négateur de la liberté. Dans ce cadre libéral, il faut mettre le droit de son côté et pour le mettre de son côté, rien de mieux que d'avoir les juges dans sa poche par manipulation ou corruption afin de mieux écraser son partenaire. (Pour cela adhérez à la franc-maçonnerie et vous aurez les juges malhonnêtes et parjures pour vous).

C'est une des raisons (1) de l'hypertrophie du judiciaire qui est atrophie du droit, car le judiciaire ne devrait être que résolution de crises entre personnes de bonne foi, alors qu'il est conçu par la doxa comme manipulation du droit à son profit singulier. C'est pourquoi le judiciaire se développe comme les cellules cancéreuses au détriment du corps social.

Non seulement le titre est faux en ce qu'il suppose le droit extérieur à l'homme, mais en outre il est blasphématoire puisque le droit est l'expression de la sainte volonté de Dieu, il ne peut souffrir d'hypertrophie. Le droit est saint.

"J'ai accompli le droit et la justice (...)" dit le psaume 118 verset 121.

(1) les autres sont le positivisme juridique et la technocratie judiciaire qui sont eux aussi atrophie du droit.

Les liens qui libèrent ou le piège des mots

Dans l’encyclique Libertas Léon XIII dit que l’homme n’est libre que s’il se soumet à sa nature.

Dans son article sur le bien commun Charles De Koninck dit équivalemment que « La dignité de la personne créée n’est pas sans liens, et notre liberté a pour fin, non pas de rompre ces liens, mais de nous libérer en les raffermissant. »

Benoît XVI dit que l’homme est un « être avec » ou un « être pour ». Il en conclut que la mère qui avorte n’est pas libre, même si elle agit sans contrainte extérieure. (Vérité et liberté in Revue Communio XXIV, 2 mars-avril 1999)

Etre libre en se soumettant, être libre en respectant les liens, mieux devenir libre par des liens voilà des paradoxes qu’il est difficile d’admettre.

Comme nous sommes un microcosme fusionnant en lui l’animal et le spirituel, nous ne pouvons pas penser sans images. C’est la raison de ce paradoxe. Nous devons pour saisir cette pensée commune aux trois auteurs cités ci-dessus, nous devons nous élever au-dessus des images sans cela nous continuerons de penser que c’est folie de dire que nous sommes libérés par nos liens.

La résolution de la question est dans ce que dit saint Thomas cité par Léon XIII dans « Libertas ». La liberté morale consiste à agir selon sa nature, car si l’on n’agit pas selon sa nature, on est esclave d’autre chose que soi-même. Ainsi concevoir la liberté comme la faculté de se retourner contre nous-mêmes, c’est la concevoir comme la faculté de choisir l’esclavage de l’erreur et de la corruption, ce qui est une maladie de la liberté, selon l’image de Léon XIII.

Et comme l’homme est social par nature, il est un « être avec », un « être pour » (expression du cardinal Ratzinger) et n’est vraiment libre que celui qui respecte les liens qu’il a avec les autres.

Ainsi une femme qui est enceinte n’est vraiment libre que si elle « se soumet » aux liens qui l’unissent à l’être humain qui vit en elle. Et l’image contenue par les termes « liens » et « se soumettre » ne pourront pas changer la réalité qui est que celle qui tue l’enfant se soumet à la folie et brise les liens qui l’unissaient à sa nature d’être social et raisonnable et libre. Un mari n’est vraiment libre que s’il respecte sa compagne et l’aide dans le moment difficile de la grossesse.

De même Oates (voir le post d’hier) est souverainement libre lors de son sacrifice, il se « soumet » alors pleinement à sa vocation d’être social et raisonnable, d’être fait pour l’amour fraternel. Il communie avec les autres membres de l’équipe dans la rationalité collective et unique, dans la solidarité qui est son plus grand bien, un bien plus précieux (mais également personnel) que son bien singulier et non participé.

Sia lodato Gèsu-cristo !

13.2.10

Exemple de sacrifice d'un bien singulier au bien commun : Lawrence Oats

Lors de l'expédition malheureuse de Scott au Pôle Sud en 1912, au retour du Pole Sud tous les cinq hommes de cette expéditions sont morts de froid, de faim et d'épuisement. Il s'agissait du chef : Robert Falcon Scott, de Edward Wilson, Henry Bowers, Lawrence Oates, et Edgar Evans.

On connaît le récit des derniers jours par le journal laissé par Scott et dont les derniers mots sont

"C'est lamentable, mais je ne crois pas pouvoir en écrire davantage."

Ce journal fut retrouvé quelques mois plus tard dans la tente des trois derniers à avoir vécu Scott, Wilson et Bowers.

Initialement, ils ne devaient être que quatre, mais au dernier moment, Scott prend la décision de soustraire Bowers du groupe de soutien qui devait rester au bâteau pour l'adjoindre au groupe d'exécution, ce qui signifiait plus d'aide, mais moins de vivres pour chacun... Le chef doit être le plus prudent...

Lors du voyage retour, Evans meurt le 17 février. Le 15 mars à une étape,

"en plein blizzard Lauwrence Oates quitte la tente, disant "Je sors ; je resterai dehors quelque temps."

Oates savait qu'il allait mourir. Il se sacrifiait pour ses trois compagnons survivants (une bouche de moins à nourrir).

Son sacrifice fut inutile puisque à la fin tous finirent pas mourir et leur corps furent retrouvés en octobre (1) suivant.

Dès lors j'entends l'abbé Laguérie me dire : " - Oates s'est sacrifié au bien commun. Il s'est sacrifié pour un bien qui le dépassait et qui n'était pas commun puisqu'il est mort pour que les autres vivent pour lui le bien commun, c'était le mal personnel." Et j'ajouterais "donc le bien commun, n'est pas commun." Et aussi le "bien commun" de l'abbé Laguérie ressemble au bien commun tel que le conçoivent les communistes une sorte de léviathan qui annihile le bien propre.

Le sacrifice de Oates a été inutile, c'est pourquoi son sacrifice est encore meilleur, sous l'angle de la pureté que s'il avait été utile. Certes, s'il avait su d'avance que son sacrifice était inutile, cela aurait illicite puisqu'il n'y aurait eu aucun mobile valable à la mise en danger de sa vie. Mais le fait de l'inutilité finale rend la bonté du sacrifice plus pure, l'épure de l'utilité et fait ressortir le caractère gratuit et commun du bien.

L'utile est un bien cherché en vue d'un bien conçu comme fin, Oates se sacrifiait pour que ses compagnons vivent. Mais de fait de l'échec, il reste plus que la bonté du geste d'amour fraternel par ailleurs inutile.

Dans ce geste d'amour gratuit, entièrement gratuit et désintéressé, il y a la communion au bien de l'héroïsme. Ce n'est pas contre son bien propre qu'il est devenu un héros, c'est en sacrifiant un bien propre et singulier (sa vie physique) en y préférant un bien qui est le témoignage d'amour fraternel bien plus estimable que son bien propre singulier parce qu'il est transcendant, il ouvre sur quelque chose qui n'est pas de ce monde.

Pour comprendre cela il faut se libérer du libéralisme, du darwinisme et du matérialisme.

En s'appropriant la solidarité, il a accompli sa propre vocation qui est d'être pour et d'être avec. En raffermissant les liens qui l'unissaient à ses amis, il s'est libéré de l 'amour désordonné de lui-même, il en reçoit une "dignité supérieure" (2) qui est son bien propre, mais d'un autre ordre.

C'est en quoi le geste de Oates ordonné à l'amour de ses frères, geste dont il recevait une plus grande dignité était un bien pour lui, il était aussi un bien commun aux autres, mais un bien d'un ordre inférieur (survivre ici-bas). Oates réalise dans son sacrifice que l'homme est un être pour, libre et raisonnable.

(1) Les éléments du récit sont tirés de "Pôle Sud" par Paul-Emile Victor Hachette 1958.
(2) Charles De Koninck "De la primauté du bien commun contre les personnalistes"

Mise à jour du 28 mars 2013 : relisant ce post, je veux ajouter que De Koninck se trompait lorsqu'il critiquait les personnalistes. La personne a une destinée transcendante. Elle a en conséquence des droits qui lui sont attribuées par la nature du fait de sa destinée. Ces droits font partie du bien commun. Il ne faut donc pas lire Charles De Koninck sans garder à l'esprit cette erreur de notre auteur. De Koninck a cependant le mérite de souligner que notre bien, est commun à tous.  C'est l'immense mérite de ce texte. Mais le bien commun l'est comme les droits de l'homme, bien commun de l'humanité. D'autre part, le bien commun a un aspect historique et dynamique que De Koninck semble ignorer (le bien commun est toujours à instaurer, toujours à restaurer ici et maintenant, il ne faut pas l'imaginer comme statique, gelé, à la façon des écrivains socialistes ou utopistes).


Post mis à jour le 16 septembre 2013, après que j'ai remis en cause les théories de De Koninck (sauf sur la communauté du bien). De Koninck ne distingue pas, si mes souvenirs sont bons, l'ordre des biens. L'ordre de la charité dépasse l'ordre de la justice, du bien commun. Or Pascal écrit : « 308-793 La distance infinie des corps aux esprits figure la distance infiniment plus infinie des esprits à la charité, car elle est surnaturelle. » (édition de Port Royal) Le bien commun politique est infiniment dépassé par le bien de la charité fraternelle.

Mise à jour du 17 septembre 2013 à 9 heures 17 :

Relisant le titre, je pense qu'il aurait été plus exact de titrer différemment. Pour un bien transcendant commun, qui n'est pas de ce monde, Oats renonçait au bien commun qui est le droit à la vie pour tous. Je propose ce nouveau titre : « Exemple de sacrifice d'un bien commun naturel pour un bien commun surnaturel. »

12.2.10

Etre dans un bonheur qui n'est pas de la terre

On connaît l'exclamation de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus lorsqu'en lisant les "Mystère de la vie future" de l'abbé Arminjon, elle dit avoir été plongée dans un bonheur qui n'était pas de la terre.

La contemplation du bien commun, qui est communion avec les autres hommes me plonge aussi dans un bonheur qui n'est pas de la terre.

Enfin délivré du libéralisme, du rousseauisme, du darwinisme, du marxisme, je contemple comment un bien qui est le mien propre et le plus excellent de mes biens propres, est aussi le bien propre donc commun à tous mes frères humains et à moi-même.

Finie la "guerre de tout le monde contre tout le monde" selon l'expression de Pie X, la justice, la vérité, les droits de l'homme, la solidarité sont mes biens et ceux de mes frères en Jésus-Christ.

10.2.10

Contre la conception laguériste du bien commun

L'abbé Laguérie nous gratifie d'un de ses immortels posts sur son blog au sujet du divorce (un expert l'abbé Laguérie en matière de séparation des couples). Il a intitulé son post : "ne jamais divorcer".


Il prétend que la société formée par les deux époux :


"possède un bien commun qui dépasse infiniment les parties en présence. Comme toutes les parties, elles sont faites pour le tout et le bien commun de cette petite société dépasse même cette société"

On peut se demander ce que l'abbé Laguérie veut dire lorsqu'il dit "dépasse" ? Il semble bien que conformément à son idéologie lefebvriste niant les droits de l'homme, il veuille dire que le bien de la société (la société est une relation, elle est ici, absurdement, envisagée sans ses termes) est étranger au bien des membres, il les domine, il les écrase, il les anéantis. Tout est dans la philosophie idéaliste qui pose les idées comme des absolus et les manie comme on raisonne sur des notions mathématiques.

Ne savez-vous pas, abbé Laguérie, que le bien commun est commun ? Et que par conséquent il est un bien propre de chacun ?

Vous parlez du bien commun sans avoir ce qu’est le bien commun qui... est commun et qui ne dépasse pas le bien des parties en présence, puisqu'il en fait partie : que le bien commun est commun, cher monsieur l’abbé ? Le bien commun est un bien... commun donc propre à chacun. Il est même le bien propre le plus aimable de chacun. Le bien commun est le bien propre de chacun le plus chérissable.

Lisez donc De Koninck sur la question, il vous évitera de prendre à votre compte des absurdités totalitaires et/ou lefebvristes.

Le bien commun est le plus noble des biens propres de chacun, c'est le bien le plus noble puisqu'il est vérité, justice, droits de l'homme, solidarité ; alors que le bien propre qui n'est que bien propre, qui est bien propre mais singulier, est insusceptible d'être commun, il est souvent purement matériel donc impartageable sans appauvrissement (richesse, nourriture, logement, repos...). En ce qu'il n'est pas communicable et de moindre perfection, il est un bien propre moindre que le bien commun. Et si je me fais tuer par amour, je communique avec la personne aimée un bien qui est commun avec elle : l'amour qui est aussi mon bien propre.

En défendant les droits de l'homme, je peux perdre la vie personnelle qui est un bien propre, mais j'accrois l'amour mutuel, je communique cet amour qui est aussi mon bien propre et parce qu'il est communicable, c'est un plus grand bien propre que le bien propre singulier qui était ma vie physique.

Comme on est loin ici du libéralisme, du rousseauisme, du marxisme, du darwinisme et donc du lefebvrisme et du laguérisme, loin enfin de la définition du domaine de la "loi" par la déclaration de 1789 dans son article 5 !

On se trouve plongé dans l'océan du mystère de l'homme et de celui de sa vocation qui est contemplation de la vérité et amour.

La dimension de gratuité de la lutte pour les tout petits



La lutte pour l'avortement a des partisans bien vivants. Ce sont des gens qui ont la parole, qui ont un patrimoine qui sont souvent agressifs et menaçants, ils ne veulent pas du souci que comporte les soins et les dépenses inhérentes à la survenue d'un enfant, ils veulent qu’on leur reconnaisse « le droit » à tuer l’enfant. Il est intéressant de les avoir pour partisans.

En revanche, ceux qui luttent contre l'avortement n'ont aucune récompense en perspective. Traités de "racistes" (1) par le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (alors même qu'ils luttent pour la vie des enfants quelles que soient leurs races), ils n'ont rien à espérer de personne. Ils se battent pour des êtres humains qui ne peuvent le leur rendre puisqu'ils ne peuvent pas parler, n'ont aucun patrimoine, ne votent pas. Ils mourront sans que personne ne leur ait rendu d’avoir lutté.

C'est la gratuité de l'amour qui n'attend rien en retour.


"34. L’amour dans la vérité place l’homme devant l’étonnante expérience du don. La gratuité est présente dans sa vie sous de multiples formes qui souvent ne sont pas reconnues en raison d’une vision de l’existence purement productiviste et utilitariste. L’être humain est fait pour le don; c’est le don qui exprime et réalise sa dimension de transcendance." "Caritas in véritate".



Le don exprime la dimension de transcendance de l'être humain, autrement dit "l'homme dépasse infiniment l'homme". Cette vérité se prouve par le don gratuit lorsqu'il n'est pas utile à celui qui donne.

En ce sens on peut admirer dans les défenseurs de la vie des embryons et de foetus le don gratuit inutile de leur temps, de leur argent et même de leurs réputations pour des êtres inutiles et qui ne peuvent le leur rendre.

(1) A vrai dire le rapport du MRAP (p. 8) prend la précaution d’affirmer que la lutte contre l'avortement (appelé "IVG") n'est pas raciste. Mais ce "rapport" n'en fait pas moins le rapprochement avec les sites "racistes". Le rapport MRAP se garde bien de préciser que la « nouvelle droite », qu'il dénonce par ailleurs comme "raciste" ne voit pas l'ivg comme un acte immoral et même milite pour "le droit à l'avortement" dans son "manifeste" (en lien).

3.2.10

Egalité des droits vérité rationnelle et vérité de foi niées par les lefebvristes


Le fait de l’égalité de tous les humains en ce qui concerne leurs droits fondamentaux (1) est une vérité accessible à la raison, à l’esprit humain par ses propres forces.(théoriquement du moins) .C’est l’idée sur laquelle j'ai fondé ce blog.

Sortons pour une fois, du domaine purement rationnel et entrons dans le royaume de la foi catholique .

La foi en Jésus-Christ nous apprend que les hommes sont tous fondamentalement égaux, car la foi voit en tout homme un être que Jésus-Christ s’est uni selon un mode particulier, c'est-à-dire en partageant sa condition.

On connaît la prétention absurde des lefebvristes et autres sédévacantistes à être plus catholiques que le pape et à trouver des hérésies dans Vatican II et dans l’enseignement des papes à partir de Jean XXIII.

C’est un grand sujet pour les lefebvristes que de relever d’abord dans Gaudium et spes puis chez Jean-Paul II cette affirmation que "Jésus-Christ s’est uni à tout homme". Cette affirmation serait hérétique ou du moins erronée.

Prenons pour exemple le post du célèbre abbé Laguérie sur « Discussions doctrinales, qu’en attendre ? ».

Reprenant cette scie intégriste, notre abbé commente un texte qu’il attribue à Gaudium et spes :

«Jésus-Christ s’est uni, en quelque sorte, à tout homme par le mystère de l’Incarnation».

http://blog.institutdubonpasteur.org/spip.php?article111

Il commente cette citation inexacte :

« N’est-elle, au fond, qu’une admirable poétique qui aura anticipé, un peu iréniquement il est vrai, l’oméga sur l’alpha, Le Christ cosmique sur le Christ historique, dans un plérôme plus teilhardien que paulinien ? »

et il conclut sur cette interrogation typiquement lefebvriste marquée par les « exercices spirituels de saint Ignace » à la mode du Père Vallet, il conclut en se demandant si cette affirmation vaut aussi pour les damnés. Les damnés ne mériteraient aucun respect et Jésus-Christ ne se les serait pas unis.

Chez un autre lefebvriste, l'abbé Petrucci de la Fraternité sacerdotale saint Pie X on lit dans le même genre de littérature approximative :

"Puisque Jésus s’est uni en quelque sorte à tout homme, tout homme est donc déjà sauvé, qu’il soit chrétien, bouddhiste, musulman, athée... L'incarnation est la manifestation de la divinisation de l'humanité."

Comme son confrère Laguérie, l'abbé Petrucci 1) fait usage d'une citation hors du contexte, quand elle n'est pas erronée 2) opère une confusion entre le spirituel qui n'appartient qu'à Dieu et au fidèle (liberté de conscience) avec l'état de l'humanité du fait historique du partage de la condition humaine par Jésus-Christ. On remarque une nouvelle fois l'absorption du social dans le spirituel (comme dans la critique lefebvriste de Dignitatis humanae) déviation des fanatiques des "Exercices spirituels".

Sans doute aurait-il été possible à monsieur l'abbé Philippe Laguérie ou à monsieur l'abbé Petrucci de trouver une réponse à leur questionnement en (re)lisant les termes même de Gaudium et spes 22,2 :

« Car, par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme [30], il a aimé avec un cœur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché [31]. »

note 30 “Cf. Conc. de Constantinople III : « De même sa volonté humaine divinisée n’a pas été supprimée » : Denz. 291 (556). » note 31 Hébr 4,15.

Gaudium et spes 22,2

Hébr 4,15. "Car nous n'avons pas un pontife qui ne puisse compatir à nos faiblesses; au contraire, Il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre le péché." (la citation n'étant pas dans GS, j'ai pris la traduction Fillion du site magnificat)

Ce n’est pas le « mystère » de l’incarnation qui unit Jésus-Christ à tout homme. Ce n’est pas une question spirituelle, c’est une vérité historique de foi constatée par le troisième concile de Constantinople (680-381) et tirée du texte de la lettre de saint Paul (mort en 67) au Hébreux. Teilhard de Chardin n'est en rien responsable de cette affirmation. Les idées de Teilhard, c'est l'abbé Laguérie qui les invoque. Cette vérité concernant toute l'humanité et donc non sans conséquences sociales, ne préjuge en rien de la question spirituelle du salut de l'âme, qui est une autre question, d'un autre domaine du domaine personnel, individuel.

Voici le fait historique : Jésus-Christ en travaillant, en réfléchissant, en agissant, en aimant, en naissant d’une femme est devenu l’un d’entre nous. C’est de cette « sorte » qu’il s’est uni à tout homme : en vivant une vie d’homme. Et en rencontrant un être humain je rencontre quelqu'un que Jésus a uni à lui en partageant sa condition.

D’ailleurs, cette doctrine de Vatican II est déjà (outre les textes antiques) dans « Ubi arcano » du 23 décembre 1922, de façon encore plus nette et plus audacieuse et fondée sur un motif théologique puisqu'elle se rapporte au Christ-Roi :

« Car le règne du Christ établit et fait épanouir une certaine égalité de droits et de dignité entre les hommes, tous ennoblis du sang précieux du Christ »

C'est parce que Jésus-Christ a ennoblis "tous les hommes" et pas seulement les chrétiens« tous ennoblis du sang précieux du Christ » qu'ils sont égaux. Il ressort de cela que même les damnés sont « ennoblis du sang précieux du Christ » et que le règne du Christ loin d'établir une inégalité, rétablira une égalité de tous les hommes, quelles que soient leur croyances.

Il ressort surtout que l’égalité des humains est non seulement une vérité rationnelle, mais encore une vérité de foi fondée sur d'autres motifs plus élevés (le précieux sang et non plus seulement la condition commune). Le Christ, Notre-Seigneur Jésus-Christ s’est uni « tout homme » en cette façon 1) qu'il a partagé la condition humaine et 2) a répandu son sang pour tous les hommes.

Il convient donc à un chrétien militant du Christ-Roi de traiter tout homme comme un noble non seulement fait à l’image de Dieu, mais encore que Jésus s'est uni en partageant sa condition, et qu'il a ennobli de son sang, le sang d’un Dieu. Il convient de le traiter à avec un « grand respect » car « Dieu lui-même traite [l’homme] avec un grand respect ». (Rerum novarum de Léon XIII) quelles que soient ses croyances ou incroyances par ailleurs.

Mais pour traiter tous les hommes avec un "grand respect" il faut reconnaître 1) l'universalité de l'esprit humain qui a pour conséquence l’ordre naturel des droits de l’homme et 2) l’ordre surnaturel de Jésus-Christ qui veut régner sur tout homme quelles que soient ses croyances ou incroyances. Deux choses que nient les "traditionalistes" « catholiques » contre la Tradition et donc contre la raison et contre la foi. Cela n'est malheureusement sans conséquences pratiques. La génération de 1968 - toutes opinions confondues - doit l'apprendre.

Puissent les « discussions doctrinales » avec le Saint-Siège faire (r)entrer nos amis "traditionalistes" dans l’ordre naturel et surnaturel.

(1) Cette égalité fondamentale ne nie pas l'inégalité, elle aussi évidente, des droits contingents laquelle inégalité est aussi une condition nécessaire à la vie en société.

1.2.10

La burka n'est pas un problème religieux

La conférence des évêques de France prend position sur la question du voile intégral. Elle prétend que la question du voile intégral est une question religieuse, une question musulmane.

Puis elle prétend qu'il serait dangereux d'interdire la bourka ce qui pourrait conduire les femmes à ne plus sortir de chez elles. Curieux argument qui convient que la burka est un mal mais que son interdiction risquerait de provoquer un plus grand mal pour ceux qui en sont partisan. A ce compte il faut autoriser les viols pour empêcher les assassinats des victimes de viols. Elle parle encore du dialogue inter-religieux, de la "peur" et du "choc des civilisations" (???) Tout en soulignant (reprenant l'avis du CFCM) que le "voile intégral" n'est pas une obligation religieuse islamique, question qui d'ailleurs n'est pas de sa compétence. En raisonnant comme cela on rompt l'égalité de tous en donnant plus de droits à certains confessant d'une foi particulière. Puis le communiqué termine par l'habituel argument "ad hominem"...

Tout ces arguments sont plus hors sujet les uns que les autres.

Ils supposent que les motifs qui dicteraient la loi seraient des motifs religieux (anti-islamisme). Ce qui reste à démontrer et même est évidemment faux.

Supposons donc qu'un(e) athée farouche, en vue de ne pas être reconnu(e) par les caméras de surveillance, décide de se promener dans la rue avec le voile intégral. Cela deviendrait-il une question religieuse parce qu'il (elle) se promènerait avec le voile intégral ? Ou alors deviendrait-il loisible de l'interdire parce qu'il (elle) n'aurait pas de mobile religieux ?

Cet exemple fait comprendre que ce n'est pas une question religieuse dans un sens que ce serait une question de doctrine relative à une foi, auquel cas les autorités laïques n'auraient aucune compétence pour se prononcer, mais que c'est une question de droit de l'homme et de sécurité publique, auquel cas les autorités publiques ont l'obligation de se prononcer et qu'elles jouissent de l'autonomie dévolue au laïcs.

A lieu de demander leur avis aux autorités religieuses, il serait, dans ce cadre en revanche très utile de recueillir l'avis technique des forces de police et de gendarmerie.

Enfin, pour dirimer la question, il faut opérer cette distinction juridique entre l'intention (mettre le voile intégral) qui peut être le fait de n'importe qui (croyant ou incroyant des deux sexes) et les mobiles éventuellement religieux qui ne regardent que Dieu et la personne qui se couvre du voile intégral.

Car la liberté religieuse droit naturel, soit faculté SOCIALE, est limitée par l'ordre public et donc la sécurité publique : dans ces matières les autorités religieuses n'ont aucune compétence. (Voir Dignitatis humanae qui, traitant des limites de la liberté religieuse, mentionne les "justes exigences de l'ordre public" 7 § 2 et 3)

Jacob Ouanounou et la "Clé des temps"


http://clefdestemps.free.fr/

Sous ce lien on peut accéder au site Internet d'un polytechnicien et croyant judaïque qui a écrit un livre : "La clé des temps".

L'auteur a reçu une triple et forte formation scientifique comme polytechnicien, religieuse du fait de l'ambiance familiale de culture juive marocaine faite de bible et de talmud et enfin philosophique comme ancien élève de Lévinas.

Dans son livre, l'auteur (monsieur Jacob Ouanounou) s'interroge sur les rapports de la science et de la foi judaïque.

A l'occasion de cette présentation de la problématique foi/science se situe une réflexion plus particulière sur le shabbat qui m'a particulièrement intéressé.

L'auteur observe que d'un "jour de détente et de liberté, on a fait un jour de contrainte et de crispation." (p. 345)

Mais cette contrainte et cette crispation sur l'observation de la loi, n'est pas le seul fruit des tourments religieux, on peut y voir aussi une source de progrès scientifique (p. 348).

Exemple : détacher une banane d'un régime de bananes, est-ce un acte agricole et donc illicite le jour du Shabbat, ou bien au contraire un acte de consommation et donc un acte licite ?

Cela va faire nécessairement intervenir ou susciter une réflexion de théorie économique afin de discriminer intellectuellement entre l'acte de consommation et l'acte de production. C'est un aiguillon du progrès intellectuel.

On constate l'importance de la raison dans l'application des commandements énoncés par la foi. La raison, provoquée par la foi, purifie la religion.

Ce livre peut être utile au grand public s'intéressant au dialogue inter-religieux et à son préalable : la connaissance du judaïsme sépharade proposée par un scientifique, philosophe et croyant au carrefour d'un monde de culture traditionnel et du monde moderne.