14.2.10

Les liens qui libèrent ou le piège des mots

Dans l’encyclique Libertas Léon XIII dit que l’homme n’est libre que s’il se soumet à sa nature.

Dans son article sur le bien commun Charles De Koninck dit équivalemment que « La dignité de la personne créée n’est pas sans liens, et notre liberté a pour fin, non pas de rompre ces liens, mais de nous libérer en les raffermissant. »

Benoît XVI dit que l’homme est un « être avec » ou un « être pour ». Il en conclut que la mère qui avorte n’est pas libre, même si elle agit sans contrainte extérieure. (Vérité et liberté in Revue Communio XXIV, 2 mars-avril 1999)

Etre libre en se soumettant, être libre en respectant les liens, mieux devenir libre par des liens voilà des paradoxes qu’il est difficile d’admettre.

Comme nous sommes un microcosme fusionnant en lui l’animal et le spirituel, nous ne pouvons pas penser sans images. C’est la raison de ce paradoxe. Nous devons pour saisir cette pensée commune aux trois auteurs cités ci-dessus, nous devons nous élever au-dessus des images sans cela nous continuerons de penser que c’est folie de dire que nous sommes libérés par nos liens.

La résolution de la question est dans ce que dit saint Thomas cité par Léon XIII dans « Libertas ». La liberté morale consiste à agir selon sa nature, car si l’on n’agit pas selon sa nature, on est esclave d’autre chose que soi-même. Ainsi concevoir la liberté comme la faculté de se retourner contre nous-mêmes, c’est la concevoir comme la faculté de choisir l’esclavage de l’erreur et de la corruption, ce qui est une maladie de la liberté, selon l’image de Léon XIII.

Et comme l’homme est social par nature, il est un « être avec », un « être pour » (expression du cardinal Ratzinger) et n’est vraiment libre que celui qui respecte les liens qu’il a avec les autres.

Ainsi une femme qui est enceinte n’est vraiment libre que si elle « se soumet » aux liens qui l’unissent à l’être humain qui vit en elle. Et l’image contenue par les termes « liens » et « se soumettre » ne pourront pas changer la réalité qui est que celle qui tue l’enfant se soumet à la folie et brise les liens qui l’unissaient à sa nature d’être social et raisonnable et libre. Un mari n’est vraiment libre que s’il respecte sa compagne et l’aide dans le moment difficile de la grossesse.

De même Oates (voir le post d’hier) est souverainement libre lors de son sacrifice, il se « soumet » alors pleinement à sa vocation d’être social et raisonnable, d’être fait pour l’amour fraternel. Il communie avec les autres membres de l’équipe dans la rationalité collective et unique, dans la solidarité qui est son plus grand bien, un bien plus précieux (mais également personnel) que son bien singulier et non participé.

Sia lodato Gèsu-cristo !

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