On lit dans le "Traité de la tolérance", de Voltaire, cité par le site "liberté de conscience", le passage suivant :
http://jcdurbant.wordpress.com/2006/06/21/liberte-de-conscience-celui-qui-change-de-religion-tuez-le-mahomet/
Le rusé écrivain anti-chrétien mêle le vrai et le faux. Il commence par énoncer un principe de morale naturelle qui fonde le droit naturel parfaitement vrai et il se garde bien de dire que ce principe se trouve dans la bible (livre de Tobie). Il le fait, et c'est dommage pour ce prétendu génie, sans distinguer morale et droit qui certes ont le même principe ici mais ne s'appliquent pas de la même façon (la morale, c'est la conscience éduquée, le droit est une science sociale).« Le droit humain ne peut être fondé en aucun cas que sur ce droit de nature ; et le grand principe, le principe universel de l’un et de l’autre, est, dans toute la terre « Ne fais pas ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît. » Or on ne voit pas comment, suivant ce principe, un homme pourrait dire à un autre : « Crois ce que je crois, et ce que tu ne peux croire, ou tu périras. » C’est ce qu’on dit au Portugal, en Espagne, à Goa. On se contente à présent, dans quelques autres pays, de dire: « Crois, ou je t’abhorre; crois, ou je te ferai tout le mal que je pourrai; monstre, tu n’as pas ma religion, tu n’as donc point de religion: il faut que tu sois en horreur à tes voisins, à ta ville, à ta province. »
« Le droit de l’intolérance est donc absurde et barbare : c’est le droit des tigres, et il est bien horrible, car les tigres ne déchirent que pour manger, et nous nous sommes exterminés pour des paragraphes.» (Traité de la Tolérance, à l’occasion de la mort de Jean Calas – 1763) (1)
Ensuite il accuse sans aucune preuve un Etat indépendant qui a lutté victorieusement pour la liberté de conscience à Lépante en 1572 (l'Espagne) de violer la liberté de conscience en l'accusant de pratiquer la maxime "crois ce que je crois ou meurs." Ce qui est pure et simple chauvinisme diffamatoire. Puis il continue dans le même registre gratuit d'accuser "quelque pays" de pratiques que nous appellerions "sociologiques" condamnables, sans se donner la peine de preuves. Il passe ici du droit (ou prétendu tel) à la sociologie, sans plus de preuve et sa façon n'en n'est pas moins diffamatoire.
La conclusion est absurde. Il n'y a pas de "droit de l'intolérance" (ou alors si c'est par antiphrase, qu'il cite les textes "juridiques" de cet anti-droit afin qu'il soit réformé). Le droit étant la science du juste, la tolérance est la vertu de l'autorité qui lui fait tolérer un mal, une injustice afin qu'il n'arrive pas un plus grand mal. La tolérance est une vertu de l'autorité elle est un aspect de la vertu plus générale de prudence. L'intolérance lorsqu'il doit y avoir tolérance est toujours un mal.
Or ici, il ne s'agit nullement de "tolérance", mais de droit fondamental de l'homme à la liberté religieuse. En cas de violation de ce droit, au contraire il ne peut y avoir de tolérance éventuelle que de la violation de ce droit.
Ce prétendu "génie" français ne nous donne à lire qu'un texte imprécis, manquant de logique et de distinctions, diffamatoire et agressif. Le lecteur non averti ne retirera de sa lecture que du chauvinisme, des notions embrouillées et une agressivité désespérée.
Voltaire intimide les chrétiens en retournant leurs principes contre eux. C'est son but finalement.
(1) L'affaire Calas est une affaire de droit commun, un "fait divers", un sujet pour la rubrique "judiciaire" des journaux, diraient les journalistes aujourd'hui, une affaire judiciaire civile qui aurait pu être utile à la mise en évidence des erreurs et des excès de la justice pénale laïque d'Ancien Régime, condamnés par l'évolution des moeurs, qui fut montée en opération anti-catholique, appelant paradoxalement à violer la liberté religieuse, une opération d'incitation à la haine du catholicisme. Même s'il est vrai que la passivité du clergé souvent empêtré dans le gallicanisme et le jansénisme, face aux excès de l'autorité a facilité la tâche des cacouacs sans la justifier.
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