Traduisons ce membre de phrase énigmatique :« Et ainsi il est rare que les géomètres soient fins, et que les fins soient géomètres ; à cause que les géomètres veulent traiter géométriquement les choses fines, et se rendent ridicules, voulant commencer par les définitions, et ensuite par les principes, ce qui n’est pas la manière d’agir en cette sorte de raisonnement. Ce n’est pas que l’esprit ne le fasse ; mais il le fait tacitement, naturellement, et sans art ; car l’expression en passe tous les hommes, et le sentiment n’en appartient qu’à peu.Et les esprits fins au contraire ayant ainsi accoutumé de juger d’une seule vue, sont si étonnés quand on leur présente des propositions où ils ne comprennent rien, et où pour entrer il faut passer par des définitions et des principes stériles et qu’ils n’ont point accoutumé de voir ainsi en détail, qu’ils s’en rebutent et s’en dégoûtent. Mais les esprits faux ne sont jamais ni fins ni géomètres. »
« car l’expression en passe tous les hommes, et le sentiment n’en appartient qu’à peu. »
C'est-à-dire aucun homme n'est capable des les exprimer, des les déplier tous. Seule une petite partie de l'humanité, selon Pascal, est capable de les sentir. Le discours ne pourrait tout exprimer par incapacité de nature.
À l'autre bout, les esprits faux ne tiennent compte d'aucun principe.
On pourrait croire que Pascal en conclut que seules les pensées d'une élite sont intéressantes et pourtant il commence son texte par ces mots :
« À mesure qu’on a plus d’esprit, on trouve qu’il y a plus d’hommes originaux. »
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