Sur le site officiel de la législation irlandaise on peut lire les nouvelles dispositions sur la loi concernant la diffamation : "defamation act".
Il ne s'agit donc par à proprement parler d'une loi anti-blasphème, même si le mot est dans le titre. Il s'agit d'une loi interdisant, sous certaines conditions, de provoquer l'indignation d'un grand nombre.
Voici le texte lui-même tel qu'il est sur le site gouvernemental irlandais :
"he or she publishes or utter matter that is grossly abusive or insultin in relation to matters held sacred by any religion, thereby causing outrage among a substantial number of the adherents of that religion,
Traduction proposée :
"quiconque publie ou émet des propos extrêmement violents ou insultants sur des sujets considérés comme sacrés par une religion, et par ce moyen cause de l'indignation parmi un nombre considérable des fidèles de cette religion"
1) Ce ne sont pas les personnes qui sont protégées mais des sujets. Or il n'y a aucun droit à la non-diffamation des religions car la diffamation ne peut concerner que des personnes et non des idées abstraites, il existe en revanche un droit de l'homme à ne pas être moqué ni insulté gratuitement en raison de ses croyances.
2) Ce n'est pas à proprement parler une loi anti-blasphème car il n'y a pas de définition du blasphème, mais une loi anti-indignation. Dans la définition de l'infraction entre le nombre d'indignés. Si je suis le seul indigné ou que je n'ai qu'une poignée d'amis, je ne pourrais pas me plaindre d'offense à des sujets sacrés. C'est une invitation à la manipulation et l'introduction de l'inégalité des êtres humains (les droits de l'homme sont personnels). C'est enfin un délit rétroactif qui se mesurera aux conséquences des propos... et ce ne sera pas la volonté de l'accusé, mais la volonté des indignés qui constituera l'infraction !!!
La liberté religieuse interdit de se moquer gratuitement ou d'utiliser l'insulte, elle implique en revanche la possibilité de la critique rationnelle des religions (ou des croyances) et cette critique peut conduire à l'indignation et donc à des propos violents. Ces propos d'un seul pourront provoquer des troubles, des manifestations, des crimes d'innombrables personnes. Cependant ce ne sera pas l'auteur des propos qui sera fautif, mais les auteurs des troubles qui n'auront pas respecté pas la liberté religieuse.
Ce texte est un texte relativiste évacuant la raison des fondements de la législation, il est, à ce titre très inquiétant.
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