Glané sur le blog de l'abbé Laguérie (une de mes lectures récréatives et désopilantes favorites)
[quote]b) La médiation universelle de la conscience. Toute loi morale, toute vérité qui vient aux hommes doit évidemment passer par le jugement de la conscience de chaque homme.Nul n’en disconvient et surtout pas St Thomas d’Aquin. Mais ce n’est pas dire pour autant qu’à défaut d’un jugement correct l’homme ne serait plus soumis à la vérité ni à la morale. Et que les données externes de la Révélation et même du droit naturel perdraient auprès de lui leur caractère contraignant. Ces données externes s’imposent précisément à la conscience elle-même. Il y a là une conception tout à fait erronée de la conscience, celle-ci n’est pas une recomposition subjective du paysage intellectuel mais un jugement de l’intelligence qui se soumet au réel ontologique auquel appartiennent évidemment la vérité et la loi de Dieu. L’homme qui ne s’y soumet pas pèche contre sa conscience, tout simplement. C’est cette conception erronée de la conscience qui induit ce fameux droit à la liberté religieuse, fondée sur la structure métaphysique de l’homme (sa dignité)puisqu’aucune loi extérieure ne saurait lui être imposée du dehors, si ce n’est dans de justes limites (pourquoi ?) du bien commun ( ?).[/quote
Cette critique de la liberté religieuse est en dehors de la question.
La liberté religieuse est une liberté sociale.
Lire seulement le sous-titre de Dignitatis Humanae :
[quote]LE DROIT DE LA PERSONNE ET DES COMMUNAUTÉS À LA LIBERTÉ SOCIALE ET CIVILE EN MATIÉRE RELIGIEUSE[/quote]
C'est le sous-titre de la déclaration. Lire en diagonale puis condamner, c'est induire beaucoup de monde en erreur.
Allez l'abbé Laguérie a des excuses, il suit un faux prophète l'évêque Marcel Lefebvre qu'il considère comme son père. Il a une autre excuse, c’est la lecture hâtive de saint Thomas d’Aquin. Il a l’excuse de l’idéologie intégriste qui ne s’aperçoit pas, dans l’angoisse qu’elle est d’errer dans la foi, que la théologie progresse, que saint Thomas n’est pas toujours clair et surtout qu’il n’est pas préférable au magistère vivant, c’est-à-dire à l’autorité du pape vivant et des évêques vivants en communion avec lui.
Or ce magistère vivant a seul autorité. Et pour peu qu'on l'étudie avec respect et donc attentivement, il remplit d'admiration.
Lisons sur jesusmarie.com Dignitatis Humanae de Vatican II
[quote]C'est pourquoi, tout d'abord, le Concile déclare que Dieu a Lui-même fait connaître au genre humain la voie par laquelle, en Le servant, les hommes peuvent obtenir le salut dans le Christ et parvenir à la béatitude. Cette unique vraie religion, nous croyons qu'elle subsiste dans l'Église catholique et apostolique à qui le Seigneur Jésus a confié le mandat de la faire connaître à tous les hommes, lorsqu'il dit aux apôtres: "Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit" (Mt. 28, 19-20). Tous les hommes, d'autre part, sont tenus de chercher la vérité, surtout en ce qui concerne Dieu et son Église; et, quand ils l'ont connue, de l'embrasser et de lui être fidèles.
De même encore, le Concile déclare que ce double devoir concerne la conscience de l'homme et l'oblige, et que la vérité ne s'impose que par la force de la vérité elle-même qui pénètre l'esprit avec autant de douceur que de puissance.[/quote]
Il est nécessaire de bien distinguer "liberté religieuse sociale" et "devoir de soumission de la conscience à la vérité." Distinguer le for interne du for externe, distinguer nos devoirs de conscience et nos devoirs sociaux.
La liberté religieuse est une donnée fondamentale de la morale catholique et universelle. Condamner la liberté religieuse, c’est se condamner soi-même, c’est scier la branche sur laquelle on est assis.
La liberté religieuse limite l’arbitraire de l’autorité, exclut les pressions des personnes privés, elle libère l’homme, tout homme y compris l’intégriste (pour l’instant enchaîné à ses erreurs).
Elle est une donnée des droits de l’homme qui sont le fondement de toute morale sociale. La liberté religieuse est une donnée de la morale catholique, garantie par le magistère de l’Eglise.
La liberté religieuse condamne l’article 3 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 : la nation n’a pas de souveraineté absolue, elle voit sa souveraineté limitée par les droits de l’homme, par la morale et donc par la liberté religieuse. La loi n’est pas l’expression de la volonté générale, elle a son fondement dans la raison.
Cette déclaration de 1789 est d’ailleurs brouillonne mêlant des déclarations valables qui trouvent leur fondement dans la raison avec d’autres, volontaristes (qui ne tiennent compte que de la volonté, sans référence à la raison) comme l’article 3 (souveraineté de la nation) et l’article 6 (la loi est l’expression de la volonté générale).
Cette ambiguité, ces déclarations antinomiques donneront les terribles résultats que l’on sait au vingtième siècle.
D’où d’ailleurs la déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 de l'ONU, dont les rédacteurs avaient nécessairement aperçu, et même constaté, les faiblesses de celle de 1789 pour en rédiger une nouvelle. Cette déclaration de 1948 qui constitue un progrès moral est encore perfectible, selon moi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire