Les Droits de l’Homme sans Dieu.
Monsieur Madiran, si je me souviens bien, reproche à l’Eglise de soutenir les droits de l’homme sans Dieu, de ne tenir compte que de la deuxième table soit des sept derniers commandements. (Droits de l’Homme sans Dieu Editions du Présent 1995)
Sauf erreur de ma part, il reproche à l'Eglise de mutiler ainsi le message divin, les dix commandements et non les sept derniers.
Qu’en est-il exactement ? Le premier commandement c’est « 5 Tu aimeras Yahweh, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force. » Deutéronome VI.
Ce commandement s’adresse à tous les hommes il fait partie du droit naturel, il est le premier commandement.
Cependant, si ce commandement devient social, si j’ai le droit, ou si la majorité a le droit d’obliger un individu ou un groupe à le respecter, c’est une autre chose.
Dans ce cas, en vertu de la liberté religieuse et en raison de l’égalité fondamentale des tous les hommes, aucun groupement humain, même pas l’Etat, aucun individu ne peut m’obliger à respecter ce commandement.
Dieu on ne le voit pas, son existence n’est pas évidente, la dignité de l’homme s’oppose à toute contrainte sociale en vertu de ce commandement. Dieu a fait l'être humain à son image (Gen. I, 27) quel qu'il soit il est doué d'une éminente dignité, Dieu ne veut être servi rationnellement et volontairement que par des dieux libres et responsables.
"En outre, par nature, les actes religieux par lesquels, en privé ou publiquement, l'homme s'ordonne à Dieu en vertu d'une décision personnelle, transcendent l'ordre terrestre et temporel des choses. Le pouvoir civil, dont la fin propre est de pourvoir au bien commun temporel, doit donc, certes, reconnaître et favoriser la vie religieuse des citoyens, mais il faut dire qu'il dépasse ses limites s'il s'arroge le droit de diriger ou d'empêcher les actes religieux." (Dignitatis Humanae § relation de l'homme à Dieu) Donc les actes humains relevant de la religion (donc de la première table) échappent à la compétence directe de la société politique et donc du pouvoir.
La liberté religieuse est un principe moral qui s'impose à l'autorité étatique, selon moi, en vertu du premier commandement.
la citation est du site jesusmarie.com
C’est pourquoi le premier commandement entraîne la liberté religieuse. J’ai le droit opposable à tous d’honorer Dieu et personne ne peut m’en empêcher et cela en vertu de la liberté religieuse.
J’ai le droit opposable de l’honorer individuellement ou en groupe. Je ne peux forcer personne à le faire. Ni moi, ni personne, ni aucun groupe, même pas l'Etat ne peut mépriser la liberté religieuse.
C’est donc, par exemple, par une lecture erronnée de la liberté religieuse et de l’autonomie laïque que le « Tribunal des droits de la personne » du Québec a interdit une prière.
« Le Tribunal des droits de la personne a ordonné le 22 septembre dernier à la municipalité de Laval de cesser la pratique traditionnelle de la prière avant les réunions du conseil. Cette prière était pourtant bien œcuménique et ouverte : « Daignez, Seigneur, nous vous en supplions, nous accorder votre grâce et les lumières nécessaires pour la conduite de notre assemblée et la bonne administration de notre ville. »
http://www.cqv.qc.ca/novembre%202006c2.htm
En vertu de la liberté religieuse cette prière peut être prononcée (elle n’est pas déraisonnable, les athées peuvent la supporter trente seconde, toutes les confessions peuvent s’y retrouver) et c’est par une violation des droits de l’homme que le tribunal l’a interdite, il n'en avait pas le pouvoir. Cette décision dépendait de la municipalité.
En revanche, le respect minimum dû à toute croyance conforme à la morale sociale, m’interdiront les blasphèmes, diffamations et autres injures à l’égard des croyants. (deuxième commandement qui est à la fois personnel et social : la société ne peut blasphémer ou se moquer des croyances) Noton sur ce point que Maurice Olivari (correspondant de la chaîne TF1 à Rome) par son ton et ses critiques acerbes de la religion catholique foule au pieds les droits de l'homme. Il n'a aucun droit à se moquer des croyances des autres,les partagerait-il (il est apparemment catholique).
Si on ne voit pas Dieu et que son existence n’est pas évidente, en revanche l’existence de mon prochain créé à l’image de Dieu est évidente. Sa dignité native quelle que soient ses croyances ou incroyances l’est aussi, son égalité avec moi aussi. Je n'ai aucun titre à me considérer comme supérieur à lui, au moins sous le rapport des droits fondamentaux et donc de la liberté religieuse.
- en vertu de la liberté religieuse qui est un droit de l’homme, personne ne peut interdire le respect du premier commandement mais personne ne peut obliger au culte
- en vertu de ce même respect dû au croyants les injures religieuses sont illicites
- en vertu du droit au repos de l’homme, il faut un jour de repos par semaine
« 23 Il arriva, un jour de sabbat, qu'il traversait des moissons, et ses disciples,
chemin faisant, se mirent à arracher les épis.
24 Les Pharisiens lui dirent : " Voyez ! Pourquoi font-ils, le jour du sabbat, ce
qui n'est pas permis? "
25 Et il leur dit : " N'avez-vous jamais lu ce que fit David lorsqu'il fut dans le
besoin et eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui :
26 comment il entra dans la maison de Dieu, au temps du grand prêtre
Abiathar, et mangea les pains de proposition, qu'il n'est permis de manger
qu'aux prêtres seuls, et en donna aussi à ceux qui étaient avec lui? "
27 Et il leur disait : " Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour
le sabbat;
28 si bien que le Fils de l'homme est maître même du sabbat. " » Marc II, 27
traduction Crampon du site jesusmarie.com
Il n’y a donc pas de droits de l’homme sans Dieu. Il y a les droits de l’homme qui protègent les croyants : jeter le discrédit sur eux en raison d’un péché imaginaire est non seulement une faute intellectuelle et morale mais encore une faute folle qui sur le plan de l’efficacité du discours, conduit à s’enlever des titres à agir.
Monsieur Madiran reconnaît que les sept derniers commandements fondent les droits de l'homme, il les oppose aux trois premiers qui fonderaient les droits de Dieu. C'est bien d'avoir vu que les droits de l'homme sont fondés sur les dix commandement, c'est une erreur de n'avoir pas vu que les trois premiers fondent aussi les droits de l'homme.
Quant à la liberté de l’Eglise, elle est totale et personne, même pas Monsieur Madiran, ne peut la juger.
Quant à la société elle peut reconnaître le Christ-Roi, personne peut l'en empêcher au nom des droits de l'homme. Mais ce Christ interdira toute contrainte envers quiconque en raison du premier commandement, comme il interdira toute violation du droit des humains à rendre un culte à Dieu.
Le règne du Christ-Roi est celui de la liberté religieuse.
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