8.10.10

Reportage sur les moines de Tibéhirine

Vu un film de Gilles Cayatte sur la chaîne France 5 intitulé "Raison d'Etat".

1) Les moines vivaient au milieu d'une population très islamisée. Ils organisaient des réunions de dialogue théologique avec la population locale (7' 51").

2) Ils avaient parmi eux un moine en même temps médecin. Ce médecin-moine soignait tout le monde, y compris les blessés de la rébellion.

3) De plus la "Communauté Sant Egidio" avait organisé à Rome une réunion avec la participation de divers courants politiques algériens mais semble-t-il tous musulmans, afin d'arrêter la violence et de parvenir à une réconciliation. Cette réunion avait été approuvée discrètement par le P. de Chergé, prieur du monastère qui avait écrit en ce sens au responsable de la communauté Sant Egidio. Cette lettre avait été malheureusement communiquée aux membres de la communauté et non tenue rigoureusement secrète (42' 30" environ).

Tout cela déplaisait aux autorités laïques. Tout cela déplaisait au gouvernement algérien.

Le documentaire suggère que ce sont les motifs de leur mort.

Le Père prieur aimait profondément l'Algérie et les Algériens. Né en 1937 il avait fait la guerre d'Algérie. Pendant cette guerre, un ouvrier agricole algérien l'avait protégé. Celui-là avait été assassiné du fait de cette protection. Cela avait été un des motifs de la vocation de Christian de Chergé : être moine en Algérie.

Ce documentaire finit par la lecture du testament spirituel des 1er décembre 1993 et 1er janvier 1994, du Père prieur qui me semble renfermer le résumé de ce qui faisait agir et prier les moines assassinés, au moins ce qui faisait agir son auteur.

Ce testament est une déclaration d'amour à l'Algérie. Et ce saint homme poursuit :

"L'Algérie et l'islam pour moi c'est (...) un corps et une âme."

Pour moi, l'Algérie ce sont avant tout des hommes, des êtres humains dont de nombreux parmi eux sont chrétiens ou Juifs ou athées ou de toutes autres opinions métaphysiques. Aurait-il dit "La France et le catholicisme pour moi c'est un corps et une âme" ?

S'aperçoit-il alors que c'est une immixtion dans les affaires culturelles de l'Algérie ?

Je me sens très petit devant ces géants du courage. Mais la formation aux droits de l'homme, et en particulier à la liberté religieuse quelque peu déficiente chez les catholiques français qu'ils soient "traditionalistes" ou "progressistes". Vatican II porté au nues par les uns, vilipendé par les autres semble dans le fond être resté lettre morte pour les deux partis.

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