13.1.09

Réponse au P. Alain de la Morandais sur Vehementer nos

Merci, mon Père, de lire mon blog, un théologien me manque, car je suis très critiqué par les lefebvristes (qui se croient catholiques et me prennent pour le diable ou peu s'en faut) et ignoré par le monde ecclésiastique. Les sujets que je traite sont sociaux et nullement théologiques, mais la théologie est partout et je ne voudrais pas induire mes lecteurs en erreur. Papa le Bon Dieu pourrait me le reprocher à ma mort.

Très honoré, mon Père, d'avoir un commentaire de vous sur mon blog. Je pense, vu son importance plus adéquat d'y répondre non par un autre commentaire, mais par le présent post.

Voici votre commentaire de mon post d'hier :

"Quel bonheur de vous voir citer Vehementer nos !

Enfin un catholique qui cite autre chose que le Concile ! "Le" concile Vatican II bien sûr!

Mais mon bonheur a été de courte durée puisque j'ai vite constaté que vous ne citiez, comme s'il s'agissait de la thèse principale de cet enseignement qu'un passage mineur et concessif !
Mais comme vous avez eu l'honnêteté ce mettre le lien vers le document complet, j'y suis allé et ai lu cette thèse fondamentale qui me porte à conclure que c'est Austremoine qui a raison et vous qui avez tort.

Lisez avec moi :

Fausseté du principe de la Séparation

Qu'il faille séparer l'Etat de l'Eglise, c'est une thèse absolument fausse, une très pernicieuse erreur. Basée, en effet, sur ce principe que l'Etat ne doit reconnaître aucun culte religieux, elle est tout d'abord très gravement injurieuse pour Dieu, car le créateur de l'homme est aussi le fondateur des sociétés humaines et il les conserve dans l'existence comme il nous soutient.

Nous lui devons donc, non seulement un culte privé, mais un culte public et social, pour l'honorer.

En outre, cette thèse est la négation très claire de l'ordre surnaturel; elle limite, en effet, l'action de l'Etat à la seule poursuite de la prospérité publique durant cette vie, qui n'est que la raison prochaine des sociétés politiques, et elle ne s'occupe en aucune façon, comme lui étant étrangère, de leur raison dernière qui est la béatitude éternelle proposée à l'homme quand cette vie si courte aura pris fin.

Et pourtant, l'ordre présent des choses qui se déroulent dans le temps se trouvant subordonné à la conquête de ce bien suprême et absolu, non seulement le pouvoir civil ne doit pas faire obstacle à cette conquête, mais il doit encore nous y aider.

Qu'en pensez-vous ? "

Mon Père je ne vous connaissais pas si traditionnel !

Mais ne pensons pas par étiquettes, pensons en scrutant les textes.

Mon propos était de combattre l'idée intégriste guidée par slogans et dominée par l'émotion. Pour eux, Vehementer nos = condamnation de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Ceux qui sont pour la séparation de l'Eglise et de l'Etat sont du démon, donc nos évêques sont du démon et ceux qui défendent la loi de 1905 sont, eux aussi, du diable.

C'est pourquoi j'ai cité Vehementer nos utilisant un argument "ad hominem" en quelque sorte, quoiqu'il ne soit pas dans le fond "ad hominem" car ils ne comprennent pas la doctrine de saint Pie X, ni celle du Concile Vatican II.

Pour ma défense, j'ajoute que je ne pouvais dans le cadre d'un post (déjà trop long) m'étendre sur tout le texte et le commenter par le menu, ce n'était d'ailleurs pas le sujet.

Je voulais seulement prouver que saint Pie X lui-même remarquait qu'il existait un état pire que la séparation de l'Eglise et de l'Etat, donc que selon moi, en prudence, il valait mieux en rester à la séparation de l'Eglise et de l'Etat dans certains cas.

Un cas se présente aujourd'hui où Sarkozy voudrait faire financer les cultes par l'Etat, ce qui serait une situation pire que la séparation, car l'Eglise y perdrait sa liberté et la liberté religieuse et la justice seraient bafouées (un athée n'a pas à financer les cultes).

L'Eglise s'est toujours financée elle-même et a aidé et aide encore beaucoup de bonnes oeuvres.

Sur le texte lui-même, sur le fond de votre citation, saint Pie X traite de doctrine. Il condamne la loi parce qu'elle est fondée sur une doctrine fausse. Seule l'Eglise est à même de condamner une doctrine fausse. Nous nous avons des opinions, l'Eglise a une doctrine.

Saint Pie X fait remarquer que l'Etat doit, par son ACTION, aider l'Eglise à diriger les gens vers la béatitude éternelle. Mais, cette assertion, c'est la doctrine de l'Eglise et non celle de l'Etat. L'Etat reçoit sa doctrine, il n'est pas docteur, il n'est pas prophète, il est laïc, il doit agir conformément à la doctrine qu'il reçoit.

On ne peut utiliser ce texte de saint Pie X pour condamner les évêques qui pensent qu'il vaut mieux, dans les circonstances présentes, la séparation plutôt que l'asservissement de l'Eglise et des citoyens, le piétinement de la liberté religieuse (déjà fait par le financement des mosquées par les Etats français et autres), du droit de propriété etc.

Les évêques sont docteurs de la foi et de la morale lorsqu'ils sont unis au pape, nous devons les respecter et respecter et justifier leur doctrine et leurs décisions et de plus ils ont raison, il vaut mieux la séparation que l'asservissement. Mais bien sûr il est encore mieux que l'Etat écoute l'Eglise et lui facilite la tâche, sans s'immiscer dans ses affaires.

Quant à la liberté religieuse : le règne du Christ-Roi, c'est le règne de la liberté religieuse et les laïcs que nous sommes (que je suis) n'ont pas à s'immiscer dans la politique de l'Eglise et encore moins dans sa doctrine. L'Etat doit écouter l'Eglise et appliquer les droits de l'homme qui comprennent la liberté religieuse fondée sur le 1er commandement.

Dieu veut qu'on l'honore, mais Il veut être honoré par des créatures libres, responsables qu'aucune autre créature (serait-elle l'Etat) ne peut forcer en cette matière, en raison de la dignité de la créature. Et cela aussi en raison de l'égalité des êtres humains entre eux. C'est ce que je crois avoir compris de la doctrine de l'Eglise exprimée dans Dignitatis humanae.

Il n'existe donc aucune contradiction entre la doctrine exprimée par saint Pie X et le concile Vatican II sur la liberté religieuse, contrairement aux opinions de nos intégristes et de nos progressistes d'ailleurs.

J'espère avoir répondu à votre commentaire dont je vous remercie vivement et suis à votre disposition pour d'autres précisions si vous le désirez.

4 commentaires:

Marie a dit…

C'est sympa de la part d'une célébrité d'avoir commenté gentiment votre post (beaucoup trop savant pour que je puisse le commenter moi-même) mais si je puis me permettre, j'en vais un peu à ce sympathique père parce qu'il est pro-corrida affirmé.

Unknown a dit…

Moi non plus je n'aime pas la corrida.

Anonyme a dit…

j'ai voulu dire que je lui en voulais"..... (j'en veux un peu et non pas j'en vais un peu). Ca peut sembler un point de détail mais moi ce qui me gêne c'est qu'il ne réprouve pas le fait que des humains "jouissent" devant la cruauté et le sang versé.

Unknown a dit…

J'espère ne pas froisser notre illustre hôte, mais je partage votre sentiment.