"Sachez aujourd'hui que le Seigneur va venir, et il nous sauvera ."Aujourd'hui, c'était jeûne dans l'ancienne discipline. C'est-à-dire que l'on devait ne faire qu'un repas dans la journée. Le jeûne ne se rompait que le 25 décembre qu'après la messe de minuit, c'est pourquoi, il y avait un réveillon après la messe de minuit. Je crois que l'on devait, pour communier, jeûner au moins trois heures avant minuit ou du moins avant la communion !
Les prêtres en revanche jeûnaient jusqu'à la fin de la troisième messe (la messe du jour) !
Nous étions très loin des repas pantagruéliques du 24 décembre au soir...
C'est une bonne explication des "Trois messes basses" le conte d'Alphonse Daudet. Pour pouvoir manger pendant le jour de Noël dès le matin, et plutôt dans la nuit, le prêtre dit trois messes basses à la suite : la messe de minuit, la messe de l'aurore et la messe du jour.
Voici le début du conte :
— Deux dindes truffées, Garrigou ? ...
— Oui, mon révérend, deux dindes magnifiques bourrées de truffes. J’en sais quelque chose, puisque c’est moi qui ai aidé à les remplir. On aurait dit que leur peau allait craquer en rôtissant, tellement elle était tendue...
— Jésus-Maria ! moi qui aime tant les truffes ! ... Donne-moi vite mon surplis, Garrigou... Et avec les dindes, qu’est-ce que tu as encore aperçu à la cuisine ? ...
— Oh ! toutes sortes de bonnes choses... Depuis midi nous n’avons fait que plumer des faisans, des huppes, des gelinottes, des coqs de bruyère. La plume en volait partout... Puis de l’étang on a apporté des anguilles, des carpes dorées, des truites, des...
— Grosses comment, les truites, Garrigou ?
— Grosses comme ça, mon révérend... Énormes ! ...
— Oh ! Dieu ! il me semble que je les vois... As-tu mis le vin dans les burettes ?
— Oui, mon révérend, j’ai mis le vin dans les burettes... Mais dame ! il ne vaut pas celui que vous boirez tout à l’heure en sortant de la messe de minuit. Si vous voyiez cela dans la salle à manger du château, toutes ces carafes qui flambent pleines de vins de toutes les couleurs... Et la vaisselle d’argent, les surtouts ciselés, les fleurs, les candélabres ! ... Jamais il ne se sera vu un réveillon pareil. Monsieur le marquis a invité tous les seigneurs du voisinage. Vous serez au moins quarante à table, sans compter le bailli ni le tabellion... Ah ! vous êtes bien heureux d’en être, mon révérend ! ... Rien que d’avoir flairé ces belles dindes, l’odeur des truffes me suit partout... Meuh ! ...
— Allons, allons, mon enfant. Gardons-nous du péché de gourmandise, surtout la nuit de la Nativité... Va bien vite allumer les cierges et sonner le premier coup de la messe ; car voilà que minuit est proche, et il ne faut pas nous mettre en retard...
Gardons-nous donc du péché de gourmandise ou d'ivrognerie et songeons qu'aujourd'hui, dans l'esprit de la liturgie, c'est encore pénitence jusqu'à minuit, pour nous préparer à la venue du Sauveur qui n'est pas encore ici :
"(...) elle enfantera un fils à qui tu donneras le nom de Jésus : car ce sera lui qui sauvera son peuple, en le délivrant de ses péchés." Mathieu chapitre 1
Pendant longtemps j'ai cherché à "comprendre" les mystères du péché originel, des péchés actuels, de Noël qui est aussi le mystère de Marie, mère de Dieu, et de tant et tant d'autres mystères. Depuis peu je tente de me délivrer de l'esprit cartésien. Je tâche d'imposer silence au discours intérieur. De sorte que me taisant un moment, je contemple les mystères ; et cette abstinence d'explication sublime ma raison ; ce silence éclaire le mystère de l'homme dans celui du Christ, elle résout obscurément l'énigme qu'est mon existence à moi-même, lui montrant son importance et la dignité de son être.
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