"Il ne peut y avoir fin de la collégialité en raison de ce que rapporte Jean-Paul II lui-même :
"3. Restant sauf le pouvoir d'institution divine que l'Évêque a dans son Église particulière, la conscience de faire partie d'un corps non divisé a amené les Évêques, au long de l'histoire de l'Église, à employer dans l'accomplissement de leur mission, des instruments, des organismes ou des moyens de communication qui manifestent leur communion et leur sollicitude pour toutes les Églises et qui continuent la vie même du collège des Apôtres: la collaboration pastorale, les consultations, l'aide mutuelle, etc.
Depuis les premiers siècles, cette réalité de la communion a trouvé une expression particulièrement appropriée et caractéristique dans la célébration des conciles, parmi lesquels, outre les Conciles œcuméniques, qui commencèrent avec le Concile de Nicée en 325, il faut mentionner aussi les conciles particuliers, pléniers ou provinciaux, qui furent célébrés fréquemment dans toute l'Église dès le deuxième siècle.(24)"
http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/motu_proprio/documents/hf_jp-ii_motu-proprio_22071998_apostolos-suos_fr.html
A la façon idéaliste, le lefebvrisme oppose l'institution divine que l'évêque a dans son église particulière avec le fait qu'il fait partie d'un collège. Il oppose également le collège épiscopal aux pouvoirs du pape.
Rien n'est plus cartésien et donc plus faux en théologie.
Il ne peut y avoir fin de la collégialité puisque la collégialité est apostolique et ne contredit pas l'autorité du pape, ni l'autorité de l'évêque sur son territoire. Elle fait partie, selon moi, de la constitution divine de l'Eglise.
Car l'abbé Laguérie prétend que :
Il y a dans la collégialité une ambiguïté redoutable, quel que soit le jugement que l’on porte sur ses fondements doctrinaux (nature collégiale du corps épiscopal, par exemple, telle que décrite aux numéros 22-23 de Lumen Gentium...). En théorie, elle fut introduite par le concile pour contre-balancer le pouvoir pontifical et prit la forme d’une ampliation vraiment extraordinaire du pouvoir épiscopal : sacramentalité de l’épiscopat, responsabilisation universelle de l’évêque, plénitude spirituelle de "l’économe de la grâce qui ressortit au suprême sacerdoce" (26) etc... En pratique, malgré et pourtant à cause d’elles, les mises en place des synodes romains et l’omnipotence donnée aux conférences épiscopales (antérieures cependant au concile) se concrétisèrent par un affaiblissement considérable de ce pouvoir, ou, plus exactement, à une déresponsabilisation personnelle de l’évêque. La charge épiscopale est devenue ainsi de plus en plus inconfortable, à la limite de la "mission impossible" ! Entre les prérogatives sublimes, mais théoriques, de l’évêque et son véritable pouvoir local, c’est le grand écart permanent. Les évêques consciencieux vous l’avoueront aisément et simplement. Ils sont un peu comme le roi Louis XIII qui confessait parfois à Richelieu : "mon pouvoir réel s’arrête aux quatre pieds de mon bureau" ! D’où la tendance innée et compréhensible (non excusable pour autant) de se retrancher toujours plus derrière le consensus général pour limiter sa responsabilité. Bigre, que le concile est loin... Car les bergers eux-mêmes n’échappent pas au grégaire."
Noter que l'abbé Laguérie donne une interprétation machiavélienne des textes conciliaires. "elle fut introduite par le concile pour contre-balancer le pouvoir pontifical" c'est dans le Figaro ou dans "Le monde" qu'il a lu cela, à moins que ce soit dans les disputes entre le P. Congar et Jean Madiran ? Tous voient dans les textes de l'Eglise des motifs machiavéliens. Rien n'est plus faux bien sûr puisque le machiavélisme est condamné par l'Eglise.
En réalité, il n'y a aucune antinomie. C'est une vérité que la collégialité, c'est une vérité que le pouvoir du pape, c'est une vérité que le pouvoir de l'évêque sur son diocèse. Tout cela coexiste et se consolide mutuellement dans la réalité.
Christus dominus semble résumer la doctrine de la collégialité ainsi :
Tête et les membres du collège, sont établis membres du corps épiscopal [8]. « L’ordre des évêques, qui succède au collège apostolique dans le Magistère et le gouvernement pastoral, bien mieux dans lequel le corps apostolique se perpétue sans interruption constitue, lui aussi, en union avec le Pontife romain, son chef, et jamais en dehors de ce chef, le sujet du pouvoir suprême et plénier sur toute l’Église, pouvoir cependant qui ne peut s’exercer qu’avec le consentement du Pontife romain [9]. Ce pouvoir s’exerce « solennellement dans le Concile œcuménique » [10]; aussi le Concile décide-t-il que tous les évêques, en qualité de membres du collège épiscopal, ont le droit de participer au Concile œcuménique. (extrait du § 4)
http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_decree_19651028_christus-dominus_fr.html
Il faudrait sans doute distinguer, cher, o très cher monsieur l'abbé (vraiment cher !), de la collégialité, les dispositions de droit positif actuellement en vigueur sur les conférences épiscopales. La collégialité est de constitution divine, les conférences épiscopales sont de droit positif.
Le droit positif, même ecclésial est toujours révisable, mais non moins obligatoire en conscience tant qu'il est en vigueur.
L'abbé Laguérie confond 1) la difficulté posée lorsque l'évêque, qui a un pouvoir divin sur son diocèse est contesté par ses fidèles, par son clergé ou par les bureaux (comme récemment Mgr Cattenoz évêque d'Avignon sur la révocation d'un curé, comme cela a été le cas de Mgr Lagrange de Gap), donnée de pur fait et de fait délictueux, avec celui posé 2) par les conférences épiscopales, disposition de droit positif ecclésial, avec celui 3) de la théologique de la collégialité.
Mais pour cela il faut étudier autre chose que les textes de ce pauvre Mgr Lefebvre, étudier autre chose que les textes de monsieur Madiran et autres moindres écrivains intégristes ou (c'est la même mentalité) les textes des gros médias.
Il faut se rendre sur le site du Vatican et étudier les textes des papes (de tous les papes) et des conciles et, après s'être soigneusement dépouillé de la mentalité intégriste, libérale et machiavélienne (elles coexistent souvent chez le même penseur), soigneusement classer, distinguer, usant de sa raison, les faits et les doctrines que l'on se propose de juger.
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