28.1.07

Selon Benoît XVI,le progrès moral de l'humanité exige la laïcité et non le laïcisme.

Laïcité ou laïcisme ?

Le Salon Beige reprend une nouvelle concernant nos cousins et amis du Québec.

http://lesalonbeige.blogs.com/

Leur premier ministre a demandé le retrait du crucifix qui orne le Parlement de la Province. Je n’ai évidemment pas à m’immiscer dans cette affaire québéquoise.

Cependant je saisis l’occasion pour reprendre ce qu’a dit Benoît XVI sujet de laïcité, laïcisme, progrès intellectuel :

Le 9 décembre 2006 Benoït XVI a pris position sur les signes religieux dans la vie laïque :

"Au contraire, la religion, étant également organisée en structures visibles, comme cela a lieu pour l'Eglise, doit être reconnue comme présence communautaire publique. Cela comporte en outre qu'à chaque confession religieuse (à condition qu'elle ne soit pas opposée à l'ordre moral et qu'elle ne soit pas dangereuse pour l'ordre public), soit garanti le libre exercice des activités de culte - spirituelles, culturelles, éducatives et caritatives - de la communauté des croyants. »

C’est le rappel de la déclaration Dignitatis Humanae de Vatican II. Il est normal que la religion soit visible publiquement.

« A la lumière de ces considérations, l'hostilité à toute forme d'importance politique et culturelle accordée à la religion, et à la présence, en particulier, de tout symbole religieux dans les institutions publiques, n'est certainement pas une expression de la laïcité, mais de sa dégénérescence en laïcisme. » ibidem

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2006/december/documents/hf_ben_xvi_spe_20061209_giuristi-cattolici_fr.html

Bien mieux, la religion peut être visible dans les institutions publiques, même laïques. Les symboles religieux ont donc leurs places dans les institutions publiques. Vouloir les interdire est une expression de l’idéologie laïciste. Cette idéologie veut reléguer la religion dans la sphère privée. Elle veut de même interdire tout signe religieux public.

La religion a donc son mot à dire aussi dans le domaine politique et culturel. Non pas, naturellement pour dicter leur politique aux dirigeants, ni leurs œuvres aux artistes mais pour « donner un contenu à la liberté ».

Le Christ-Roi n’est pas la dictée d’une politique, mais au contraire fait régner une saine liberté. Il protège cette liberté.

L’encyclique de Pie XI sur le Christ-Roi, Quas Primas du 11 décembre 1925, de sont côté enseigne que le Christ-Roi n'est pas contraire à une saine liberté :

"Si les hommes venaient à reconnaître l'autorité royale du Christ dans leur vie privée et dans leur vie publique, des bienfaits incroyables - une juste liberté, l'ordre et la tranquillité, la concorde et la paix -- se répandraient infailliblement sur la société tout entière."

Benoît XVI dans l'avion qui le conduisait en Turquie

« Nous, Européens, devons repenser notre raison laïque, laïciste (…) [et la Turquie doit] réfléchir avec nous sur la façon de reconstruire (…) ce lien (…) entre raison ouverte, tolérante, qui a comme élément fondamental la liberté, et les valeurs qui confèrent son contenu à la liberté. »

Entretien avec les journalistes et cameraman dans l'avion qui l'emmenait à Istamboul le 28 novembre 2006. (Site du Vatican)

Il est donc fondamental pour la laïcité de reconnaître la liberté non seulement des individus, mais encore des sociétés et des cultures. Benoît XVI poursuit en effet (discours sur la laïcité)

L’autonomie de la sphère laïque est une « exigence [...] pleinement légitime : non seulement elle est revendiquée par les hommes de notre temps, mais elle correspond à la volonté du Créateur. C'est en vertu de la création même que toutes choses sont établies selon leur consistance, leur vérité et leur excellence propres, avec leur ordonnance et leurs lois spécifiques. »

« Toutes choses » désigne donc aussi les sociétés et les cultures.

« Ce n'est donc pas l'Eglise qui peut indiquer quelle organisation politique ou sociale il faut préférer, mais c'est le peuple qui doit décider librement des façons les meilleures et les plus adaptées d'organiser la vie politique. Toute intervention directe de l'Eglise dans ce domaine serait une ingérence indue. »

Le Christ-Roi, c'est aussi la liberté et son contenu, car la vérité et la loi morale rendent libre.

Le pape finit en remarquant que le concept de laïcité n’est pas définitivement élaboré :

« Il est alors du devoir de tous les croyants, en particulier les croyants dans le Christ, de contribuer à élaborer un concept de laïcité ». Ce concept doit naturellement rester conforme aux principes exposés.

« Il s'agit de montrer que sans Dieu, l'homme est perdu et que l'exclusion de la religion de la vie sociale, en particulier la marginalisation du christianisme, mine les bases mêmes de la coexistence humaine. Avant d'être d'ordre social et politique, ces bases sont en effet d'ordre moral. » Retour donc au Christ-Roi qui est la base même des sociétés humaines.

Il me semble que l’identité des sociétés et peuples européens peut s’appuyer sur cette légitime autonomie de la laïcité, sans perdre de vue les exigences morales de l’Evangile qui sont d’ailleurs consubstantielles à la culture européenne.

A ce propos, il est vain de s’accrocher à des conceptions surannées, celles notamment qui ont pris corps au XIXème siècle et se sont développées au XXème, et cela en raison des progrès accomplis en matière de droit et de culture notamment : « Chers juristes, nous vivons une période historique exaltante en raison des progrès que l'humanité a accomplis dans de nombreux domaines du droit, de la culture, de la communication, de la science et de la technologie. » conclut le pape.

Je sais que le pape pense, à juste titre, que les Lumières ont été un progrès, un développement du message évangélique.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

On retire les signes et les objets religieux des lieux publics mais d'un autre côté il y a de plus en plus de gens portant des signes religieux dans ces mêmes endroits publics. On ne retire que les signes chrétiens.

Quand je me promène je crois encore de nombreux petits "calvaires" anciens dans la nature, et je me demande combien de temps ils vont rester là. Ils ne sont pas suffisamment visibles pour être considérés comme des monuments historiques.

Bonne semaine à vous, Denis.