11.1.07

"Etre et parler français" de P.-M. Coûteaux

« Etre et parler français » de Paul-Marie Coûteaux.

Monsieur Paul-Marie Couteaux est un partisan de la francophonie et adversaire du parler anglais. Il est encore plus un partisan de la France. C’est un gaulliste convaincu. Il est directeur de « L’Indépendance » et a publié « De Gaulle Philosophe » et « Ne laissons pas mourir la France »

Curieux quand même que pour un amateur de la France et de la langue française le titre soit un solécisme. En effet le terme unique de « français » est employé en deux sens différents à la fois. Il ne peut y avoir, si mes souvenirs sont bons, construction par l’emploi d’un seul terme en deux sens. Il aurait fallu écrire « Etre Français et Parler français » Et cela d’autant plus que le termes est deux. « Français » et « français » sont deux termes différents et là il n’y en a qui doit suppléer par allusion, le défaut du terme « Français ».

A moins que, plus vraisemblablement, l’auteur ait voulu signifier qu’il s’agissait d’être tout court, et de parler français. Dans ce cas, je ne vois pas le rapport entre ce terme très général d’ « être » et celui spécial, de « parler français ». Bien d’autres langues existent et sont parlées par des ETRES humains, ils n’en sont pas moins des êtres, sans parler français. C’est aller trop loin que d’écrire que notre être est exclusivement constitué par notre culture. Notre culture (de plus non absolument originale) n’est qu’un des éléments de notre être.

D’une façon générale les propos du livre sont, selon moi, excessifs, surtout dans ses conclusions.

Monsieur Coûteau souligne l’importance de la langue maternelle dans la formation de l’esprit. Selon lui, la langue nous permet de penser, et, certes, c’est vrai. Mais également, la pensée nous permet de parler. Les deux sont vrais.

L’auteur souligne que, selon lui, l’on ne peut avoir deux langues maternelles. La langue maternelle est nécessaire à la structuration de la pensée. La langue maternelle est celle dans laquelle nous traduirons les autres langues. Ces langues étrangères que nous ne possèderont jamais comme notre langue maternelle.

Certains grands auteurs pourtant ont pu être grands dans deux langues (Giorgiu en roumain et en français, Julien Green et Etienne Gilson en anglais et en français et bien d’autres…)

La langue nous fait. Notre être, notre pensée dépendent de notre langue.

La chance de parler français est une chance pour nous autres. Le français est aussi une chance pour l’humanité. Je pense que des écrivains se sont mis à écrire en français alors qu’ils avaient une langue maternelle différente, parce que le français est une merveille pour l’expression et l’élaboration de la pensée. Il explique clairement, il a un souci d’ordre et de clarté qui est, je crois, sans équivalent. Chaque langue a son génie, je dénigre, en disant cela, aucune langue dans le monde. Mais le français est un joyau.

En page 324 Monsieur Coûteau raconte : « L’autre jour, je m’amusais, on s’amuse comme on peut, à regarder le programme de concours d’attaché d’administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d’interroger les concurrents sur la Princesse de Clèves. Je ne sais pas cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu’elle pensait de la Princesse de Clèves ! » (…) et Monsieur Coûteaux commente : « faire rire une salle en moquant la langue classique est un crime contre la nation. Quant à l’idée que l’Ecole n’enseigne plus que le nécessaire économique, qu’elle ne fait pas des Français, mais un agent économique, qu’elle ne fait pas des Français, mais un agent économique, guichetière, ingénieur informaticien, c’est pis qu’un crime, c’est une erreur de grande envergure. »

On ne peut être que d’accord avec Monsieur Coûteaux sur la nécessité de la culture générale française pour faire d’abord de bons Français qui seront de bons agents économiques. L’éducation américaine qui néglige la culture générale ne fait pas toujours de bons agents économiques.

Mais je le trouve un peu excessif, sa pensée aurait besoin de se modérer et de se clarifier.

Notre ministre de l’éducation a récemment décidé que l’anglais ne soit plus enseigné qu’après le cours élémentaire. Il a peut-être été influencé par le livre de Monsieur Couteau.

« Etre et parler français » Librairie Académique Perrin 2006 397 pages.

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