5.4.16

Pour Paul Ariès l'Église est "intrinsèquement perverse"

Paul Ariès dit dans son interview sur le pape François:
 « J’ai toujours revendiqué mon athéisme natif mais je n’ai jamais considéré que la religion serait uniquement un opium du peuple, bien que l’Eglise, en tant qu’institution soit « intrinsèquement perverse ». Elle a toujours pactisé avec les puissants contre les peuples. J’ai collaboré depuis trente ans à de nombreuses revues catholiques comme Golias, Relations, revue éditée par les jésuites du Québec, Lumière et vie, revue dominicaine, je suis même édité au Brésil par les éditions Loyola du nom du fondateur de l’ordre des Jésuites. Ce livre n’aurait pas été possible sans l’aide de multiples réseaux qui n’osent pas notamment dans l’Eglise dire tout haut ce qu’ils pensent tout bas. »

D'abord une institution ne peut être intrinsèquement perverse. Une institution fait du bien au moins à certains. Le parti communiste n'est pas intrinsèquement pervers. Il rend des services. C'est la doctrine (en laquelle les communistes ne veulent voir qu'une "théorie" [prétendument scientifique]) qui est intrinsèquement perverse en ce qu'elle voit le bien principal dans la haine. La pensée de monsieur Ariès sur ce point est donc absurde.

L'Église en tant qu'institution n'est fondée que sur la foi. Elle n'est pas une nécessité naturelle comme la famille ou l'État. Elle n'est et n'agit dans l'humanité, selon le mot de Paul VI, que comme "experte en humanité".

« Experte en humanité, l'Eglise, sans prétendre aucunement s'immiscer dans la politique des Etats, "ne vise qu'un seul but: continuer, sous l'impulsion de l'Esprit consolateur l'œuvre même du Christ venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour condamner, pour servir, non pour être servi" (12). Fondée pour instaurer dès ici-bas le royaume des cieux et non pour conquérir un pouvoir terrestre, elle affirme clairement que les deux domaines sont distincts, comme sont souverains les deux pouvoirs ecclésiastique et civil, chacun dans son ordre (13). Mais, vivant dans l'histoire, elle doit "scruter les signes des temps et les interpréter à la lumière de l'évangile" (14). Communiant aux meilleures aspirations des hommes et souffrant de les voir insatisfaites, elle désire les aider à atteindre leur plein épanouissement, et c'est pourquoi elle leur propose ce qu'elle possède en propre: une vision globale de l'homme et de l'humanité. »

Si tous les hommes perdaient la foi, l'Église n'existerait plus. L'Église ne s'impose pas par la force brutale, mais par la force de sa doctrine qui, seule selon Paul VI, possède une vision globale de l'homme et de l'humanité. C'est-à-dire propose, seule, un discours abstrait sur l'être humain et concret sur l'histoire de l'humanité et ses devoirs actuels. L'Église est donc fondée sur la liberté des êtres humains. Pourquoi des êtres humains pauvres et malades choisiraient-ils librement une institution intrinsèquement perverse dont le but serait de leur faire du mal ? C'est absurde.

C'est sans doute dans Pie XI (Divini Redemptoris) que l'on va trouver la clé de la pensée de monsieur Ariès :



« C'est pourquoi ils s'efforcent de rendre plus aigus les antagonismes qui surgissent entre les diverses classes de la société; la lutte des classes, avec ses haines et ses destructions, prend l'allure d'une croisade pour le progrès de l'humanité. »

Pour Paul Ariès l'Église est "intrinsèquement perverse" car elle ne prêche pas la haine et maintient ainsi le petit peuple dans l'ignorance qu'il doit haïr une partie de l'humanité. Car la haine des peuples pour les puissants et des puissants pour les peuples, c'est le bien, c'est le moteur du progrès. Pour Ariès, l'Église est perverse parce qu'elle est du côté exclusif des puissants en trompant les pauvres. (Ce qui d'ailleurs, si c'était vrai, ne la constituerait pas "intrinsèquement perverse" puisqu'elle serait en faveur du bien d'une catégorie humaine, un peu comme un syndicat).

Ainsi un adepte du communisme "intrinsèquement pervers" pour lequel n'existe aucun droit de l'homme, juge l'Église comme institution "intrinsèquement perverse" car elle prêche les droits universels de l'homme. Donc les droits des riches et des puissants.

C'est cet individu, au discours  fait de méfiance, de jugements arbitraires, violents et péremptoires, qui fut invité, moyennant l'argent public, à former l'esprit des juges français à l'École nationale de la magistrature...

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