Les lefebvristes sont dès longtemps partis en guerre picrocholine (1) contre le "culte de l'homme" que Vatican II aurait promu.
Ils ne cessent de citer ce passage de Gaudium et spes:
« 1. Croyants et incroyants sont généralement d’accord sur ce point : tout sur terre doit être ordonné à l’homme comme à son centre et à son sommet. »
Cloître des Jacobins, Toulouse |
Comme si en enseignant cela les pères conciliaires avaient condamné ou passé sous silence le culte à rendre à Dieu. Toujours la malveillance et la méfiance... La bienveillance et la confiance sont des vertus nécessaires à l'acquisition des connaissances.
Mgr Tauran croit en l’homme probablement en ce sens donné par Hamlet de Shakespeare :
« Quel chef-d’œuvre que l’homme ! Qu’il est noble dans sa raison ! Qu’il est infini dans ses facultés ! Dans sa forme et dans ses mouvements, comme il est expressif et admirable ! par l’action, semblable à un ange ! par l'appréhension (2) [des universaux], semblable à un dieu ! C’est la splendeur du monde ! le parangon des animaux ! Et pourtant qu’est à mes yeux cette quintessence de poussière ? »
http://www.atramenta.net/lire/hamlet/2066/10#oeuvre_page (traduction légèrement modifiée par mes soins)
Et en langue originale:
« What a piece of work is a man! how noble in reason ! how infinite in faculty ! in form and moving how express and admirable ! in action how like an angel ! in apprehension how like a god ! the beauty of the world ! the paragon of animals ! And yet, to me, what is this quintessence of dust ? »
« infini dans ses facultés » car par elles (mémoire, imagination, pensée abstraite), il transcende le temps et l’espace.
C’est très beau de « croire » en l’homme, image de Dieu ! Sans quitter des yeux qu’il n’est aussi, paradoxalement, que poussière. Le cardinal emploie le verbe « croire » probablement dans le sens d’avoir confiance. Je suis tout à fait d’accord avec lui.
(1) Picrochole (Bile amère) est un personnage comique de Rabelais, toujours de mauvaise humeur, préparant des guerres sans objet compréhensible.
(2) Lu dans Le Trésor de la langue française sur Lexilogos:
« Selon saint Thomas, les universaux existent à la fois ante rem, c'est-à-dire dans l'entendement divin avant la Création, in re: dans les choses créées qui les actualisent, et post rem: dans l'esprit humain qui les conçoit (VaxLog.1982). »
Donc, par sa conception au moyen des universaux, l'homme rejoint l'entendement divin. C'est pourquoi Shakespeare dit que l'homme, par l'appréhension, est semblable à un dieu.
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