28.4.16

La religion qui évolue et la foi immuable depuis Adam

Qu’il est beau de contempler la religion immuable depuis le commencement du monde jusqu’à aujourd’hui. Voici un extrait du Discours sur l'histoire universelle (1681) de Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704):

« Sur tout, la religion et la suite du peuple de Dieu considérée de cette sorte, est le plus grand et le plus utile de tous les objets qu’on puisse proposer aux hommes. Il est beau de se remettre devant les yeux les états différents du peuple de Dieu sous la loi de nature et sous les patriarches ; sous Moïse et sous la loi écrite ; sous David et sous les prophètes ; depuis le retour de la captivité jusqu’à Jésus-Christ ; et enfin sous Jésus-Christ même, c’est à dire sous la loi de grâce et sous l’évangile : dans les siècles qui ont attendu le messie, et dans ceux où il a paru ; dans ceux où le culte de Dieu a été réduit à un seul peuple, et dans ceux où conformément aux anciennes prophéties il a été répandu par toute la terre ; dans ceux enfin où les hommes encore infirmes et grossiers, ont eu besoin d’être soutenus par des récompenses et des châtiments temporels, et dans ceux où les fidèles mieux instruits ne doivent plus vivre que par la foi, attachés aux biens éternels, et souffrant, dans l’espérance de les posséder, tous les maux qui peuvent exercer leur patience. Assurément, monseigneur, on ne peut rien concevoir qui soit plus digne de Dieu, que de s’être premièrement choisi un peuple qui fut un exemple palpable de son éternelle providence ; un peuple dont la bonne ou la mauvaise fortune dépendît de la piété, et dont l’état rendît témoignage à la sagesse et à la justice de celui qui le gouvernait. C’est par où Dieu a commencé, et c’est ce qu’il a fait voir dans le peuple juif. Mais après avoir établi par tant de preuves sensibles ce fondement immuable, que lui seul conduit à sa volonté tous les évènements de la vie présente, il était temps d’élever les hommes à de plus hautes pensées, et d’envoyer Jésus-Christ, à qui il était réservé de découvrir au nouveau peuple ramassé de tous les peuples du monde, les secrets de la vie future. 
Turin (Torino, Piemonte)

Vous pourrez suivre aisément l’histoire de ces deux peuples, et remarquer comme Jésus-Christ fait l’union de l’un et de l’autre, puis qu’ou attendu, ou donné, il a été dans tous les temps la consolation et l’espérance des enfants de Dieu. Voilà donc la religion toujours uniforme, ou plutôt toujours la même dés l’origine du monde : on y a toujours reconnu le même Dieu, comme auteur, et le même Christ, comme sauveur du genre humain.
(…)

Plafond d'une salle adjacente au cloître des Jacobins, Toulouse
Quel témoignage n’est-ce pas de sa vérité, de voir que dans les temps où les histoires profanes n’ont à nous conter que des fables, ou tout au plus des faits confus et à demi oubliés, l’écriture, c’est à dire, sans contestation, le plus ancien livre qui soit au monde, nous ramène par tant d’événements précis, et par la suite même des choses, à leur véritable principe, c’est à dire, à Dieu, qui a tout fait ; et nous marque si distinctement la création de l’univers, celle de l’homme en particulier, le bonheur de son premier état, les causes de ses misères et de ses faiblesses, la corruption du monde et le déluge, l’origine des arts et celle des nations, la distribution des terres, enfin la propagation du genre humain, et d’autres faits de même importance dont les histoires humaines ne parlent qu’en confusion, et nous obligent à chercher ailleurs les sources certaines ?
Que si l’antiquité de la religion lui donne tant d’autorité, sa suite continuée sans interruption, et sans altération durant tant de siècles et malgré tant d’obstacles survenus, fait voir manifestement que la main de Dieu la soutient. Qu’y a-t-il de plus merveilleux que de la voir toujours subsister sur les mêmes fondements dés les commencements du monde, sans que ni l’idolâtrie et l’impiété qui l’environnait de toutes parts, ni les tyrans qui l’ont persécutée, ni les hérétiques et les infidèles qui ont tâché de la corrompre, ni les lâches qui l’ont trahie, ni ses sectateurs indignes qui l’ont déshonorée par leurs crimes, ni enfin la longueur du temps qui seule suffit pour abattre toutes les choses humaines aient jamais été capables, je ne dis pas de l’éteindre, mais de l’altérer ? »

Bossuet Discours sur l’histoire universelle Seconde partie, Suite de la religion I

Cloître des Jacobins, Toulouse


Aujourd’hui on préfère (cardinal Ratzinger reprenant Hans Kung lequel finalement ne fait qu'expliciter Bossuet) distinguer plus nettement la religion, toujours perfectible, de la foi en la parole de Dieu, immuable. Bossuet d'ailleurs ne nie pas les progrès nécessaires et effectifs dans la religion universelle de génération en génération depuis Adam et Ève jusqu’à nos jours. Cette remarque faite, comment ne pas admirer l’unique foi depuis le commencement de l’humanité jusqu’à aujourd’hui. Il n’y a qu’une seule foi, qu’un seul Dieu. Cette unique foi en Jésus sauveur, tout en promouvant les progrès de la religion, nous unit à nos parents depuis le XXIe siècle jusqu’à Adam et Ève et d’Adam et Ève jusqu’à nos jours. Quelle amplitude dans la piété ! Quelle est belle cette unité dans l'évolution !

À travers le résumé de l'histoire de la religion depuis la création d'Adam et Ève jusqu'à la fondation de l'Église, puis son évolution jusqu'à nos jours, le fil immuable de la foi en la parole de Dieu !

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