13.1.11

L'opinion d'un général censurée sur le site du Figaro

Constatant la différence de traitements médiatiques arbitraire entre le sort des otages et les tués français en dehors du territoire national, le général Roudeillac avait posté un commentaire sur le site du Figaro. Les responsables du site on refusé le commentaire. C'est leur droit.

Ce commentaire émanant d'un officier général étant d'un grand intérêt, je le publie, le tirant du site "Soldats de France" site de soutien aux soldats français en opération :

"Deux Français se font tuer au Niger, un sous-officier français se fait tuer en Afghanistan. Que font les médias? Face à ces trois destins cruels, ils relèguent au second plan de leurs préoccupations la mort en service du militaire français, pour commenter à souhait la fin tragique de deux hommes, qui avaient fait le choix de se rendre au Niger, pour des raisons qui leur étaient propres. Et en cela réside la différence avec le 53° militaire tué au combat. Ce militaire s'est rendu en Afghanistan sur ordre de la France ou plus exactement sur ordre des représentants politiques des Français. Cette obéissance aux décisions de la Nation mériterait de ne pas passer au second plan. Ce sous-officier tué au combat mérite donc notre compassion. La France doit se sentir responsable de ce qui lui est arrivé. Les médias feraient bien de souligner la grandeur du sacrifice consenti et du métier des armes, la noblesse de l'obéissance aux décisions de la démocratie, le respect que se doit d'avoir la nation à l'égard de ses armées et de ses enfants qui acceptent de servir, sans compter. Mais le plus insupportable demeure l'indifférence, voire le mépris de certains faiseurs d'opinion, convaincus de détenir la vérité."


Le reproche de croire détenir la vérité ne me semble pas pertinent, nous croyons tous détenir la vérité, ce n'est pas un défaut. Un défaut, serait de ne pas accepter de réviser et purifier nos opinions, de progresser dans la connaissance de la vérité. Mais c'est autre chose.

En revanche l'argument qui différencie ceux qui voyagent pour convenance personnelles et sont tués au cours de ce voyage, ceux qui voyagent pour informer les populations donc pour satisfaire un service public et sont arbitrairement détenu, ceux qui sont tués au cours d'un voyage pour motifs humanitaires et ceux qui meurent sont envoyés en service commandé constitue une distinction valide. Il ne faut cependant pas en exagérer la portée. Il me semble qu'un traitement différencié des revendications de sécurité et de liberté et de retentissement médiatique n'est valable que dans une maigre proportion motivé par les différences de motif du déplacement. Dans ce cadre la différence de traitement entre les otages en Afghanistan et les autres otages semble bien résulter d'un réflexe corporatiste injustifié, l'absence de retentissement médiatique sérieux lors de décès de soldats en service commandé n'est pas justifiable non plus, mais les médias ne sont peut-être pas responsable de ce fait.

Car il serait tout à fait convenable que l'Etat, directement responsable de ceux à qui il fait courir un danger en leur commandant un service, leur rende un hommage spécial. L'hommage de l'Etat aux cinquante-trois soldats français tombés en service commandé ne semble pas être suffisant aujourd'hui. Cet hommage spécial, s'il existait serait très probablement diffusé par les médias. Mais de cette absence, les médias n'ont aucune responsabilité. Sans hommage spécial du gouvernement qui les envoie courir des risques aux services de la démocratie et des droits de l'homme, les médias ne sont pas responsables du relatif silence.

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