11.1.11

Le diocèse d'Avignon, Mgr Cattenoz et la liberté religieuse

Dans l'affaire de la révolte des militants catholiques contre leur évêque, je fais observer aux révoltés qu'ils violent la liberté religieuse des catholiques d'Avignon et du diocèse d'Avignon.

En France, dans la tradition révolutionnaire (manifestation juridique éclatante dans la "Constitution civile du clergé" - 12 juillet 1790 -, que l'on peut analyser comme une dérive du gallicanisme), l'Église catholique de France est une sorte de service public de prières et de culte. Comme tout service public il dépend de l'Etat, c'est-à-dire en dernière analyse, du peuple.

Cette conception n'est pas conforme à la doctrine catholique, c'est la liberté religieuse des catholiques de l'affirmer. Pour les catholiques, l'Église est libre, indépendante de tout pouvoir politique et, par conséquent, du peuple. L'Église fondée par Jésus-Christ n'existait pas avant Jésus-Christ. L'Église n'est pas de nécessité vitale naturelle pour l'homme. L'humanité existait avant l'Eglise fondée à la Pentecôte et elle peut exister en dehors de l'Eglise. Nous en avons une preuve historique. Sur le plan juridique laïc, nous savons que de nombreux êtres humains existent actuellement en dehors de l'Eglise (sur le plan spirituel, c'est une autre question).

D'ailleurs des vérités se disent en dehors de l'Église et l'Église les accepte et les promeut infailliblement (infailliblement selon la foi catholique). C'est le cas des droits fondamentaux et naturels de l'homme qui sont une donnée rationnelle fondamentale de la vie en commun et qui ont été mis en lumière en vue de leur protection par un Juif (René Cassin) et un acatholique (Stephane Hessel). Donc l'Eglise, sur certains points de sa doctrine, renvoie aux conclusions de la raison universelle de l'homme. On peut donc œuvrer légitimement en dehors de l'Église et en accord avec l'Église.

Donc selon les données de la raison confirmées par la foi, l'Eglise n'est pas un service public, elle est libre, l'adhésion des citoyens à la foi catholique est libre, leur départ de l'Eglise est aussi libre. Elle ne nie pas l'ordre naturel dans lequel elle trouve la liberté religieuse.

C'est donc librement que le catholiques sont catholiques. C'est en faisant usage de leur liberté religieuse qu'ils sont catholiques. Ce faisant ils forment un acte simple de foi. Il adhèrent à la foi, mais ne peuvent y porter la main. Ils sont libres, l'Église est libre à leur égard.

Or selon la constitution surnaturelle de l'Eglise, l'évêque, successeur des apôtres, est le chef du diocèse ; sous certaines conditions, il est le représentant de Dieu. Il doit être en communion avec le pape, chef de l'Eglise universelle, représentant de Dieu dans certaines matières et sous certaines conditions. Donc c'est la liberté religieuse des catholiques de croire cela : ils croient en l'Église.

Ceux qui veulent destituer l'évêque de leur propre chef, même ceux qui veulent diminuer son autorité, violent la liberté religieuse, la liberté de conscience des catholiques. S'ils ne sont pas d'accord avec cette foi, ils peuvent, selon le droit naturel (mais ce qu'à Dieu ne plaise !), fonder une société conforme à leurs principes en dehors de l'Eglise ou cesser toute militance, mais ils n'ont aucun titre à s'immiscer de leur propre chef dans le fonctionnement de la société Église en dehors des recours légaux ecclésiastiques (recours judiciaires toujours longs et aléatoires, comme partout). Car en voulant porter la main sur l'Eglise, ils violent la liberté religieuse des croyants catholiques.

On lit au premier livre des Chroniques :

"I Ch 13,9. Mais, lorsqu'on fut arrivé près de l'aire de Chidon, Oza étendit sa main pour soutenir l'arche, car un des bœufs l'avait fait un peu pencher en regimbant.
I Ch 13,10. Alors le Seigneur s'irrita contre Oza, et le frappa pour avoir touché l'arche, et il tomba mort devant le Seigneur."

Traduction Fillion du site "magnificat"

Oza conduisait le char qui portait l'arche. Il était délégué à cet office par le saint roi David. Mais il était interdit par le Seigneur de toucher l'arche qui contenait les tables en pierre sur lesquels Dieu lui-même avait gravé les dix commandements. Seuls les lévites avaient ce pouvoir (1 Ch 15,2). Personne dans l'Église enseignée n'est autorisé ni à toucher l'Église ni à toucher l'Église (dont l'arche était une représentation), même pour la soutenir. Personne n'est autorisé à violer la liberté religieuse de ses coreligionnaires en usurpant une autorité ou en voulant diminuer une autorité, même s'il agit collectivement. L'Église est un mystère de foi, protégé par la liberté religieuse. Elle est d'un autre ordre que l'ordre naturel, Elle est sacrée.

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