7.10.09

Blaise Pascal contre René Descartes

Dans son "Discours de la méthode" (publié en 1637) Descartes semble prendre pour critère de la vérité d'une idée sa clarté :

"Car, premièrement, cela même que j'ai tantôt pris pour une règle, à savoir que les choses que nous concevons très clairement et très distinctement sont toutes vraies, n'est assuré qu'à cause que Dieu est ou existe, et qu'il est un être parfait, et que tout ce qui est en nous vient de lui : d'où il suit que nos idées ou notions, étant des choses réelles et qui viennent de Dieu, en tout ce en quoi elles sont claires et distinctes, ne peuvent en cela être que vraies. En sorte que si nous en avons assez souvent qui contiennent de la fausseté, ce ne peut être que de celles qui ont quelque chose de confus et obscur, à cause qu'en cela elles participent du néant, c'est-à-dire qu'elles ne sont en nous ainsi confuses qu'à cause que nous ne sommes pas tout parfaits."

Selon Descartes les idées claires et distinctes sont "toutes vraies", alors que les idées confuses et obscures contiennent nécessairement de "la fausseté". Noter tout de même qu'il ne prétend pas que toute idée confuse est fausse, mais seulement qu'elle "contient de la fausseté".

Cela vient de l'extension de la méthode mathématique à l'ensemble du savoir. Ce critère est celui de l'idéalisme. Ce ne sont pas les choses qui sont vraies, mais les idées. En mathématique seule s les idées comptent.

Blaise Pascal (mort en 1662) contredit Descartes.

A propos de la vérité (In Pensées 82 in fine édition Brunschvicg)

"La justice et la vérité sont deux pointes si subtiles, que nos instruments sont trop mousses pour y toucher exactement. S'ils y arrivent, il en écachent la pointe, et appuient tout autour, plus sur le faux que sur le vrai."


Ou pensée 194, même édition, à propos de l'immortalité de l'âme humaine :

Cette idée de l'immortalité de l'âme est-elle de celles "qui, quoique obscures d'elles-mêmes, ont néanmoins un fondement très solide et inébranlable" ? Une idée confuse peut donc avoir un fondement inébranlable et j'ajouterais être entièrement juste et correspondre à la vérité de l'être.

Ainsi pour Pascal une idée obscure peut néanmoins avoir un fondement inébranlable, et même nous ne pouvons jamais arriver intellectuellement, à la vérité, sans y mêler quelques erreurs ou plutôt sans toucher à quelques zones où notre idée sera fausse (notre esprit écrase - écache - la vérité), ni à la justice sans y mêler quelques injustices. Mais il serait faux d'en déduire que nous ne pouvons arriver ni à la vérité, ni à la justice, car des idées ont un "fondement très solide et inébranlable".

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