21.8.11

Opposition entre Dignitatis humanae et Quanta cura

Les sédévacantistes se plaisent à opposer proposition à proposition le Syllabus et Dignitatis humanae. Ils citent par exemple Quanta cura

« De plus, contre la doctrine de la sainte Écriture, de l’Église et des saints Pères, ils affirment sans hésitation que :
« la meilleure condition de la société est celle où on ne reconnaît pas au pouvoir le devoir de réprimer par des peines légales les violations de la loi catholique, si ce n’est dans la mesure où la tranquillité publique le demande. [A]
« En conséquence de cette idée tout à fait fausse du gouvernement des sociétés, ils ne craignent pas de soutenir cette opinion erronée, funeste au maximum pour l’Église catholique et le salut des âmes, que Notre Prédécesseur Grégoire XVI, d’heureuse mémoire, qualifiait de “délire” :
« La liberté de conscience et des cultes est un droit propre à chaque homme ; [B]
« ce droit doit être proclamé et garanti par la loi dans toute société bien organisée.»

La liberté religieuse fonde la liberté qu'ont les peuples de réprimer les violations de la loi catholiques dont l'État reste libre de s'inspirer. Exemple : un État qui déciderait de réprimer le travail du dimanche ne fait qu'exercer la liberté religieuse des membres de la cité d'imposer, dans la mesure de la raison universelle de l'homme, le repos dominical. Il en est de même en ce qui concerne l'indissolubilité du mariage qui peut librement être imposée par la législation laïque car elle n'a rien de contraire à la raison, au contraire. Mais ce n'est pas l'État qui l'enseigne, il s'inspire librement de la doctrine de l'Église qu'il n'a pas à enseigner.

Il est important de signaler que c'est "en conséquence de cette opinion" qu'il proclament la liberté de conscience. Cette liberté de conscience des libéraux est absolue et, comme telle, érigée en principe et condamnant par voie de conséquence l'organisation catholique de la société. Cette opinion est incohérente (on condamne absolument au nom de la liberté, un choix possible).

Donc, dans ce cadre, Pie IX ne taxe pas la liberté de conscience d'hérésie mais d'"opinion funeste" (donc, à supposer que l'opposition dénoncée par les sédévacantistes soit réelle, elle ne permettrait pas de taxer DH d'hérésie). La liberté de conscience telle que l'entend Dignitatis humanae est la liberté du jugement psychologique et moral de bonne foi. Ce jugement que l'on appelle "conscience" n'est valable que dans la mesure où il ne viole pas ou n'entraîne pas à violer la vérité des droits fondamentaux. Il en est de même pour la liberté des cultes qui n'est pas absolue (Dignitatis humanae ne dit pas le contraire).

Le "sédévacantisme" n'est pas sans intérêt car il fait progresser dans la compréhension de DH et du Syllabus et de "Quanta cura" qui sont nécessairement cohérents entre eux.

Jean-Paul II le 25 novembre 1994, avait donné aussi des clés d'interprétation de "Quanta cura" (1984) :

Particulièrement à partir des Encycliques Quanta Cura et Quod Apostolici Muneris, mes prédécesseurs Pie IX et Léon XIII ont manifesté avec force l’attention de l’Eglise à la question sociale et aux dangers des philosophies qui donnent le primat absolu à l’économie et au politique, au détriment de la personne humaine, « qui est et doit être le principe, le sujet et la fin de toutes les institutions sociales »[6].

En effet ces "philosophies sociales" voulaient (et veulent) organiser la société sans Dieu, et font de cette opinion funeste et incohérente un absolu qu'ils se permettent d'enseigner (de façon non moins incohérente). C'est parce qu'elle donne un primat absolu au politique que ces opinions ont été condamnées par les Pie IX. Les sédévacantistes se retrouvent dans le camp de ceux qui, comme les laïcistes, et sans aucun titre, enseignent que l'État détient une fonction d'enseignement qui s'imposerait aux consciences.

Quel gâchis que le sédévacantisme ! Car nous avons un urgent besoin de laïcs qui, dans le champ de leur mission, travaillent à un consensus favorable à la réorganisation de la société selon les principes catholiques (interdiction du divorce, de l'avortement, de la contraception, de la FIV reconnaissance de l'autorité doctrinale de l'Église, justice sociale, liberté religieuse et liberté de conscience, tolérance du mal etc.) et eux, comme les lefebvristes, s'enferment dans leur "bulle" d'erreurs stériles.

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