19.2.10

La seule loi naturelle selon Rousseau


Relisant le "Contrat social" de Rousseau dans la perspective ratzinguérienne, je tâche d'y trouver la loi qui oblige et la loi qui libère. La loi qui libère est fondamentalement la loi de nature. Si l'on obéit (1) à sa nature, on est libre, si on lui désobéit, on est esclave.

Mais quelle est cette loi de nature pour Rousseau dans "Du contrat social" ?

La première loi et la seule loi qui lui serait imposée est de « veiller à sa propre conservation, ses premiers soins sont ceux qu’il se doit à lui-même ». Il n’est donc pas libre des soins qu’il se doit. Mais il est libre des soins qu’il doit à ses semblables, du moins des premiers...

En définitive d'ailleurs les seuls soins qu'il doive à ses semblables si situent à l'intérieur de la "seule" société naturelle : la famille. (chapitre 1, "des première sociétés")

Mais où se trouve la source du seul amour social, soit celui du père pour ses enfants dans la "seule" société naturelle ? Il faut sans doute aller chercher la source de cet amour dans une formule obscure proposée par Jean-Jacques : « l’amour du père pour ses enfants le paie du soin qu’il leur rend », soit autrement formulé, le seul amour est celui du père pour ses enfants et puisqu’il n’est pas payé par l’amour de ses enfants ou par celui de sa femme pour lui, mais par rien d’autre que par son amour personnel pour ses enfants. Nous sommes dans une construction intellectuelle vraiment étrange. La mère est absente de l’exposé… Les seuls actes gratuits, les soins des enfants par le père, sont payés par l’amour du père pour ses enfants. L’amour lui-même a son départ et son terme dans le même individu, la satisfaction d’un sentiment personnel se paie par des soins à d’autres. Les enfants du père sont des êtres utiles à la satisfaction d’un sentiment personnel du père.

Ainsi même dans la famille, seule société naturelle, les autres, même les enfants du père, sont des êtres utiles… Même dans cette société naturelle, la première loi reste intacte : en soignant ses enfants, il se soigne lui-même, il assouvit un instinct intérieur première et seule loi à laquelle il doit obéissance.

(1) obéir semble venir de "écouter" en latin "oboedire" originellement "prêter l'oreille" voir le "Trésor de la langue française v° "obéir" "étymologie et histoire.

1 commentaire:

Unknown a dit…

L'être humain est un être social et par conséquent fait pour l'amour des autres. Le problème de JJR, c'est qu'il reste aveugle à cette dimension de l'être humain.

Pour lui, l'être humain doit s'aimer lui-même, et ne fera jamais que s'aimer lui-même, serait-ce lorsqu'il paraît aimer ses enfants. Dans cette perspective tout être humain autre que soi-même est pure utilité et nullement bien en lui-même. C'est le solipsisme social.

Bien sûr le père est important, mais la mère est sur un pied d'égalité avec le père, donc aussi importante.

Ne tombons pas d'un excès dans l'autre, il faut entre les parents une parfaite égalité, ce qui implique qu'ils soient autre chose que pure utilité l'un pour l'autre.