25.8.10

Le fidéisme ne peut justifier les droits de l'homme

On lit sur le Salon beige des extraits d'une déclaration d'un évêques étasuniens sur les questions de vie, ou plutôt d'attaques de la vie humaine : avortement, infanticide, euthanasie.

"Ce que je veux dire quand je parle de l’avortement, c’est ceci : son acceptation si largement répandue dans les pays occidentaux nous montre que, si nos institutions démocratiques ne sont pas fondées sur Dieu ou sur une vérité très haute, elles peuvent très facilement devenir des armes contre notre propre dignité d’hommes. Les valeurs auxquelles nous tenons le plus ne peuvent pas être défendues uniquement par la raison ou simplement pour elles-mêmes. Elles n’ont pas d’auto-affirmation ni de justification "interne". Il n’existe pas de raison intrinsèquement logique ou utilitaire en vertu de laquelle la société devrait respecter les droits de l’homme. Il y a encore moins de raison de reconnaître les droits de ceux dont la vie impose une charge à autrui, comme les enfants dans le sein de leur mère, les malades en phase terminale, ou les handicapés physiques ou mentaux."

La question de l'existence de Dieu est une question de raison : l'athéisme est déraisonnable. L'homme machine et la pensée "substance produite par le cerveau" sont des absurdités. Mais s'il reste cantonné au domaine "spéculatif", l'athéisme n'est pas dangereux pour les droits de l'homme.

En revanche les droits de l'homme à la liberté religieuse et à la vie sont, comme l'indique le terme "droit", des termes juridiques. Or le droit pour s'imposer à tous doit être fondé en raison. Sinon il manque le titre juridique à l'imposer.

Un jugement civil peut certes invoquer Jésus-Christ, voire l'islam ou le judaisme, mais il ne peut être motivé par des considérations surnaturelles, par des considérations de foi seraient-elles la foi en Jésus-Christ. Il lui faut une raison rationnelle pour avoir force obligatoire.

Que les vies des gens qui sont des "fardeaux" doivent être respectées et que ceux dont les vies ne sont que souffrances n'aient aucun droit au suicide, c'est aussi une question de morale et de droit et une question juridique, donc rationelle.

Personne n'a de titre à se suicider, personne n'a de titre à tuer un autre pour n'importe quel motif (hors la défense de sa propre vie, de guerre, de peine de mort mais ce ne sont que des apparences d'exception).

Et cette absence de titre est une donnée rationnelle ne serait-ce que parce que nous n'avons pas demandé à vivre et qu'en conséquence il est manifeste que pas plus notre vie que celle des autres ne nous appartiennent, elles appartiennent à Dieu.

Il est très dangereux de prétendre que seule la foi est garante des droits de l'homme. Les droits de l'homme sont fondés rationnellement.

Le fidéisme (d'ailleurs récemment condamné dans l'encyclique Caritas in veritate) fractionne la société car l'humanité est divisée de croyances. La foi n'a pas sa place dans les motifs du droit civil, même si le droit peut être confessionnel. Le fidéisme cloisonne l'humanité en groupes irréconciliables tenant des discours étanches les uns aux autres, elle condamne l'humanité à ce que l'on appelle un "dialogue de sourds". Il a des conséquences dramatiques sur la société. Il conduit à la tyrannie.

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