Comme l'abbé Laguérie s'interroge sur l'existence du mal et la perfection de Dieu et récuse le terme de "permettre" le mal, j'ai rédigé un commentaire, qui a peu de chance d'être publié, j'y ai ajouté un paragraphe sur l'homme.
Si l'homme peut pécher, c'est parce qu'il est très grand. La possibilité de pécher est à la fois un indice d'une faiblesse de la nature humaine, un indice d'un mystérieux péché originel (expression de Jean-Paul II) et une marque de la grandeur de l'homme, comme la maladie est une preuve de la santé, comme la misère est une marque de l'anomalie qu'elle est.
Cependant pour ne pas se tromper lisons le catéchisme de l'Eglise catholique :
http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P1D.HTM
catéchisme de l'Eglise catholique.
"412 Mais pourquoi Dieu n’a-t-il pas empêché le premier homme de pécher ? S. Léon le Grand répond : " La grâce ineffable du Christ nous a donné des biens meilleurs que ceux que l’envie du démon nous avait ôtés " (serm. 73, 4 : PL 54, 396). Et S. Thomas d’Aquin : " Rien ne s’oppose à ce que la nature humaine ait été destinée à une fin plus haute après le péché. Dieu permet, en effet, que les maux se fassent pour en tirer un plus grand bien. D’où le mot de S. Paul : ‘Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé’ (Rm 5, 20). Et le chant de l’‘Exultet’ : ‘O heureuse faute qui a mérité un tel et un si grand Rédempteur’ " (S. Thomas d’A., s. th. 3, 1, 3, ad 3 ; l’Exsultet chante ces paroles de saint Thomas)."
Les péchés, les malheurs (malheurs forcément passagers, car notre vie est "misérablement courte") ne sont permis par le Seigneur qu'en vue d'un plus grand bien. Quand on voit la photo de la tête du cadavre du P. Popielusko, avec ses traces d'atroces tortures : que voulait le Seigneur pour les tortionnaires ?
Il voulait, probablement qu'ils s'humilient, qu'ils voient où les avait conduit l'athéisme et ces péchés énormes n'étaient là que pour les humilier, donc pour les élever. De même pour la religieuse assassinée en Italie par des jeunes filles satanistes. Que voulait le Seigneur pour les criminelles ?
Le péché originel, les péchés actuels, les maladies, les catastrophes, les souffrances indicibles (Pompidou disait à sa femme à propos des souffrances dues à son cancer "Je n'aurais jamais cru que l'on pouvait souffrir comme cela.") insérés dans l'histoire sont des mystères liés au péché originel, aux péchés actuels et à l'existence de l'Adversaire.
Pour admettre cela, il nous faut sans doute quitter le monde des "idées claires et distinctes" pour savoir avec Pascal que notre discours "écache" la réalité.
"C'est cette vérité dont parle Pascal, si fine et si déliée, que nos instruments grossiers ne peuvent la toucher sans en écacher la pointe (CHATEAUBR., Mél. littér., 1826, pp. 214-215)." (In Trésor de la langue française v° "écacher")
L'imperfection que nous constatons et qui nous révolte parfois, est le signe qu'il existe un monde parfait auquel nous tendons de tout notre être. La notion d'injustice suppose la notion de justice, ellei nécessite la notion préalable de justice.
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