29.11.09

L'école contre-révolutionnaire inspiratrice d'Alleanza cattolica.

Dans ce post, je publie ma traduction de l'exposé de M. Introvigne sur la révolution et la contre-révolution.

Alleanza Cattolica se définit comme une association « contre-revolutionnaire ». Pouvez-vous préciser cette expression ?

Je voudrais partir de l’instruction de 1990 Donum veritatis de la Congrégation pour la doctrine de la foi, signée de celui qui était alors le cardinal Ratzinger, mais approuvée aussi par la Pape Jean-Paul II et donc a tous les effets du magistère du pape. Dans ce document il est expliqué que dans la théologie coexistent légitimement diverses opinions et diverses écoles, les quelles se servent – entre autres – de la philosophie, des sciences historiques et des sciences humaines pour élaborer des « propositions », « des dons faits à toute l’Eglise », moments de commencement d’un dialogue qui d’habitude comporte « beaucoup de corrections et d’extensions » avant que ce qui est le patrimoine d’une école devienne patrimoine de l’Eglise entière (n° 11). Mais cela ne signifie pas que toute école doive renoncer à avancer ses propositions : au contraire la « liberté de recherche » est « un des biens les plus précieux » (n.12), bien qu’une chose soit claire – c’est qu’à la fin c’est le Magistère qui juge des propositions de l’école et non l’inverse.

Si la doctrine sociale de l’Eglise est théologie morale – plus précisément, théologie morale sociale – il est évident que ce que Donum veritatis affirme pour la théologie en général vaut aussi pour la doctrine sociale. Ici aussi, il existe différentes écoles, qui coexistent légitimement et ont le droit – même le devoir précieux – d’avancer leurs propositions, même s’il est clair qu’à la fin ce sera au Magistère à juger ce qui convient dans ces propositions à toute l’Eglise, ce n’est pas aux écoles à s’arroger le droit d’utiliser sélectivement le Magistère.

Alleanza Cattolica privilégie, depuis ses commencements, l’école dite contre-révolutionnaire. Cette école a fait ses premiers pas en étudiant et critiquant le Révolution française, mais dans le cours de son développement historique à de plus en plus lu cette Révolution comme une partie d’un processus qui agresse la Chrétienté à partir au moins de la Renaissance et de l’Humanisme, passant par la rupture de l’unité chrétienne de l’Europe avec la Réforme, donc par l’Illuminisme, par le communisme et en général par les idéologies antichrétiennes et totalitaires qui s’affirment au XXème siècle, pour enfin aboutir dans le nihilisme et dans la révolution culturelle qui ont leur moment emblématique dans les événements de 1968 et dans l’attaque de celles que Benoît XVI appelle « les valeurs non négociables ».

Le même Benoît XVI, dans son discours tenu à Ratisbonne le 12 septembre 2006 et dans l’encyclique Spe salvi de 2007 – deux textes que Alleanza Cattolica considère comme particulièrement importants pour son apostolat, ensemble l’exhortation apostolique post-synodale de Jean-Paul II Reconciliatio et poenitentia, de 1984, qui indique les conditions et les étapes d’une possible recomposition de ce qui a été cassé et fragmenté – a décrit ce processus comme la rupture progressive de la synthèse entre les héritages grec et chrétien, et entre la foi et la raison. Les étapes principales de cet itinéraire, enseigne encore Benoît XVI, sont représentés par le fidéisme de Martin Luther (1483-1546), par le rationalisme et par le scientisme qui culminent dans cette forme d’illuminisme qui donne à la Révolution française ses caractères antichrétiens, par les idéologies des XIXème et XXème siècles, et enfin par le nihilisme désespérant de la révolution culturelle contemporaine. Considéré dans son ensemble, le processus est désigné par l’école contre-révolutionnaire sous le nom de Révolution.

Répondant à sa vocation propre de lutte contre cette Révolution qui a subverti et subvertit l’harmonie entre la foi et la raison, les racines chrétiennes de l’Europe et de l’Occident, et l’ordre naturel et chrétien, Alleanza cattolica met en relief ces valeurs, comme la tradition, la vie, la famille et la propriété privée (cette dernière, bien entendu, ainsi que l’entend l’analyse et la définit le Magistère social de l’Eglise), qui sont en diamétral désaccord avec les idéologies révolutionnaires.

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