4.5.09

La liberté de conscience selon la papauté, et mes commentaires

"Mais on peut l'entendre [la liberté de conscience] aussi en ce sens que l'homme a dans l'Etat le droit de suivre, d'après la conscience de son devoir, la volonté de Dieu, et d'accomplir ses préceptes sans que rien puisse l'en empêcher. Cette liberté, la vraie liberté, la liberté digne des enfants de Dieu, qui protège si glorieusement la dignité de la personne humaine, est au-dessus de toute violence et de toute oppression, elle a toujours été l'objet des voeux de l'Église et de sa particulière affection. C'est cette liberté que les apôtres ont revendiquée avec tant de constance, que les apologistes ont défendue dans leurs écrits, qu'une foule innombrable de martyrs ont consacrée de leur sang. Et ils ont eu raison, car la grande et très juste puissance de Dieu sur les hommes et, d'autre part, le grand et le suprême devoir des hommes envers Dieu trouvent l'un et l'autre dans cette liberté chrétienne un éclatant témoignage."

http://www.vatican.va/holy_father/leo_xiii/encyclicals/documents/hf_l-xiii_enc_20061888_libertas_fr.html

"Libertas" du 20 juin 1888.

Cependant, je pense que la traduction française n'est pas très bonne. Je n'ai pas réussi à avoir le texte original en latin, mais en italien cela donne :

"E meritatamente, in quanto questa libertà cristiana attesta ad un tempo il supremo e giustissimo potere di Dio sugli uomini e l’assoluto e primario dovere degli uomini verso Dio."

Ce que je traduirais plutôt "Et il l'ont fait à juste titre, parce que cette liberté chrétienne témoigne en même temps du suprême et très juste pouvoir de Dieu sur les hommes et l'absolu et du primaire devoir des hommes envers Dieu."

Observez que ce n'est pas la foi chrétienne qui confère des droits, mais la nature humaine.

Cette liberté ne date pas de Vatican II. C'est déjà la liberté religieuse dans l'Etat. Et la norme à opposer à l'autorité étatique est sa conscience. Cette liberté de conscience fondée sur la dignité de la personne est opposable à l'Etat, même si la conscience est erronée (dans l'erreur), comme, en fait, toutes nos consciences le sont sur un point ou un autre.

Chère Michèle, le "Christ-Roi" est une idéologie pour certains catholiques. Mais le Christ par son Eglise nous dit : "respectez les consciences même erronées" et cela depuis sa fondation au témoignage de Léon XIII. "d'après la conscience de son devoir", c'est bien la norme et ce n'est pas la foi qui donne le titre à la liberté mais la nature humaine. C'est pourquoi même les athées en bénéficient, car aucun être humain ne peut forcer un autre être humain à honorer le Seigneur ou à s'abstenir si sa conscience ne le lui dicte pas.

C'est pourquoi les idéologues du Christ-Roi sont les pires ennemis du Christ-Roi car il enrôlent de force le Seigneur et son Eglise dans leur parti politique. C'est un horrible blasphème. Personne n'est propriétaire du Seigneur ni de son Eglise.

Ce qui ne veut pas dire, mais au contraire implique, que le Christ-Roi puisse régner sur les sociétés si les êtres humains le réclament. C'est leur liberté religieuse et c'est en cela que je me sépare des laïcistes. Mais le règne du Christ sera celui de la liberté religieuse. Si un consensus s'exprime pour le Christ-Roi, les institutions étatiques respecteront et feront respecter la liberté religieuse et la liberté de conscience qui fait partie de la législation du Christ, elles respecteront et feront respecter les droits de l'homme.

Aucun commentaire: