28.7.13

Foi et bien commun

La foi n'est pas la langage commun de l'humanité parce que de nombreux humains n'ont pas la foi. Comme l'enseigne saint Thomas d'Aquin dans Contra gentes, avec les hérétiques on peut parler du Nouveau testament, avec les juifs on peut invoquer l'Ancien Testament. Mais avec les païens et les musulmans, on ne peut invoquer que la raison universelle de l'homme. C'est pourquoi le domaine de l'État est le domaine de la raison. Les autorités laïques ne peuvent invoquer valablement que la raison pour s'imposer à tous.

Cette raison cependant permet et même commande la foi (la raison seule est incapable de donner des solutions certaines dans de nombreux et brûlants domaines sociaux). Une fois admise l'importance de la foi, on constate que la foi fait confesser l'amour, la fraternité. La raison alors reconnaît que c'est bon pour la société.

Voici ce qu'enseigne le pape François dans son encyclique Donum fidei (le don de la foi) à ce sujet :


« La foi et le bien commun
 
50. Dans la présentation de l’histoire des Patriarches et des justes de l’Ancien Testament, la Lettre aux Hébreux met en relief un aspect essentiel de leur foi. Elle ne se présente pas seulement comme un chemin, mais aussi comme l’édification, la préparation d’un lieu dans lequel les hommes peuvent habiter ensemble. Le premier constructeur est Noé qui, dans l’arche, réussit à sauver sa famille (cf. He 11, 7). Vient ensuite Abraham, dont il est dit que, par la foi, il habitait une tente, attendant la ville aux solides fondations (cf. He 11, 9-10). De la foi surgit une nouvelle confiance, une nouvelle assurance que seul Dieu peut donner. Si l’homme de foi s’appuie sur le Dieu de l’Amen, sur le Dieu fidèle (Cf. Is 65, 16), et devient ainsi lui-même assuré, nous pouvons ajouter que cette fermeté de la foi fait référence aussi à la cité que Dieu prépare pour l’homme. La foi révèle combien les liens entre les hommes peuvent être forts, quand Dieu se rend présent au milieu d’eux. Il ne s’agit pas seulement d’une fermeté intérieure, d’une conviction stable du croyant ; la foi éclaire aussi les relations entre les hommes, parce qu’elle naît de l’amour et suit la dynamique de l’amour de Dieu. Le Dieu digne de confiance donne aux hommes une cité fiable.
 
51. En raison de son lien avec l’amour (cf. Ga 5, 6), la lumière de la foi se met au service concret de la justice, du droit et de la paix. La foi naît de la rencontre avec l’amour originaire de Dieu en qui apparaît le sens et la bonté de notre vie ; celle-ci est illuminée dans la mesure même où elle entre dans le dynamisme ouvert par cet amour, devenant chemin et pratique vers la plénitude de l’amour. La lumière de la foi est capable de valoriser la richesse des relations humaines, leur capacité à perdurer, à être fiables et à enrichir la vie commune. La foi n’éloigne pas du monde et ne reste pas étrangère à l’engagement concret de nos contemporains. Sans un amour digne de confiance, rien ne pourrait tenir les hommes vraiment unis entre eux. Leur unité ne serait concevable que fondée uniquement sur l’utilité, sur la composition des intérêts, sur la peur, mais non pas sur le bien de vivre ensemble, ni sur la joie que la simple présence de l’autre peut susciter. La foi fait comprendre la structuration des relations humaines, parce qu’elle en perçoit le fondement ultime et le destin définitif en Dieu, dans son amour, et elle éclaire ainsi l’art de l’édification, en devenant un service du bien commun. Oui, la foi est un bien pour tous, elle est un bien commun, sa lumière n’éclaire pas seulement l’intérieur de l’Église et ne sert pas seulement à construire une cité éternelle dans l’au-delà; elle nous aide aussi à édifier nos sociétés, afin que nous marchions vers un avenir plein d’espérance. La Lettre aux Hébreux nous en donne un exemple quand, parmi les hommes de foi, elle cite Samuel et David auxquels la foi a permis d’« exercer la justice » (11, 33). Là, l’expression fait référence à la justice de leur gouvernement, à cette sagesse qui donne la paix au peuple (cf. 1 S 12, 3-5 ; 2 S 8, 15). Les mains de la foi s’élèvent vers le ciel mais en même temps, dans la charité, elles édifient une cité, sur la base de rapports dont l’amour de Dieu est le fondement. »


La foi est une aide pour l'édification de la cité terrestre, pour le bien commun. Sans la foi, la France ne confesserait pas la fraternité (liberté, égalité, fraternité).

C'est la raison pour laquelle nos ancêtres considéraient que ceux qui ne confessaient plus la foi, que la société politique demandait évidemment à l'Église et à personne d'autre, détruisaient la société politique.

Note marginale :

Il est piquant de constater que les maurrassiens, les intégristes lefebvristes, les nantistes, les anti-ralliements et autres voisins idéologiques, se prétendant catholiques, empruntent au protestantisme la prétention, absurde, de donner des leçons de théologie à l'Église enseignante, de lui enseigner la foi et la morale...

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