23.5.07

Gaudium et Spes de Vatican II vu sous l’angle de la patrie.

Le document Gaudium et Spes du concile Vatican II visible sur le site jesusmarie.com est un document qui met à juste titre l’accent sur la communauté humaine.

De fait la « mondialisation », les moyens de communications et de transports ultra rapides rendent illusoire que le village se replie sur la vie communautaire où bon nombre des produits consommés étaient produits sur le terroir. Où les rencontres et donc les mariages se faisaient dans un petit cercle territorial (sauf pour les grands de ce monde).

Cependant Gaudium et Spes parle de la patrie à deux reprises :

« 4. Que les citoyens cultivent avec magnanimité et loyauté l'amour de la patrie, mais sans étroitesse d'esprit, c'est-à-dire de telle façon qu'en même temps ils prennent toujours en considération le bien de toute la famille humaine qui rassemble races, peuples et nations, unis par toutes sortes de liens. »

« 5. Quant à ceux qui se vouent au service de la patrie dans la vie militaire, qu'ils se considèrent eux aussi comme les serviteurs de la sécurité et de la liberté des peuples; s'ils s'acquittent correctement de cette tâche, ils concourent vraiment au maintien de la paix. »

« 29 § 1. Tous les hommes, doués d'une âme raisonnable et créés à l'image de Dieu, ont même nature et même origine; tous, rachetés par le Christ, jouissent d'une même vocation et d'une même destinée divine: on doit donc, et toujours davantage, reconnaître leur égalité fondamentale. »

« § 2. Assurément, tous les hommes ne sont pas égaux quant à leur capacité physique, qui est variée, ni quant à leurs forces intellectuelles et morales qui sont diverses. Mais toute forme de discrimination touchant les droits fondamentaux de la personne, qu'elle soit sociale ou culturelle, qu'elle soit fondée sur le sexe, la race, la couleur de la peau, la condition sociale, la langue ou la religion, doit être dépassée et éliminée, comme contraire au dessein de Dieu. En vérité, il est aflligeant de constater que ces droits fondamentaux de la personne ne sont pas encore partout garantis. Il en est ainsi lorsque la femme est frustrée de la faculté de choisir librement son époux ou d'élire son état de vie, ou d'accéder à une éducation et une culture semblables à celles que l'on reconnaît à l'homme. »

Il ressort de ce texte qu'égaux dans les droits fondamentaux les hommes sont divers quant à leur capacité physique et à leur forces morale et intellectuelles. Je me permettrai d'ajouter : quant à leurs patries.

Une fois Gaudium et Spes parle de la patrie de Jésus :

« Il a sanctifié les liens humains, notamment ceux de la famille, source de la vie sociale. Il s'est volontairement soumis aux lois de sa patrie. Il a voulu mener la vie même d'un artisan de son temps et de sa région. »

Or Jésus s’est non seulement soumis aux lois de sa patrie juive, mais il l’a aimée, jusqu’à pleurer à chaudes larmes avec des sanglots à déchirer l’âme à cause d'elle.

Luc XXIII

« 41 Et quand il fut proche, voyant la ville, il pleura sur elle,
42 disant : " Si, en ce jour, tu avais connu, toi aussi, ce qui était pour (ta) paix ! Mais maintenant cela demeure caché à tes yeux.
43 Car vont venir sur toi des jours où tes ennemis établiront contre toi un retranchement, t'investiront et te serreront de toute part;
44 ils t'abattront à terre, ainsi que tes enfants (qui sont) chez toi, et ils nelaisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le moment où tu as été visitée. »

Traduction Crampon du site jesusmarie.com

Sur la version écrite de la même traduction (Edition Dominique Martin Morin 1989) on lit en marge par le traducteur « Deux fois seulement nous lisons dans la vie de Jésus qu’il pleura (…) ici, il pleure à haute voix et sanglote (en grec eklausen) » Et c’est sur sa patrie qu'il sanglotte.

Jésus célèbre par ses larmes et ses sanglots l’amour de la patrie.

Il est quand même dommage que Gaudium et Spes fasse l’impasse totale sur l’héritage. Or l’héritage, c’est ce que nous ont transmis les ancêtres (de nation : « naître »), c’est-à-dire la culture et la culture c’est la patrie.

L’Eglise n’entend pas se substituer aux laïcs pour leur vie culturelle et morale, pour les programmes et les décisions politiques. Elle n’a qu’un magistère moral au regard des principes.

Or ce magistère nous recommande et même nous oblige à l’amour de la patrie.

Il faut en effet garder à l'esprit que Gaudium et Spes est daté, qu'il donne des instructions pastorales pour son époque, qui n'est plus la nôtre.

A mon avis, il conviendrait aujourd'hui dans la ligne du discours de Ratisbonne du 12 septembre 2006 de cultiver l'amour de notre culture européenne (la seule chrétienne et donc à valeur unviverselle) et donc de notre patrie.

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