10.10.06

Le discours de Ratisbonne : un appel au dialogue

Benoît XVI dans son discours de Ratisbonne plaide pour le dialogue, c’est-à-dire la communication entre les hommes. Il s’agit avant tout d’un appel au recentrage de la pensée européenne.

Certains ont vu dans le discours de Ratisbonne du 16 septembre 2006 une critique de l’islam. Or la réalité, c’est que le discours de Ratisbonne s’adressait avant tout à la pensée occidentale.

Dans une émission de Guillaume Durand un des intervenants énonçait doctement que lorsque la foi progressait, la raison régressait et vice-versa. Un autre intervenant ajoute péremptoire « Merci de rappeler ». Ils affichaient chacun un petit air satisfait et sans réplique autorisée, comme des qui auraient énoncé une vérité première. Il semble que cela soit un dogme de la télévision française. En effet, c’était un débat sans débat puisque personne n’a contesté.

Modestement et à ma place je me permets de ne pas être d’accord et d’adhérer à ce qu’a voulu, selon moi, exprimer le pape.

Le pape a mis en évidence que la foi est inséparable de la raison dans la perspective chrétienne authentique. Cela découle de divers argument dont notamment que vous sommes faits à l’image de Dieu.

Selon Benoît XVI la raison est nécessaire au dialogue des cultures « Dans le monde occidental domine largement l'opinion que seule la raison positiviste et les formes de philosophie qui en découlent sont universelles. Mais les cultures profondément religieuses du monde voient précisément dans cette exclusion du divin de l'universalité de la raison une attaque à leurs convictions les plus intimes. Une raison qui reste sourde face au divin et qui repousse la religion dans le domaine des sous-cultures, est incapable de s'insérer dans le dialogue des cultures. »

Autrement dit, l’occident vit, pour une large part, sur l’idée positiviste que ne sont universelles et donc communicables que les vérités établies selon la méthode des sciences expérimentales. Donc si c’est de foi qu’il s’agit, la raison n’a rien à dire, il s’agit d’une expérience strictement personnelle et donc incommunicable. Se pose alors le problème pour le dialogue des cultures de ce que ressentent les autres cultures qui ne peuvent admettre un dialogue rejetant le divin. En cela la position positiviste empêche tout dialogue avec les autres cultures.

Seul un occident retrouvant l’accord entre foi et raison sera en état de dialoguer au niveau de l’humanité. Il proposera un dialogue fondé sur la raison seul langage universel et trans-culturel.

Le pape conclut qu’il est nécessaire que la philosophie et la théologie soient « à l’écoute des grandes expériences religieuses de l’humanité et en particulier de la foi chrétienne ». il fait reproche à l’occident d’être dans l’état d’esprit de celui qui voyant tant d’erreurs contradictoires au sujet de la religion se met en colère et rejette tout discours rationnel sur la théologie, faisant ainsi montre d’irrationalité. Il invite l’occident à retrouver la raison dans toute son ampleur, dans toute sa grandeur. Il invite à retrouver la raison que le divin pénètre. La raison nécessairement d’accord avec Dieu dont elle émane. Il invite la raison a refuser de se cantonner à des questions, certes intéressantes et utiles, mais étriquées, pour retrouver le terrain de la morale, le terrain de l’ « agir » et celui de la théologie.

Cette reconversion de l’occident est nécessaire au dialogue des cultures auxquels un devoir urgent humanitaire nous convie. C’est donc sur ce terrain de la raison appliquées aux domaines élevés de l’éthique et de la religion que se fera ce dialogue.

Il est donc faux de présenter le discours du pape comme un discours polémique, il s’agit au contraire d’un discours constructif du dialogue. Il comporte un appel préalable de l’occident à revenir à l’une de ses sources, (la première étant la foi juive) : la philosophie grecque, au lieu de la cantonner frileusement à des questions que le positivisme, à tort, admet comme seules possibles.

Il s’agit pour Benoît XVI de réformer l’occident. Il s’agit de lui demander de se ressourcer préalable nécessaire au dialogue des cultures.

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