31.10.06

La Corrida n'est que tolérée

En France les mauvais traitements à animaux sont réprimés par la loi. Normalement la corrida devrait être interdite. Elle est tolérée en raison des coutumes de certaines régions du sud. Les autorités ne disent rien parce que l'interdiction amènerait des troubles.

Art. 521-1 du Code Pénal : "Le fait, publiquement ou non, d'exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en
captivité, est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende.
A titre de peine complémentaire, le tribunal peut interdire la détention d'un animal, à titre
définitif ou non.
Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux
lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Elles ne sont pas non plus
applicables aux combats de coqs dans les localités où une tradition ininterrompue peut être
établie. (...)"

Antenne 2 prévoit de consacrer une de ses émissions à la corrida. Ce sera une émission en faveur de la corrida.

Le blog de Marie a relayé cette info

Message de Jean-Pierre Garrigues, président du CRAC

Chers amis de combat,

Nous avons appris samedi par Joël Lunel, adhérent du CRAC et responsable du comité FLAC de Tarascon que France 2 se prépare à diffuser la semaine prochaine un "feuilleton" d'un genre très particulier. Après vérification à la source, voici ce que nous pouvons écrire :

Du 30 octobre au 3 novembre, chaque jour, durant une dizaine de minutes, un reportage sur le jeune tortionnaire de taureaux arlésien Mehdi Savalli va être diffusé au 13 heures de France 2, présenté par Élise Lucet. C'est pour nous intolérable et inadmissible qu'une chaîne de service public fasse l'apologie de la barbarie des arènes. Nous devons être nombreux à protester, plusieurs fois par jour à partir de maintenant, en les inondant de courriers, téléphones, mails leur demandant l'annulation de la diffusion, ou, tout au moins, au minimum l'intervention d'un invité abolitionniste en fin de journal, qui apporterait la contradiction et rétablirait la vérité sur la corrida et mettrait au jour les souffrances infligées aux taureaux et la mort donnée en spectacle, y compris devant de jeunes enfants. Notre président d'honneur, Morad El Hattab, est prêt à s'y rendre s'il y est invité, ce qui, sous notre pression continue, ne nous apparaît pas impossible. France 2 doit faire preuve de probité et le recevoir.

Ceci n'est pas une lettre type, mais ces éléments mentionnés peuvent vous aider à rédiger la vôtre. Nous pensons qu'il est préférable que chacun personnalise ses envois. Nous insistons fortement sur la courtoisie avec laquelle vous vous devez d'exprimer votre indignation : insultes et injures cèdent à la facilité et nuisent systématiquement à notre combat.

UN GRAND MERCI PAR AVANCE POUR VOTRE PARTICIPATION! IL FAUT AGIR TOUS LES JOURS ET PLUSIEURS FOIS PAR JOUR. MERCI DE REDIFFUSER CE MESSAGE AU MAXIMUM !

Pour l'équipe
Jean-Pierre Garrigues
Président du CRAC

Pour réagir auprès de France 2 :

contact@france2.fr

Moi, j'ai écrit ce mail :

Madame, Monsieur,

Alerté par le CRAC, je me permets de vous écrire car Il semble que votre antenne 2, s'apprête à diffuser une oeuvre de propagande en faveur de la corrida.

La corrida est tolérée dans les régions où cette barbarie n'a pu être interdite en raison d'habitudes perverses immémoriales.

Ces spectacles où les animaux sont maltraités et les hommes prennent des risques sans utilité ne sont que tolérés, il est donc illicite de vouloir en faire l'apologie au plan national.

Je vous prie en conséquence de déprogrammer ces séquences qui n'ont pas à être diffusées en particulier par une chaîne qui vit de la redevance obligatoire.

Veuillez agréer, Madame, Monsieur mes meilleurs sentiments.

Denis Merlin

Voici ce que j'ai écrit à la chaine de télévision qui n'a pas le droit de faire de la propagande pour une activité seulement tolérée et contraire aux lois pénales générales.

24.10.06

Remarques sur l'inteview de Monsieur Raphaël Lellouche sur le discours de Ratisbonne du 12 septembre 2006

Monsieur Lellouche, agrégé de philosophie et docteur de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales se livre dans une interview que l’on peut retrouver ici :

http://www.fahayek.org/gazette/imagesup/lellouche_ratisbonne.pdf

À une critique du discours du pape. Il fait justice d’un certain nombre d’accusations dont notamment celles qui prétendaient que le pape déclarait la guerre à l’islam, voire, plus simplement, le critiquait. Il met en évidence que l’intention du pape est une intention de dialogue. Dans son discours, le pape, selon M. Lellouche, voulait mettre en évidence les conditions préalables à la mise en œuvre du dialogue interculturel. Monsieur Lellouche fait justement observer que le socle du dialogue selon le pape n’est pas, comme le rêve Monsieur Chirac, un abandon total de tous principes, mais au contraire un dialogue « de fermeté » et à « principe ». Le pape observe que le dialogue doit nécessairement être fondé sur la raison. Raison qui est le seul mode de communication entre humains.Selon Monsieur Lellouche il existe une tendance de l’islam rationaliste. Il est donc possible de dialoguer sans demander l’apostasie en se dialoguant avec les tenants de cette tendance musulmane.

Là où l’on ne peut plus suivre Monsieur Lellouche, c’est lorsqu’il craint que le pape exclue le judaïsme du christianisme et qu’il n’y voie qu’une raison grecque.

Il rappelle ainsi que, selon lui, « une partie du clergé catholique allemand tentait de développer une théologie « aryenne », c’est-à-dire, justement, purement grecque et déjudaïsée. On connaît l’importance de la « nostalgie de la Grèce » dans l’esprit allemand. Je reste simplement attentif (…) »

Il serait bon que Monsieur Lellouche cite des noms représentants « cette partie du clergé catholique » des noms, des noms ! Moi, je vois plutôt des évêques allemands qui se sont opposés à Hitler. Par exemple : Clemens August von Galen (1878-1946)

Mais d’autre part, je crois que les craintes de Monsieur Lellouche sont vaines, en raison même de la nature de l’exposé du pape. Je cite le discours du pape au moment où il va expliquer historiquement la « rencontre » entre la foi et la raison :

« Ainsi, malgré toute la dureté du désaccord avec les souverains grecs, qui voulaient obtenir par la force l'adaptation au style de vie grec et à leur culte idolâtre, la foi biblique allait intérieurement, pendant l'époque hellénistique, au-devant du meilleur de la pensée grecque, jusqu'à un contact mutuel qui s'est ensuite réalisé en particulier dans la littérature sapientielle tardive. Aujourd'hui, nous savons que la traduction grecque de l'Ancien Testament réalisée à Alexandrie - la "Septante" - est plus qu'une simple (un mot qu'on pourrait presque entendre de façon assez négative) traduction du texte hébreu: c'est en effet un témoignage textuel, qui a une valeur en lui-même, et une étape spécifique importante de l'histoire de la Révélation, à travers laquelle s'est réalisée cette rencontre d'une manière qui a eu une signification décisive pour la naissance du christianisme et sa diffusion. Fondamentalement, il s'agit d'une rencontre entre la foi et la raison, entre l'authentique philosophie des lumières et la religion. En partant de la nature intime de la foi chrétienne et, dans le même temps, de la nature de la pensée grecque qui ne faisait désormais plus qu'un avec la foi, Manuel II pouvait dire: Ne pas agir "avec le logos" est contraire à la nature de Dieu. »

L’événement historique que Benoît XVI mentionne est la traduction de la Bible par les Septantes, traduction par des savants juifs. Or ces savants juifs, « malgré la tyrannie » des Grecs, vont intérieurement, par un mouvement intérieur, (donc nullement imposé par les Grecs) aller au-devant du meilleur de la pensée grecque. Donc, ces juifs continuaient à en rejeter les éléments contestables. Mais cette œuvre est une œuvre initialement juive dont les chrétiens seront les héritiers. Et à l'époque de Michel Paléologue la pensée grecque unie à la foi juive ne fait plus qu’un avec la foi depuis plusieurs siècles.

Il est impossible de dire que la foi est purement hellène, puisqu’elle est d’origine nécessairement juive, que l’union s’est faite à l’initiative des croyants, soit « de l’intérieur » et malgré la tyrannie des païens. Par nature il est impossible de dire, sauf à trahir au niveau de sa substance même la pensée du pape, que la foi est purement grecque ou qu’il faudrait la déjudaïser pour la retrouver authentique. Les craintes de Monsieur Lellouche sont dont infondées.

Le projet de loi de Pascal Clément.Des mesures pour les riches exclusivement

Il semble que le projet de loi présenté aujourd’hui mardi 24 octobre 2006 au Conseil de ministres par Pascal Clément prévoie des sanctions contre les magistrats. Le Conseil d’Etat qui a été conçu par Napoléon pour être le conseil juridique du gouvernement a émis un avis défavorable au premier projet qui prévoyait la possibilité de mettre en œuvre la responsabilité des magistrats avant toute voie de recours (appel, cassation) et cela lorsque le magistrat aurait méconnu les règles fondamentales de la procédure pénale ou civile (affaires entre particuliers)

Ces sanctions seront seulement d’interdire pendant cinq ans à un magistrat de siéger seul en qualité de juge aux affaires familiales, de juge d’instruction, de juge unique correctionnel etc.

Ces restrictions conseillées par le Conseil d’Etat aboutiront dans la plupart des cas à un statu quo, par rapport à ce qui se passe aujourd’hui. En effet, il est illusoire de croire que celui des victimes d’Outreau qui est mort en prison aurait pu mettre en œuvre la responsabilité des magistrats. Aller en appel, c’est déjà onéreux. C’est aussi dangereux, car cela peut indisposer la Cour. Dans l’affaire d’Outreau, les innombrables appels n’ont servi à rien, de même d’ailleurs que la Cour de Cassation. Ce sera donc à partir du rejet du pourvoi que la responsabilité des magistrats pourra être mise en cause. Question : faudra-t-il mettre en cause tous les magistrats, soit, selon les cas, environ neuf ?

Dans les affaires civiles, aller en appel va devenir impossible, ou plus précisément très onéreux. Si le magistrat prend la précaution de vous condamner à payer une forte somme, vous ne pourrez plus aller en appel puisqu’il faut exécuter la décision de première instance. Si vous êtes insolvable, certes vous pouvez le plaider, avec tout ce que cela implique de risque judiciaire... (La Cour est surchargée, on connaît ce plaideur, un casse pieds) Si vous ne pouvez pas payer et vous payer un avocat, tant pis pour vous. Si en appel vous êtes condamné à des milliers d’euros d’indemnité de plaidoirie, plus des indemnités pour appel abusif, plus des dommages-intérêts, destinés à vous empêcher d’aller en cassation… vous n’aurez qu’à payer et à servir de banquier gratuit (les agios sont à votre charge) à votre adversaire de mauvaise foi, avec le risque de son insolvabilité.

Aller en cassation, certes, c’est possible, il faudra replaider, donc payer l’avocat pour faire juger éventuellement que vous ne pouvez pas payer. Si vous avez oublié une pièce ou que votre adversaire est retors, vous pouvez encore être privé en fait de la voie de recours.

Car évidemment si vous êtes riche, vous paierez (un chèque qui ne vous privera de rien au nieuveau de votre vie quotidienne), si vous êtes pauvres vous plaiderez (un dossier, un avocat, un adversaire qui vous pourrira, un risque judiciaire, des délais etc).

Bref, comme d’habitude cette responsabilité des magistrats ne pourra être mise en œuvre que si vous avez les moyens financier de le faire. Ce qui fera que si vous êtes pauvre le risque pour le magistrat de voir sa responsabilité mise ne œuvre sera négligeable, alors qu’il sera considérable si vous avez de l’argent. D’où, malgré la présence de magistrats de conscience, le risque sera plus grand si vous êtes un pauvre que si vous êtes un riche.

Donc cette mesure est surtout en faveur des riches et des chanceux qui courront moins le risque de voir leurs droits bafoués, tant mieux pour eux, les pauvres eux souffriront… et crèveront comme celui qui est mort en prison.

Enfin, si l’on voulait vraiment favoriser la justice on supprimerait ces obstacles aux voies de recours. Car on dit aux victimes de la justice : vous n’avez qu’à faire appel, mais en même temps on leur rend l’appel quasi-impossible. Et si la victime se plaint on lui dira : vous n’aviez qu’à faire appel. On se fout du monde et surtout des pauvres et des malchanceux.

Pour les pauvres la situation sera pire qu’aujourd’hui : on leur dira, vous n’avez pas fait appel, vous êtes fautif.

Malheur aux vaincus, malheur aux pauvres ! c’est la devise de Chirac, de Clément et du Conseil d’Etat.

21.10.06

Le refus d’analyse génétique conduit à la paternité.

Je relève dans le BICC (voir le lien) un arrêt sur la filiation. Un arrêt de la Première Chambre civile de la Cour de Cassation du 7 juin 2006. sur pourvoi contre un arrêt de la Cour d’Appel de Bordeaux, arrêt du 11 septembre 2001.

Une femme avait attaqué son ancien amant en reconnaissance de paternité. Pour qu’il soit officiellement déclaré par les autorités que l’enfant qu’elle avait mis au monde avait pour père celui que par ailleurs, elle assignait en justice.

Le bonhomme plaidait qu’il n’existait pas de commencement de preuve des allégations de la dame. Or elle apportait dans le dossier la preuve d’une relation amoureuse entre l’homme et elle, ainsi qu’une lettre du même prenant l’engagement de faire un chèque chaque mois pour l’entretien de l’enfant.

La cour d’appel avait donc décidé une analyse génétique. L’homme avait refusé de s’y soumettre.

Rappelons que l’analyse génétique n’est nullement contraignante, puisqu’il s’agit de prélever un peu de tissu épithélial de la bouche au moyen de l’ongle, sans aucune souffrance ou saignement. Il prétendait qu’il n’avait pas à le faire parce que les preuves n’étaient pas suffisantes pour qu’il ait à se soumettre à une analyse génétique.

Or il avait été donné par la juridiction avertissement au père que s’il ne se soumettait pas à l’analyse, il serait tiré toutes les conséquences de droit de son abstention dont notamment la reconnaissance de sa paternité.

La Cour d’Appel avait donc reconnu la paternité après que le défendeur ne s’était pas soumis à l’analyse. La cour de Cassation que la cour d’Appel en a déduit à juste titre, que s’il ne s’était pas soumis au prélèvement, c’est qu’il savait être le père. Elle décide que sa paternité est établie du fait de son abstention.

La simple abstention peut ainsi avoir des conséquences de preuve. Cette solution me semble difficilement conciliable avec les anciens textes alors en vigueur qui prévoyait une preuve possible en cas de présomptions gravez : ancien article 349 du Code Civil : « La preuve ne peut en être rapportée que s'il existe des présomptions ou indices graves. » La Cour de Cassation a entendu largement la notion d’indices graves. On ne va pas le lui reprocher.

20.10.06

Benoît XVI : Précisions et clarifications à la suite du discours de Regensburg

De l'agence Zénith, un discours du pape du jeudi 19 octobre, devant le congrès national de l'Eglise catholique à Vérone. Précisions et clarifications à la suite du discours de Regensburg (Ratisbonne) :

[quote]« Ce quatrième Congrès national est une nouvelle étape sur le chemin de la réalisation du Concile Vatican II entrepris par l'Eglise italienne », soulignait encore le pape, « un chemin d'évangélisation parcouru en étroite collaboration et en communion constante avec le Successeur de Pierre ».

Le pape décrivait la « culture dominante en Occident » en ces termes : « Seul ce qui peut être expérimenté et calculé est rationnellement valide alors que dans le domaine pratique la liberté individuelle s'érige comme une valeur fondamentale à laquelle tous les autres doivent se soumettre ».

« Dieu est ainsi exclu de la culture et de la vie publique et la foi devient plus difficile parce que nous vivons dans un monde qui se présente comme notre œuvre dans laquelle Dieu (…) semble superflu », précisait le pape.

Et par conséquent, « l'éthique est enfermée à l’intérieur des frontières du relativisme et de l'utilitarisme, où tout principe moral valide et inaliénable est exclu ».

Cette situation représente une « coupure radicale » avec les « traditions morales et religieuses de l'humanité » et ainsi, on ne peut plus établir de « dialogue » avec « les autres cultures, dans lesquelles la dimension religieuse est fortement présente ».

[/quote]

http://imp7-g19.free.fr/horde/imp/message.php?index=4617#96823

Je trouve cela mieux dit et plus explicite que le discours de Ratisbonne qui s’était muni d’un appareil d’érudition important. Cela rendait la lecture difficile. D’autant que la langue allemande est naturellement portée à l’abstraction. La langue italienne plus proche de la nôtre permet de mieux saisir la pensée du pape :

Profondamente bisognoso, perché partecipa di quella cultura che predomina in Occidente e che vorrebbe porsi come universale e autosufficiente, generando un nuovo costume di vita. Ne deriva una nuova ondata di illuminismo e di laicismo, per la quale sarebbe razionalmente valido soltanto ciò che è sperimentabile e calcolabile, mentre sul piano della prassi la libertà individuale viene eretta a valore fondamentale al quale tutti gli altri dovrebbero sottostare. Così Dio rimane escluso dalla cultura e dalla vita pubblica, e la fede in Lui diventa più difficile, anche perché viviamo in un mondo che si presenta quasi sempre come opera nostra, nel quale, per così dire, Dio non compare più direttamente, sembra divenuto superfluo ed estraneo. In stretto rapporto con tutto questo, ha luogo una radicale riduzione dell’uomo, considerato un semplice prodotto della natura, come tale non realmente libero e di per sé suscettibile di essere trattato come ogni altro animale. Si ha così un autentico capovolgimento del punto di partenza di questa cultura, che era una rivendicazione della centralità dell’uomo e della sua libertà.

Traduction proposée par moi :


[L’Italie a un besoin urgent du témoignage des chrétiens] Un besoin profond, parce que [l’Italie] participe à cette culture qui prédomine en Occident et qui voudrait se poser comme universelle et autosuffisante, générant ainsi un nouveau style de vie. Il en dérive une vague d’illuminisme et de laïcisme, pour laquelle serait seulement rationnellement valide ce qui peut être soumis à l’expérience et au calcul, pendant que sur le plan de l’éthique la liberté individuelle est érigé en valeur fondamentale à laquelle tous les autres devraient se soumettre. Ainsi Dieu demeure exclu de la culture et de la vie publique, et la foi en Lui devient plus difficile, et aussi parce que nous vivons dans un monde qui se présente comme notre œuvre dans lequel pour ainsi dire, Dieu n’apparaît plus directement, Il semble devenu superflu et étranger. En étroit rapport avec tout cela, une rapetissement radical de l’homme a lieu, vu qu’il est considéré comme un simple produit de la nature, comme tel non réellement libre et susceptible d’être considéré comme tout autre animal. Nous assistons ainsi à une véritable volte-face du point de départ de cette culture, qui était une revendication de la centralité de l’homme et de sa liberté. »

Compte rendu d'un discours tenu en Italie et en italien devant un congrès catholique.

Ou l'on voit que le discours de Regensburg était autant sinon plus dirigé contre le positivisme que contre le Duns Scot ou l'islam.

Le positivisme exclut la raison des exposés théologiques et donc de la théologie morale. Outre la fausseté de cette prise de position de principe, cela conduit à l'isolement de la culture occidentale des autres cultures. Elles ont le plus grand mal à admettre que l’on puisse s’abstraire totalement de la divinité, surtout en matière de morale et en cela elles ont raison.

Outre le positivisme le pape condamne aussi le libéralisme qui fait du principe de liberté le SEUL principe en matière morale ou religieuse. Implicitement, il réclame que les matières morales et religieuses soient aussi soumises à la norme de la raison.

Curieusement, ce libéralisme et ce positivisme pourraient être les fils intellectuels du franciscain Duns Scott, lequel prêchait, selon le pape dans son discours de Ratisbonne, un volontarisme absolu. Dieu totalement inconnaissable, même par l'analogie, selon Scott, dispose d'une volonté totalement arbitraire dont les raisons nous sont totalement inconnues.

Il est logique que si Dieu n'a pas à se conformer à la raison (il a commandé "ne tuez pas", il aurait pu commander l'inverse), l'homme qui Lui est analogue puisse se forger sa propre loi morale sans référence à la raison (donc liberté totale en matière d'éthique et de religion)

Ainsi l'excès de piété, de religiosité, l'exigence de déshellénisation de la foi, au détriment de la raison conduit au libéralisme. Il en est de même pour le rationalisme, qui désespérant de la raison en matière religieuse ou morale, les livrent à l'arbitraire de la volonté livrée à elle-même.

La vérité est ailleurs, elle est dans l'union intime de la foi et de la raison, initiée dès la traduction des Septantes par les savants juifs d'Égypte du troisième siècle avant Jésus-Christ et qui perdure jusqu'à aujourd'hui dans la théologie catholique.

Le pape nous invite donc renouer les liens entre foi et raison théologie et philosophie, morale et raison, morale et théologie.

18.10.06

Prélèvement alcoolique à la maison ?

Le refus de se soumettre aux vérifications alcooliques.

La Cour de Cassation,chambre criminelle (chargée de juger les affaires pénales et pas seulement cirminelles) vient de confirmer (8 juin 2006) un arrêt de Cour d’appel (Nancy 8 juin 2005) pour refus de se soumettre à un contrôle alcoolique.

http://www.courdecassation.fr/jurisprudence_publications_documentation_2/publications_cour_26/information_cour_27/bulletins_information_2006_28/no_648_2178/jurisprudence_2180/cour_cassation_2182/titres_sommaires_arrets_9402.html#c1948

A la suite d’un accident corporel, les forces de polices s’étaient présentées au domicile d’une personne impliquée. Elle l’y avait trouvé trois-quart d’heure après l’accident.

La personne refusa de se soumettre au test d’alcoolémie. L’avocat du condamné prétendait que le contrôle devait avoir lieu immédiatement après l’accident.

La cour de Cassation lui répond que rien ne prévoie dans les textes que le prélèvement doive se faire dans un temps déterminé. La condamnation est confirmée.

Le plus curieux, c’est que s’il avait accepté le contrôle, le prévenu (l’accusé) aurait pu soutenir que rentré chez lui, il avait bu cinq verres de Cognac pour se remonter le moral et le résultat positif n’aurait servi à rien puisqu’il aurait fallu prouver qu’il était dans un état alcoolique au moment de l’accident, ce qui aurait été impossible.

On peut d’ailleurs se demander si cette jurisprudence est valable car, si le prélèvement a lieu plus tard et au domicile de la personne soupçonnée, le prélèvement n’a plus aucun intérêt (vous pouvez boire, si vous êtes chez vous, ce n’est que la conduite qui est interdite)

Peut-être la jurisprudence changera-t-elle ?

Naturellement, ce n'est pas pour inciter à boire, ni pour commettre un délit de fuite que j'écris cela, d'autant que le délit de fuite peut vous coûter cher. C'est pour le plaisir intellectuel, le jeu de l'énigme jurdique à résoudre.

15.10.06

Arrêtons les dépenses militaires 1 118 milliarsds $

Mgr Tomasi condamne les excès de dépenses militaires

http://www.zenit.org

Le 9 octobre 2006, selon Zenith l’agence de presse du Saint Siège, Mgr Tomasi l’observateur du Vatican auprès des Nations Unies, http://www.zenit.org a fait observer que les dépenses militaires de par le monde s’élevaient à

A l’ONU, Mgr Tomasi a évoqué le transfert des dépenses militaires à l’aide humanitaire pour ces populations.

« J’ai voulu utiliser la confrontation avec la croissance des dépenses pour les armements pour affirmer : « Mettons dans la balance aussi les souffrances de cette humanité déracinée et voyons comment résoudre leur problème ». De 1996 à 2005, les dépenses militaires ont augmenté de 34 %, et l’on est arrivé l’an dernier à une dépense de 1.118 milliards de dollars, un chiffre incroyable que l’on a parfois du mal à imaginer. Alors que le budget annuel de l’UNHCR (1) est seulement d’un milliard de dollars. Nous devons donc voir où sont les priorités de la communauté internationale, comment chercher à faire grandir la conscience du devoir d’être plus solidaires avec les personnes qui souffrent. Nous devons tenir compte des exigences de la sécurité, mais pas de façon aussi déséquilibrée ».

En 2005 les dépenses militaires de par le monde entier se sont élevés à 1 118 000 000 000 $, un chiffre vertigineux, soit 1 118 fois plus que le chiffre consacré aux réfugiés.

Il serait temps de limiter ces dépenses folles et de les rediriger vers le développement d’activités pacifiques.

Commençons par renoncer non seulement à la prolifération de l’arme nucléaire, mais encore procédons à leur destruction définitive et à leur interdiction pour l’avenir. L’atome ne doit avoir d’utilisation que pacifique. Ce sera un premier pas.

Le texte du traité de non-prolifération de 1968 se trouve sous le lien suivant :

http://www.un.org/french/events/npt2005/npttreaty.html

(1) Haut Commissariat au Réfugiés des Nations Unis

13.10.06

Aucune loi réprimant la "négation du génocide arménien de 1915" n'a été votée

Négation du génocide arménien : la loi n’est pas adoptée.

La loi pénalisant la négation du « génocide arménien de 1915 » n’est pas adoptée définitivement par le Parlement. Elle est seulement adoptée par l’Assemblée Nationale. Donc nous ne sommes qu’au début de la procédure menant à l’adoption de la loi et il n’est pas écrit que cette proposition de loi sera un jour loi

On sait que le Parlement est composé de l’Assemblée Nationale et du Sénat. Le Sénat doit se prononcer sur les propositions de loi adoptées par l’Assemblée Nationale (appelée sous la Troisième République « Chambre des Députés »).

L’Article 34 de la constitution dispose : « . - La loi est votée par le Parlement. »

Or aujourd’hui la proposition de loi a certes été adoptée par l’Assemblée Nationale le 12 octobre, mais il va falloir que cette loi soit votée dans les mêmes termes par le Sénat pour qu’on puisse la considérer comme loi de la République.

Il me semble que cela n’a pas été suffisamment souligné par les médias. Si l’on regardait la télévision hier soir, on avait l’impression que la proposition de loi était devenue loi. Il n’en est rien. Nous en sommes même très loin.

11.10.06

Dieu est-il soumis à la raison ? Retour sur Regensburg

Dieu est-il soumis à la raison ? Nouvelles réflexion sur le discours de Regensburg.

Peut-on dire que Dieu est soumis à la raison ? Cela choque naturellement puisque Dieu est entièrement libre, il ne peut être soumis à la raison. C’est l’imagination qui nous fait nous figurer Dieu soumis à la raison. En fait selon le pape Dieu s’exprime par la raison, il est raison, il est le logos, la parole. Donc la parole, le logos, le verbe ordonné, il n’est pas soumis à Lui-même.

Dans la mesure où le Saint Père s'est adressé à l'occident, il lui a reproché de renoncer à l'ampleur possible de la raison qui ne peut contredire la foi.

La raison doit donc s'occuper des grandes questions religieuses et morales et non se cantonner aux questions solubles par l'expérience interprêté mathématiquement. Il a demandé l'abandon du positivisme qui ne reconnaît à la raison qu’un domaine restreint.

Le but de ces reproches et de ces demandes de réforme, de ressourcement est le dialogue des cultures lequel ne pourra se faire que sur le terrain de la raison, seul langage commun à l'ensemble de l'humanité et héritage judéo-grec synthétisé notamment dans le christianisme. Cet héritage exclusif est infrangible. La raison ne se soumet pas à la foi en ce sens qu'elle admettrait contradiction avec la foi et aurait en ce sens à s'y soumettre, elle est au contraire en accord nécessaire avec elle.

Donc, au contraire, elle a le devoir d'intervenir dans le domaine religieux et éthique où elle constitue le socle du dialogue interculturel. La parole, la raison de l’humanité exprime Dieu et Dieu s’exprime dans la le discours humain rationnel.

10.10.06

Le discours de Ratisbonne : un appel au dialogue

Benoît XVI dans son discours de Ratisbonne plaide pour le dialogue, c’est-à-dire la communication entre les hommes. Il s’agit avant tout d’un appel au recentrage de la pensée européenne.

Certains ont vu dans le discours de Ratisbonne du 16 septembre 2006 une critique de l’islam. Or la réalité, c’est que le discours de Ratisbonne s’adressait avant tout à la pensée occidentale.

Dans une émission de Guillaume Durand un des intervenants énonçait doctement que lorsque la foi progressait, la raison régressait et vice-versa. Un autre intervenant ajoute péremptoire « Merci de rappeler ». Ils affichaient chacun un petit air satisfait et sans réplique autorisée, comme des qui auraient énoncé une vérité première. Il semble que cela soit un dogme de la télévision française. En effet, c’était un débat sans débat puisque personne n’a contesté.

Modestement et à ma place je me permets de ne pas être d’accord et d’adhérer à ce qu’a voulu, selon moi, exprimer le pape.

Le pape a mis en évidence que la foi est inséparable de la raison dans la perspective chrétienne authentique. Cela découle de divers argument dont notamment que vous sommes faits à l’image de Dieu.

Selon Benoît XVI la raison est nécessaire au dialogue des cultures « Dans le monde occidental domine largement l'opinion que seule la raison positiviste et les formes de philosophie qui en découlent sont universelles. Mais les cultures profondément religieuses du monde voient précisément dans cette exclusion du divin de l'universalité de la raison une attaque à leurs convictions les plus intimes. Une raison qui reste sourde face au divin et qui repousse la religion dans le domaine des sous-cultures, est incapable de s'insérer dans le dialogue des cultures. »

Autrement dit, l’occident vit, pour une large part, sur l’idée positiviste que ne sont universelles et donc communicables que les vérités établies selon la méthode des sciences expérimentales. Donc si c’est de foi qu’il s’agit, la raison n’a rien à dire, il s’agit d’une expérience strictement personnelle et donc incommunicable. Se pose alors le problème pour le dialogue des cultures de ce que ressentent les autres cultures qui ne peuvent admettre un dialogue rejetant le divin. En cela la position positiviste empêche tout dialogue avec les autres cultures.

Seul un occident retrouvant l’accord entre foi et raison sera en état de dialoguer au niveau de l’humanité. Il proposera un dialogue fondé sur la raison seul langage universel et trans-culturel.

Le pape conclut qu’il est nécessaire que la philosophie et la théologie soient « à l’écoute des grandes expériences religieuses de l’humanité et en particulier de la foi chrétienne ». il fait reproche à l’occident d’être dans l’état d’esprit de celui qui voyant tant d’erreurs contradictoires au sujet de la religion se met en colère et rejette tout discours rationnel sur la théologie, faisant ainsi montre d’irrationalité. Il invite l’occident à retrouver la raison dans toute son ampleur, dans toute sa grandeur. Il invite à retrouver la raison que le divin pénètre. La raison nécessairement d’accord avec Dieu dont elle émane. Il invite la raison a refuser de se cantonner à des questions, certes intéressantes et utiles, mais étriquées, pour retrouver le terrain de la morale, le terrain de l’ « agir » et celui de la théologie.

Cette reconversion de l’occident est nécessaire au dialogue des cultures auxquels un devoir urgent humanitaire nous convie. C’est donc sur ce terrain de la raison appliquées aux domaines élevés de l’éthique et de la religion que se fera ce dialogue.

Il est donc faux de présenter le discours du pape comme un discours polémique, il s’agit au contraire d’un discours constructif du dialogue. Il comporte un appel préalable de l’occident à revenir à l’une de ses sources, (la première étant la foi juive) : la philosophie grecque, au lieu de la cantonner frileusement à des questions que le positivisme, à tort, admet comme seules possibles.

Il s’agit pour Benoît XVI de réformer l’occident. Il s’agit de lui demander de se ressourcer préalable nécessaire au dialogue des cultures.