19.9.06

Réflexion personnelle sur Benoît XVI, Duns Scott et la loi

Jean-Duns Scott (1265-1308) est un moine franciscain Ecossais béatifié par Jean-Paul II en 1990. Un intellectuel qui a laissé des ouvrages importants dans l’histoire de la théologie de la philosophie et du droit.

Pour lui le droit n’est pas une ordonnance de la raison mais une simple ordonnance arbitraire de Dieu, c’est du moins ce que je retiens du résumé consultable ici :

http://www.denistouret.fr/ideologues/Duns_Scott.html

« Affirmer l'existence d'un ordre naturel qui émanerait de la raison divine c'est amoindrir la puissance de Dieu qui ne saurait être obligé d'agir selon la raison mais comme il l'entend. (…) Il est vrai que [Dieu] a créé un ordre qui peut être qualifié de naturel. Mais Dieu, qui dispose du pouvoir absolu, n'est pas lié par ses propres lois et donc par l'ordre naturel, c'est ainsi qu'il agit par miracles, qu'il a voulu que Marie, tout en demeurant vierge, donne naissance à son fils, ce qui n'est pas dans la nature des choses. »

Si Dieu fait des miracles, ce n’est pas sans raison. Donc l’exception n’infirme nullement la règle que l’on peut retrouver dans la loi, la raison.

Benoît XVI a voulu marquer dans son discours de Ratisbonne que cette opinion n’est pas conforme à ce qui pourrait être appelé la rationalité de la foi et donc, selon moi, la rationalité de la loi (Dieu nous parle par le contenu de la foi qui contient la morale et donc les lois)

Dieu agit avec « logos », c’est-à-dire avec raison et l’analogie entre Dieu et nous, même si elle reste lointaine n’en reste pas moins une analogie. Nous sommes formés à l’image de Dieu, nous retrouvons donc dans notre âme l’image de Dieu. Dieu n’est pas soumis à la rationalité, au sens où il serait soumis à quoi que ce soit, mais Il ne peut être en désaccord avec elle, car la raison est un moyen d’arriver à la vérité. Le langage est toujours inadéquat à son objet et il l’est encore plus lorsque l’on traite de Dieu, cette « soumission » de Dieu à la raison en une illustration.

Selon le pape Duns Scott initie un mouvement en occident qui ne veut voir dans la loi qu’une ordonnance arbitraire, une volonté sans aucune raison perceptible à nos entendements humains.

Duns Sott semble ainsi s’opposer, à la définition thomiste de la loi : « la loi est une ordonnance de la raison promulguée par une autorité légitime en vue du bien commun. »

Si nous n’envisageons plus que les lois humaines, des lois dites « positives », la raison doit donc y présider. Il me semble que le monde moderne, la pensée juridique moderne est en parfait accord avec ce principe, au moins intellectuellement. Si l’on dit la loi doit-elle être raisonnable, conforme à la raison, tout le monde répondra « oui ».

Mais en pratique, vouloir faire reposer la loi uniquement sur les mœurs telles qu’on les constate, est un volontarisme, qui même s’il est collectif (« la loi doit se conformer aux mœurs ») n’en reste pas moins un volontarisme où la recherche de la rationalité semble, par principe, évacuée. Dans cette perspective, Duns Scott serait le père du droit moderne. De l’absolue liberté de la volonté divine, on glisse à l’absolue liberté de la société des humains dont seule la volonté générale compte.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je vais relire votre post, c'est ardu...

Il y a des musulmans modérés qui commencent à réagir. Mais quelle violence dans les propos de cet imam anglais qui appelle à assassiner le pape !

Sur le site du Nouvel Obs :
Benoît XVI avait en partie raison"

NOUVELOBS.COM | 18.09.06 | 17:15

''Benoît XVI avait en partie raison'' par Abdelwahab Meddeb,
écrivain et poète tunisien,
animateur de l'émission "Culture d'islam"
sur France Culture,
auteur de "La maladie de l'islam" (Editions Le Seuil, 2002)