8.11.12

Témoignage sur l'époque Paul VI et son nouveau rite

Selon monsieur Daoudal, citant monsieur Chiron, à propos des relations entre Paul VI et Mgr Bugnini :

« - Mgr Bugnini avait proposé une solution pour résoudre le « cas Lefebvre » : « par une large “concession” de la messe traditionnelle. Il fixait quatre points (p. 89). Le Saint-Père fit répondre qu’il ne lui semblait “pas opportun de concéder aujourd’hui ce qui avait été refusé dans le passé” (p. 90). La proposition de Mgr Bugnini sera largement reprise par Jean-Paul II dans l’indult de 1984. » 

Je donne mon témoignage sur ce que j'ai vécu à l'époque, avec mon frêle baggage culturel, du côté du fidèle élevé « prima della rivoluzione ».

En effet, il y avait interdiction puisque je me souviens qu'elle n'était autorisée qu'aux prêtres âgés et à condition qu'ils disent la messe "sine populo", sans peuple.

L'interdiction était bien sans titre puisque Benoît XVI a voulu s'en créer un en prétendant que, du fait de l'acceptation "volontiers" du nouveau rite par le peuple (enfin du rite selon la forme ordinaire, selon l'expression compliquée de Summorum pontificum qui ne semble avoir été mise au point pour justifier l'édition du nouveau rite…), le rite de saint Pie V était devenu, par ce fait, "extraordinaire". Ce qui est une nouveauté… "extraordinaire" et sans fondement (d'abord de fait puisque la « messe de saint Pie V » n'a pas été abandonnée "volontiers" mais sous la menace de sanctions), mais aussi parce que l'acceptation "volontiers" ne serait pas un titre à l'interdiction générale de l'autre qui ne serait autorisé que dans des conditions particulières.

Il n'empêche que des gens sont morts désespérés à cause de Paul VI, il a créé un schisme, il était lui-même schismatique de fait en se désolidarisant de ses prédécesseurs. Il est responsable de la grande apostasie, il a saccagé les églises.

"Sine populo", c'était tragi-comique. D'ailleurs Marc Dem s'était amusé de cette condition "sine populo". Il imaginait un prêtre s'interrompant de dire sa messe pour "sortir" un fidèle. « Dehors, monsieur ! ma messe est interdite ».

Cette anecdote imaginaire découvre la folie qui s'était emparée du Saint Siège à cette époque. Un fidèle vient prier à la messe : dehors le fidèle ! Par ordre du Pape, il est interdit d'assister à la messe ! C'était ridicule et atrocement injuste ! 

J'ai vécu cette période, c'était affreux ! Nous  ne comprenions pas, mais nous sentions nos droits menacés sans disposer d'aucun recours. Aussi, sans nuance, nous rejetions tout : Concile, Pape, encouragé par l’ambiance libertarienne et protestante dans laquelle nous avions été élevés (j'ai fait mes études secondaires dans un établissement laïque). A cette époque sont apparus les sédévacantistes, le lefebvrisme. C’était des réactions intellectuelles compréhensibles, même si elles étaient erronées. Il était très difficile de s'y retrouver et c'est tout le même le pape qui était coupable en donnant l’occasion de ces révoltes. En agissant avec fanatisme contre la liberté religieuse et la liberté de conscience, indirectement il donnait naissance aux schismes qui se préparaient ! Nous étions intellectuellement totalement désarmés puisque pour un catholique, « le Pape a toujours raison ». Aussi avons-nous pris, à la suite de mentor intellectuels tous aussi affolés que nous, des chemins qui ne menaient nulle part et rejeté des choses importantes et infaillibles (la liberté religieuse, les réflexions sur la culture de Gaudium et spes etc.) D’ailleurs la situation d’arbitraire n’est pas encore réparée, « Summorum pontificum » est un progrès dans certains de ses aspects mais sa distinction entre forme « ordinaire » et forme « extraordinaire » du même rite, n’est pas satisfaisante selon moi.

Tout cela ne devrait pas rester sans conséquences. Il devrait y avoir une clarification sur le cléricalisme intolérable du Pape de ce temps qui venait s'immiscer sans titre, dans la culture des peuples sous prétexte de "mise à jour", qui s'immisçait arbitrairement dans leur façon de prier, dans leurs spiritualités. Paul VI avait un cœur de pierre pour tous les gens qu'il a désespérés et les cultures qu'il a détruites. Pourtant il a prophétisé par ailleurs beaucoup de fois et a eu un enseignement souvent génial sur d'autres points. Par leur influence sur le Pape, les docteurs Diafoirus du « mouvement liturgique » qui s'étaient moqués impunément de la piété des fidèles et des prêtres, en violant par ce fait leurs droits naturels de croyants, avaient fait déboucher leur mouvement, épousé par le Pape, sur l’horreur spirituelle et culturelle. Cette horreur spirituelle et culturelle dure encore (lire à ce propos le site "Pro liturgia", intéressant surtout dans la dénonciation des aberrations liturgiques et catéchétiques de l'épiscopat français).

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