22.11.12

Les deux lectures d'un texte selon Mgr Di Noia

Mgr Di Noia est le nouveau responsable au Vatican des discussions avec les lefebvristes. Il est d'origine dominicaine et anglophone.

Au cours d'une interview, il a exposé l'alternative de lectures d'un seul et même texte.


Le texte de Mgr Di Noia suggère plus qu'il ne dit. Je vais donc la reformuler.

A la question de savoir s'il pense que la présence des "traditionalistes" dans l'Eglise est une bonne chose, il commence par répondre que, en faisant référence à l'expérience des "traditionalistes" en communion avec le Pape, la liturgie traditionnelle nourrit la foi que les traditionalistes ont donc une influence positive.

Puis, il poursuit dans trois autres paragraphes en ces termes (voici le texte anglais - trouvé sur la Porte latine ) :

« I tried to find an analogy for this purpose. Say that the U.S. Constitution can be read in at least two ways: reading historians interested in the historical context and work to shed light on its meaning: the authors, the intentions of the drafters, history authors and all that is historical work on the Constitution. So you have a Constitution, you can explore the history and throw much light on the meaning of it.
 However, when the Supreme Court used the Constitution, when read as a living document to which institutional institutions of a country are based, it is a different reading. So, what the drafters thought, not just experts that it depends - can draw a parallel with the bishops, experts are parallel to periti.
These documents have independence between them. I often say that the Council Fathers thought does not matter because this is how you apply it that counts today. It is a living document. »

Voici la traduction libre que j'en ai faite. Les mots entre crochets sont de moi pour aider à la compréhension de la pensée de Mgr Di Noia dont l'expression est elliptique.

« J'ai tenté de trouver une analogie sur ce sujet. La Constitution U.S. peut être lue au moins de deux façons : une lecture à laquelle les historiens sont intéressés, le contexte historique et le travail pour éclairer son sens : les auteurs, les intentions des rédacteurs, l'histoire des auteurs et tout ce qui peut constituer un travail historique sur la Constitution. Ainsi vous avez une Constitution, dont vous pouvez examiner l'histoire et ainsi mettre en évidence sa portée.
Mais lorsque la Cour suprême interprète cette Constitution, quand elle la lit comme un document vivant sur lequel les institutions institutionnelles d'un pays sont fondées, la lecture [en] est différente. Ainsi, ce que les rédacteurs [du texte non de la Constitution, mais de l'arrêt de la Cour] pensent, pas [ce que pensent] les experts dont les pensées ont contribué à [former celle des juges] peut tracer un parallèle entre les évêques [comme juges] et les théologiens [comme experts d'une part] et les juges et les experts [d'une autre part].
Ces documents sont indépendants les uns des autres. Je dis souvent que la pensée de Père conciliaires n'a pas d'importance parce que c'est ce que vous appliquez aujourd'hui qui compte. C'est un document vivant. »

Autrement dit, il ne faut pas lire les documents du Concile en sociologue, en psychologue, en historien, ou en spécialiste de la spiritualité, mais en juriste. Or pour le juriste, ce sont les mots qui comptent.

Monseigneur indique aux lefebvristes qu'ils font fausse route parce qu'ils sont submergés par une vision sociologique, historique et j'ajouterais "spirituelle" (Exercices de saint Ignace compris comme une sorte de super-évangile code de lecture universel de la pensée) lorsqu'ils lisent des textes, surtout ceux de leurs "ennemis" supposés. Monseigneur Di Noia leur demande donc de faire abstraction de leurs idées sur la pensée des pères conciliaires pour revenir aux textes.


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