Liberté religieuse et liberté absolue de conscience.
http://www.lefigaro.fr/debats/20060819.FIG000000440_dans_notre_pays_le_debat_public_doit_renouer_avec_l_esprit_des_lumieres.html
« La démarche initiatique et symbolique propose un langage commun. Il n'y a pas de pensée maçonnique, d'opinion maçonnique, de doctrine maçonnique : il y a des individus qui se construisent leur propre regard. »
Jean-Michel Quillardet (Grand maître du Grand Orient de France) Publié dans le Figaro le 19 août 2006.
Un "langage", le terme est sans doute pris dans l’acception de « manière de parler propre à un groupe social ou professionnel » (Petit Larousse 2006).
Mais un langage suppose une doctrine commune, des connaissances transmises par une profession. Monsieur Quillardet ne veut pas que cela soit appelé doctrine, ou « vérité ». Car il voue au mépris les doctrines et « vérités » des religions.
Pourtant, qu’est-ce qu’un « langage commun » qui n’exprime pas une doctrine ? Il ne suffit pas de vouloir pour que l’enchantement opère, pour que les mots changent la chose.
Dire que l'on n'a pas de doctrine, c'est en avoir une. Comme dire que l'on ne veut pas de philosophie, c'est encore philosopher a dit à peu près Aristote. Refuser toute "vérité" et toute "doctrine", c'est en avoir une, même si l'on prend la précaution de l'appeler "langage commun".
Donc la franc-maçonnerie a une philosophie, et une morale qui découle de cette philosophie.
La doctrine maçonnique c’est la « liberté absolue de conscience » Ce qui compte ce n’est pas une doctrine mais, exprimés par un langage commun, un regard, une culture… pas une « vérité ». Car l’homme est absolument libre, sa conscience ne dépend de rien ni de personne. Il n’est pas un dieu, il est Dieu.
Je dirais plutôt l'homme est un dieu, il n'est pas Dieu.
A la lumière des textes des papes (y compris Quas Primas sur la Royauté sociale de Jésus-Christ), on peut voir que la liberté est un principe catholique, un principe individuel et social.
Mais comment comprendre cette double liberté ?
Pour parler de "liberté" on peut envisager deux points de vue. La liberté intérieure, dans l’âme de l’homme là où personne ne pénètre, d'une part et, d'autre part, la liberté sociale qui est celle qui règne dans les relations entre les hommes.
La liberté de la morale individuelle d'une part et le point de vue de la morale sociale d'autre part, c'est ce que je distingue.
M'inspirant de Dignitatis Humanae, voici ce que je pense :
Du point de vue de la morale individuelle, l'homme n'est pas libre à l'égard de la vérité. Il n'est pas obligé de la trouver, mais il est obligé de la chercher, et la trouvant, de s'y reposer.
Avoir la "vérité", détenir la "vérité" n'est pas le problème. D’ailleurs notre pape Benoît XVI a dit, me semble-t-il, qu’il était préférable de dire que l’on devait tendre vers la vérité plutôt que de dire qu’on l’avait trouvée et encore moins qu’on devait la trouver. Il n’est donc pas tout à fait dans l’ordre de dire « j’ai la vérité », si l’on veut rester conforme à la morale de Benoît XVI, mais plutôt « je pense avoir trouvé la vérité sur cette question, et, en tout cas, je tends de tout mon être vers la vérité. » En ce sens d’ailleurs, la doctrine maçonnique, qui est visiblement issue de la doctrine chrétienne, a aidé à approfondir le mystère chrétien, à en affiner la perception.
Pourtant du fait que nous sommes des "dieux" (comme le dit à plusieurs reprises l'Ecriture), nous jouissons d'une vraie liberté intérieure, qui nous laisse choisir les moyens personnels de notre route vers l'Amour. La liberté intérieure, la liberté de conscience n'est donc pas un vain mot pour un catholique, mais cette liberté n'est pas absolue.
Du point de vue social en matière de religion, c’est la liberté religieuse qui consiste dans la mesure du bien commun, à pouvoir exprimer, seul ou en groupe, librement ses opinions religieuses. (Voir Dignitatis Humanae)
Parce que personne n'est absolument certain d'être dans la vérité, parce qu'aussi la dignité de la personne humaine le demande, il ne doit pas y avoir de contrainte en religion.
Mais cette liberté n’est pas la « liberté absolue de conscience », elle est la « liberté religieuse », c’est toute la nuance, ou peut-être le gouffre entre maçonnisme et catholicisme.
La suite de mes réflexions dans un prochain post.