9.6.13

Bossuet relate les conséquences du Déluge

Dans ce passage, Bossuet explique pourquoi nous en somme venus à être obligé de manger des animaux ( Discours sur l'Histoire universelle Partie II, 1 La Création et les premiers temps) :

« Il s’y trouva pourtant un homme juste. Dieu, avant que de le sauver du déluge des eaux, l’avait préservé par sa grâce du déluge de l’iniquité. Sa famille fut réservée pour repeupler la terre qui n’allait plus être qu’une immense solitude. Par les soins de cet homme juste, Dieu sauve les animaux, afin que l’homme entende qu’ils sont faits pour lui, et soumis à son empire par leur Créateur.
Le monde se renouvelle, et la terre sort encore une fois du sein des eaux : mais dans ce renouvellement, il demeure une impression éternelle de la vengeance divine. Jusqu’au déluge toute la nature était plus forte et plus vigoureuse : par cette immense quantité d’eaux que Dieu amena sur la terre, et par le long séjour qu’elles y firent, les sucs qu’elle enfermait furent altérés ; l’air chargé d’une humidité excessive fortifia les principes de la corruption ; et la première constitution de l’univers se trouvant affaiblie, la vie humaine qui se poussait jusque à prés de mille ans se diminua peu à peu : les herbes et les fruits n’eurent plus leur première force, et il fallut donner aux hommes une nourriture plus substantielle dans la chair des animaux.
Ainsi devaient disparaître et s’effacer peu à peu les restes de la première institution ; et la nature changée avertissait l’homme que Dieu n’était plus le même pour lui depuis qu’il avait été irrité par tant de crimes.
Au reste cette longue vie des premiers hommes marquée dans les annales du peuple de Dieu, n’a pas été inconnue aux autres peuples, et leurs anciennes traditions en ont conservé la mémoire. La mort qui s’avançait fit sentir aux hommes une vengeance plus prompte ; et comme tous les jours ils s’enfonçaient de plus en plus dans le crime, il fallait qu’ils fussent aussi, pour ainsi parler, tous les jours plus enfoncés dans leur supplice. Le seul changement des viandes leur pouvait marquer combien leur état allait s’empirant, puis qu’en devenant plus faibles, ils devenaient en même temps plus voraces et plus sanguinaires.
Avant le temps du déluge, la nourriture que les hommes prenaient sans violence dans les fruits qui tombaient d’eux mêmes, et dans les herbes qui aussi bien séchaient si vite, était sans doute quelque reste de la première innocence, et de la douceur à laquelle nous étions formés. Maintenant pour nous nourrir il faut répandre du sang malgré l’horreur qu’il nous cause naturellement ; et tous les raffinements dont nous nous servons pour couvrir nos tables suffisent à peine à nous déguiser les cadavres qu’il nous faut manger pour nous assouvir.
Mais ce n’est là que la moindre partie de nos malheurs. La vie déjà raccourcie s’abrège encore par les violences qui s’introduisent dans le genre humain. L’homme qu’on voyait dans les premiers temps épargner la vie des bêtes, s’est accoutumé à n’épargner plus la vie de ses semblables. C’est en vain que Dieu défendit aussitôt après le déluge de verser le sang humain ; en vain, pour sauver quelque vestige de la première douceur de notre nature, en permettant de manger de la chair des bêtes, il en avait réservé le sang. Les meurtres se multiplièrent sans mesure. Il est vrai qu’avant le déluge Caïn avait sacrifié son frère à sa jalousie. Lamech sorti de Caïn avait fait le second meurtre, et on peut croire qu’il s’en fit d’autres après ces damnables exemples. Mais les guerres n’étaient pas encore inventées. Ce fut après le déluge que parurent ces ravageurs de provinces, que l’on a nommés conquérants, qui poussés par la seule gloire du commandement, ont exterminé tant d’innocents. Nemrod, maudit rejeton de Cham maudit par son père, commença à faire la guerre seulement pour s’établir un empire. Depuis ce temps l’ambition s’est jouée sans aucune borne de la vie des hommes : ils en sont venus à ce point de s’entretuer sans se haïr : le comble de la gloire et le plus beau de tous les arts a été de se tuer les uns les autres. »
 Il est logique que ceux qui ne croient pas au récit de Moïse ne croient pas non plus à l'obligation que nous avons pour survivre de consommer des produits animaux et les animaux eux-mêmes.

L'humidité excessive de l'air est sans doute due aux pluies qui n'avaient pas lieu au temps de l'âge d'or (avant le péché originel).

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