19.2.11

Les libertés publiques religieuses : une matière qui ne tolère pas l'approximation

Au sujet notamment de la liberté religieuse et de l'occupation des lieux publics (les voies publiques) notamment, un post de "La Hire" semble condamner toute soumission des manifestations religieuses aux autorités d'État.

Signalé par "La Hire" un passage du "Compendium de doctrine sociale" m'apparaît comme un véritable chef-d'œuvre. Tous les mots comptent, tous sont admirablement agencés.

"427 Afin de prévenir ou d'apaiser d'éventuels conflits entre l'Église et la communauté politique, l'expérience juridique de l'Église et de l'État a diversement défini des formes stables de rapports et des instruments aptes à garantir des relations harmonieuses. Cette expérience est un point de référence essentiel pour tous les cas où l'État a la prétention d'envahir le champ d'action de l'Église, en entravant sa libre activité jusqu'à la persécuter ouvertement ou, vice-versa, dans les cas où des organisations ecclésiales n'agissent pas correctement vis-à-vis de l'État."

La Hire en déduit que l'Église ayant pu librement organiser, selon lui, les processions des "Rogations" (cela me semble un raccourci qui fait fi de l'autorisation au moins implicite des municipalités qui d'ailleurs participaient à ces processions dans la plupart des cas), il devrait en être de même aujourd'hui. Ce raisonnement par analogie (dont le terme historique est des plus incertain, voire sûrement faux) n'a évidemment aucune valeur.

Il faudrait savoir de quoi on parle. C'est pourquoi j'ai posté un commentaire qui sera (peut-être, peut-être pas) publié. Ce commentaire commente non seulement le post hasardeux de "La Hire", mais encore les commentaires déchaînés des lefebvristes.

"Avant d'écrire, il vaudrait mieux distinguer les questions.

D'une part la raison universelle de l'homme qui s'impose à tous et de l'autre les croyances.

D'une part, l'occupation d'un lieu public destiné à la circulation par un groupe (serait-il religieux), ensuite l'exercice du culte public (dans les églises) et l'enseignement en famille et en groupe religieux (dans des lieux privés).

D'une part la liberté religieuse et d'autre part ses implications (possibilité pour un peuple de choisir la religion catholique comme religion d'État, tout en respectant la liberté de tous qui est de droit naturel).

etc.

Ce genre de questions ne se résolvent pas à la 6,4,2, mais nécessitent de longues études qui permettent de très précises conclusions lesquelles ne peuvent tenir en dix lignes. Désolé, chers amis."

Je suis ravi de me ressouvenir de mon cours de "Libertés publiques", de le confronter à la déclaration "Dignitatis humanae", de le confronter au "Syllabus", de le confronter à mes études d'histoire des institutions pour constater leur parfait accord.

Mon cours de "Liberté publiques" faisait la distinction entre réunions privées, réunions publiques, rassemblement et manifestations sur la voie publique et leurs différents régimes. Dignitatis humanae me permet de me souvenir que la liberté religieuse n'est pas absolue et est soumise dans ses manifestations, et dans la mesure de l'ordre public, aux autorités étatiques. Le "Syllabus" proclame la liberté religieuse de l'Église et des peuples à son égard. Mes études d'histoire des institutions me permettent de comprendre les contrats, fondés sur la liberté religieuse, ayant existé entre l'Église et les peuples occidentaux (dont les Philippins, par exemple, qui ne sont ni blancs, ni européens). Mon expérience d'avocat me permet enfin de mieux saisir le concret des situations.

Je suis finalement très fier que je puisse ainsi rendre un service unique. Pour répondre à mes amis du "Salon beige" (posteurs et commentateurs), je leur recommanderais de ne pas se lancer dans des explications sur des matières qui dépassent leurs cultures personnelles. En croyant défendre la liberté, ils manient le "pavé de l'ours" contre l'Église et contre la France.

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