10.11.15

De Humanæ vitæ à l'homosexualité par le P. Oliva

Un dominicain italien, le Père Oliva invoque Humanæ vitæ au secours de l'homosexualité. Voici une citation du Père Oliva par Thibaud Colin (Riposte catholique):


« Dans le contexte de morale sexuelle qui est celui du chapitre 122, §9 au livre III de la Somme contre les gentils, Thomas affirme qu’utiliser ses mains pour marcher, alors qu’elles sont physiologiquement conformées pour un autre usage, c’est ne commettre qu’un péché léger voire aucun péché. Nous pouvons appliquer un tel exemple à l’organe sexuel, grâce à la nouveauté de Humanae vitae 10 : bien que l’organe sexuel soit physiologiquement ordonné à l’autre sexe, qu’est-ce qui interdirait de l’utiliser dans un rapport avec le même sexe dans le contexte d’un vrai amour homosexuel, unique, fidèle et gratuit ? Rien, faut-il répondre sans hésiter. » (p. 106)




Voici mon commentaire:


L’encyclique Humanæ vitæ, bien que moralement irréprochable sur les principes est moins convaincante sur les avis pratiques.

Humanæ vitæ rappelle le devoir grave des époux de transmettre la vie (au tout début), mais en même temps laisse entendre qu’avoir des enfants pourrait être coupable.

Voici ce que l’on peut lire dans cette encyclique ambigüe:

« Il s’agit tout d’abord du rapide développement démographique. Beaucoup manifestent la crainte que la population mondiale n’augmente plus vite que les ressources à sa disposition ; il s’ensuit une inquiétude croissante pour bien des familles et pour des peuples en voie de développement, et grande est la tentation pour les autorités d’opposer à ce péril des mesures radicales. En outre, les conditions de travail et de logement, comme aussi les exigences accrues, dans le domaine économique et dans celui de l’éducation, rendent souvent difficile aujourd’hui la tâche d’élever convenablement un grand nombre d’enfants. »


On sent bien que le pape a un petit faible pour ceux qui « manifestent la crainte que la population mondiale » etc. Pourtant cette idée d’un gâteau à partager dont la part se fait plus petite si la nation est trop nombreuse se trouve en germe… dans Jean-Jacques Rousseau (Du Contrat social : « On peut mesurer un corps politique de deux manières, savoir : par l’étendue du territoire, et par le nombre du peuple ; et il y a entre l’une et l’autre de ces mesures un rapport convenable pour donner à l’État sa véritable grandeur. Ce sont les hommes qui font l’État, et c’est le terrain qui nourrit les hommes : ce rapport est donc que la terre suffise à l’entretien de ses habitants, et qu’il y ait autant d’habitants que la terre en peut nourrir. C’est dans cette proportion. que se trouve le maximum d’un nombre donné de peuple ; car s’il y a du terrain de trop, la garde en est onéreuse, la culture insuffisante, le produit superflu ; c’est la cause prochaine des guerres défensives : s’il n’y en a pas assez, l’État se trouve pour le supplément à la discrétion de ses voisins ; c’est la cause prochaine des guerres offensives. » C’est ce genre de raisonnement « logique » qui ne laisse place à aucune échappatoire qui a rendu possible le malthusianisme.)

Ce raisonnement ne tient pas compte, entre autres, de ce que nous ne sommes que « de passage » et que toutes les générations s’éteignent en environ 70 ou 80 ans et que le vivre ensemble dépend de l’éducation notamment morale…

Le sous-développement et la faim cessent lorsque l’humanité est nombreuse, bien organisée et éduquée moralement. En 2015, le problème de la faim est en voie de résorption alors qu’il était bien plus grave en 1968 avec une population bien moins nombreuse (selon les statistiques).

Bref, Paul VI violait, comme le clergé actuel, la liberté de conscience et la liberté de jugement des fidèles. Il le faisait, mine de rien, comme si la question ne se posait même pas. Comme saint Jean-Paul II l’a fait en disant que le darwinisme était « plus qu’une hypothèse ». Le clergé était et reste à la remorque de la propagande. On en constate les effets catastrophiques sur les taux de natalité des États autrefois catholiques.

En effet, ce paragraphe d’Humanæ vitæ

« Par rapport aux conditions physiques, économiques, psychologiques et sociales, la paternité responsable s’exerce soit par la détermination réfléchie et généreuse de faire grandir une famille nombreuse, soit par la décision, prise pour de graves motifs et dans le respect de la loi morale, d’éviter temporairement ou même pour un temps indéterminé une nouvelle naissance. »

Est compris comme une condamnation des familles nombreuse. Les pères de familles nombreuses sont condamnés comme des passionnés se livrant à leurs bas instincts sur leurs femmes alors que la norme vertueuse deviendra de ne pas avoir d’enfant. Les « graves motifs » existant toujours… « On a toujours une excuse valable » disait un de mes professeurs… Car on comprendra à la lecture d’Humanæ vitæ que selon Paul VI, le mari avant de coucher avec sa femme doit prendre en compte « les conditions physiques, économiques, psychologiques et sociales, » d’un avenir que personne ne connaît (l’enfant vit dans l’avenir) ! De plus certaines naissances seront jugées par les entourages comme des fruits de l’irresponsabilité des parents ! Abominable ! À la fin l’homosexualité apparaît comme plus responsable que l’acte conjugal et l’avortement comme la correction d’un acte irresponsable. Certes, ce n’est pas ce qu’écrit Paul VI, mais son concept de « paternité responsable » contient les germes de ce qui est vécu aujourd’hui. Même s’il affirme les principes moraux, il les contredit en fait, par des formules alambiquées dont celui de « paternité responsable » tiré de la propagande malthusienne.

Car qui lira, ce qui est pourtant enseigné dans l’encyclique que « Par rapport aux conditions physiques, économiques, psychologiques et sociales, la paternité responsable [peut s’exercer] (…) par la détermination réfléchie et généreuse de faire grandir une famille nombreuse, » ? si en même temps on affirme, sans le dire explicitement, que les ressources pour nourrir l’humanité vont manquer ? L’homosexualité devient alors vertu et la famille nombreuse, vice.



Alors que l’aventure humaine, qui n’est pas finie vaut la peine d’être vécue.

Le Compendium l’enseigne:

« 195 Le principe de la solidarité implique que les hommes de notre temps cultivent davantage la conscience de la dette qu’ils ont à l’égard de la société dans laquelle ils sont insérés: ils sont débiteurs des conditions qui rendent viable l’existence humaine, ainsi que du patrimoine, indivisible et indispensable, constitué par la culture, par la connaissance scientifique et technologique, par les biens matériels et immatériels, par tout ce que l’aventure humaine a produit. Une telle dette doit être honorée dans les diverses manifestations de l’action sociale, de sorte que le chemin des hommes ne s’interrompe pas, mais demeure ouvert aux générations présentes et futures, appelées ensemble, les unes et les autres, à partager solidairement le même don. »

Cela condamne le malthusianisme pratique du bienheureux Paul VI.

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