28.8.12

Cours de langue de bois par l'Ecole nationale d'administration

Moi qui ai été refusé par les jésuites à l'âge de 9 ans et à l'Institut d'études politiques vers l'âge de 22 ans, non en raison de mauvais résultats scolaires mais parce que je n'avais pas le style [bourgeois] (on me l'a fait comprendre jusqu'à me le dire pour ma deuxième tentative à l'IEP), moi qui n'avais pas l'oreille des magistrats comme avocat, moi qui ai mes droits fondamentaux régulièrement violés par les même magistrats, même depuis que je ne suis plus avocat, moi qui ai été rejeté par les avocats (pas par tous), je regrette de n'avoir pas connu plus tôt les cours de langue de bois tel que les dispense l'Ecole nationale d'administration ;-).


« Mesdames, messieurs,
La conjoncture actuelle doit s’intégrer à la finalisation globale d’un processus allant vers plus d’égalité. Je reste fondamentalement persuadé que la situation d’exclusion que certains d’entre vous connaissent oblige à la prise en compte encore plus effective d’un avenir s’orientant vers plus de progrès et plus de justice. Dès lors, sachez que je me battrai pour faire admettre que l’acuité des problèmes de la vie quotidienne interpelle le citoyen que je suis et nous oblige tous à aller de l’avant dans la voie d’une restructuration dans laquelle chacun pourra enfin retrouver sa dignité. »

Bon, c'est du discours politique, le discours judiciaire est quelque peu différent, mais conduit aux mêmes résultats. Parler pour ne (presque) rien dire, c'est ce qu'il faut faire devant nos tribunaux. Il y aurait un travail à faire pour inventer un discours judiciaire automatique, ce serait un peu différent  car il y faudrait des options. Vous avez reçu l'ordre, ou bien vous avez de la sympathie pour le défendeur, voici les attendus à écrire.

"Attendu que le tribunal ne trouve pas au dossier du demandeur d'éléments probants au soutien de sa contestation."
 Ne vous fatiguez pas plus, c'est suffisant. Surtout faites dire au plaideur de votre cœur qu'il ne conteste pas les écritures de son adversaire, il pourrait brouiller les choses et rendre plus difficile la tâche du magistrat en sa faveur.

Si par exemple la banque qui a remis de mauvaise foi une somme importante en espèces à une société commerciale (lire à ses dirigeants) juste avant de clôturer le compte et que le compte n'avait plus d'activités depuis six mois dites :


 "Attendu que le demandeur, qui semble vouloir maladroitement reprocher à la banque un soutien abusif [il reproche un dol, une escroquerie de connivence, il ne reproche pas un soutien abusif, mais on s'en moque ! Il faut casser du fachisse.] ne peut pas prospérer." 

C'est suffisant, travestissons les écritures et le tour est joué. Comme dans un hold-up des dizaines de milliers d'euros on été soustraits au pouvoir maléfique du fachisse (moi) en quelques secondes.

D'ailleurs, un banquier peut-il être de bonne foi en remettant une forte somme en espèces sur un compte d'une société, déjà à découvert avant cette opération, sans qu'il y ait de convention de découvert, puis en clôturant le compte quelques jours plus tard, pour ensuite faire jouer la caution ? Et bien, si ! Les juges français décident que si, mais seulement si la victime est un fachisse.

Ne croyez surtout pas que ce soit l'exception parmi les décisions de "justice", c'est la généralité. C'est l'honnêteté qui est l'exception (deux décisions sur environ une centaine).

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