2.5.13

À l'abbé Laguérie, sur l'autorité des droits de l'homme


Dans son introduction à la Somme contre les gentils (c’est-à-dire contre les païens), saint Thomas d’Aquin écrit :

Au sujet de l’objet de son livre (traduction abbé P.-F. Écalle 1854) :
 « Mon intention est de démontrer, selon mes faibles moyens, la vérité professée par la foi catholique, en repoussant les erreurs contraires. »

puis il énonce deux difficultés à attaquer les erreurs contraires.  Je ne retiendrai que la seconde qui, seule, a des implications juridiques.

Saint Thomas se demande sur quelle autorité se fonder pour, comme nous le dirions aujourd’hui, dialoguer avec l’humanité acatholique et achrétienne (les juifs étant intégrés au christianisme par le Vatican) ?

Voici ce que constate saint Thomas dans les faits :

«  (…) Parmi [les acatholiques], il y en a, comme les mahométans et les Païens, qui ne s’accordent pas avec nous pour reconnaître l’autorité d’une écriture qui puisse les convaincre. Nous pouvons disputer contre les juifs, en nous appuyant sur l’Ancien-Testament, comme nous opposons le Nouveau aux hérétiques. Mais pour les premiers, il n’admettent ni l’un ni l’autre ; en sorte que nous sommes dans la nécessité de recourir à la raison naturelle, à laquelle tous sont obligés de se soumettre (…) »

Comme « on lie les bœufs par les cornes et les hommes par les paroles », ces constatations sur le seul moyen de dialogue universel ont des conséquences en matière de droit. Dans une société laïque comme l’est, par nature, la société politique (à qui il est licite de confesser une foi), l’autorité intellectuelle ne peut venir que de la raison naturelle qui est aussi universelle. C’est pourquoi les droits universels et fondamentaux de l’homme, qui sont aussi ses devoirs fondamentaux à l’égard de ses semblables, ne peuvent se fonder que sur la seule raison.

Par hypothèse, dans une société uniformément catholique,  l’autorité laïque manquera toujours d’autorité intellectuelle en matière de foi car l’enseignement de la foi est réservé aux clercs lesquels ont, seuls, autorité en cette matière. Le règne du Christ dans la société politique rétablit et confirme l'autorité de la raison universelle de l'homme.

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