2.9.12

Pour monsieur Peillon l'école d'Etat doit s'occuper de spiritualité

Lu sur le site du Journal du dimanche, une interview de monsieur Peillon, l'actuel ministre de l'« Education nationale ». Monsieur Peillon est un disciple de Ferdinand Buisson, le théoricien de la laïcité républicaine.

La rubrique de wikipedia concernant Ferdinand Buisson prétend que celui-ci a "créé" le concept de "laïcité". Il l'a peut-être créé, mais le radical "laïc", il l'a trouvé dans le vocabulaire chrétien. Comme d'habitude pour les agnostiques et les "républicains", on prendra un concept chrétien pour le retourner contre la liberté, notamment celle d'être chrétien.

Ferdinand Buisson prônait l'utilisation de fonds publics pour ouvrir des écoles. Pour justifier ce vol, il prétendait que ces écoles devaient être "neutres". Le but était de donner aux enfants une possibilité de choix fondé sur la raison. La naissance de certains parents constituerait une contrainte dont il faudrait libérer chaque enfant. Cette libération s'effectuerait par le biais de l'école d'Etat (mais on préfère ne pas insister, voire occulter, ce fait).

Le raisonnement est très compliqué. C'est sans doute parce qu'il cache la réalité. La première réalité que cache ce raisonnement, c'est que l'enfant est un animal qui nait de parents dans le temps et dans l'espace. Contre ce premier fait, il n'y a pas de liberté, la liberté s'insère nécessairement dans ces circonstances.

Ce raisonnement peut conduire à des solutions totalitaires.

Voici ce que répond monsieur Peillon au journaliste :


« La laïcité comme fait juridique, philosophique et historique n’est pas suffisamment étudiée. Certains pensent que la laïcité est contre les religions ; certains au contraire que c’est simplement la tolérance ; d’autres que c’est uniquement des règles de coexistence. Or, la laïcité ce n’est pas simplement cela. Il existe aussi une « laïcité intérieure », c’est-à-dire un rapport à soi qui est un art de l’interrogation et de la liberté. La laïcité consiste à faire un effort pour raisonner, considérer que tout ne se vaut pas, qu’un raisonnement ce n’est pas une opinion. Le jugement cela s’apprend. »

« Certains pensent », dans la liste monsieur Peillon omet ceux qui pensent que la laïcité interdit à l'Etat d'enseigner une morale fondée sur une croyance et plus généralement d'enseigner une croyance, ceux qui croient que l'Etat n'a qu'un rôle subsidiaire par rapport à celui des parents. Ceux qui pensent que la laïcité impose à l'Etat de respecter les droits de l'homme et particulièrement le droit-devoir des parents à l'éducation de leur progéniture (Déclaration universelle des droits de l'homme article 26 § 3, Pacte international relatif aux droits civils et politiques article du 16 décembre 1966 18. 4)). Je fais partie de ceux-là. 

Dans ce cadre, l'Etat doit respecter la liberté de conscience, donc la diversité des opinions et la liberté d'expression dans le cadre d'un ordre public ferme et juste. Or le plus inquiétant, c'est que monsieur Peillon semble vouloir que l'Etat, allant jusqu'à se mêler de la vie intérieure des citoyens, enseigne la vérité nécessaire d'un raisonnement. Les raisonnements de monsieur Peillon contiennent la négation implicite des droits fondamentaux de l'homme à la liberté de religion, d'opinion, d'expression, d'enseignement.

Les idées inquiétantes de monsieur Peillon nous font régresser aux dernières années du XIXème siècle et aux premières années du XXème siècle. Ces années étaient grosses des totalitarismes hideux. Monsieur Peillon devrait se renseigner sur les nouveaux instruments juridiques de la deuxième moitié du XXème siècle. Ces instruments que l'on ne peut ignorer, ont fait progresser l'humanité et condamnent le laïcisme, surtout lorsqu'il est financé et enseigné par l'Etat.

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