23.11.06

L’abbé Fouard (1837 – 1903), confirme Ratisbonne.


Dans ma bibliothèque, j’ai trouvé un livre sur les « traditions provençales » écrit par le Père Jenatton, « capitaine de chasseur alpin » (sic) aux Editions « les Livres Nouveaux de Paris », sans doute une édition à compte d’auteur.
Ce livre paru en 1940 a été écrit contre l’antisémitisme. Sa thèse principale, c’est que la Gaule dès le premier siècle et même avant est en relation avec la culture juive et la culture grecque et que donc la culture juive fait partie de la culture gauloise depuis plus de deux millénaires. Il en déduit qu’il n’y a pas lieu de s’étonner que les traditions provençales soient vraies. Les traditions provençales, c’est celle concernant en particulier sainte Marie-Madeleine.
Pour illustrer sa thèse, notre P. Jenatton cite avec honneur « l’abbé Fouard », en omettant de donner les références du texte ! Nous avons heureusement Internet, car pour moi l’abbé Fouard était un inconnu.
Curieusement ce sont les anglo-saxons qui rééditent des traductions anglaises de l’œuvre de l’abbé Fouard et ce sont encore eux qui donnent sa biographie dans la « catholic encyclopedia » Pour ses œuvres dans l’original écrites en français, il n’existe que des livres d’occasion et « Gallica » ne connaît pas « l’abbé Fouard » ! Heureusement que nous avons les anglophones pour sauver la culture française !
Alors, je ne vous fait plus attendre voici un court extrait de « l’abbé Fouard » cité par Jennaton :
« Josèphe (1) n’a probablement rien outré en faisant cette peinture de l’influence du judaïsme : « DEPUIS LONTEMPS IL EST DE MODE, MEME DANS LE PEUPLE, D’IMITER NOTRE PIETE ; NULLE VILLE GRECQUE OU BARBARE, NULLE NATION OU N’AI PENETRE L’USAGE DE RESPECTER LE SABBAT, OU NOS JEUNES, NOS FLAMBEAUX ALLUMES, NOTRE ABSTINENCE DES VIANDES DEFENDUES NE SOIENT UNE COUTUME RECUE. ON S’EFFORCE D’IMITER NOTRE CONCORDE, NOTRE GENEROSITE, NOTRE ACTIVITE DANS LES ARTS, NOTRE COURAGE A TOUT SOUFFRIR POUR LA LOI. CE QU’IL Y A DE PLUS ADMIRABLE, C’EST QUE, SANS NUL CHARME INTRINSEQUE, LA LOI A EU CETTE PUISSANCE . ELLE S’EST REPANDUE CHEZ TOUS LES HOMMES COMME DIEU DANS LE MONDE. »
Et, poursuit l’abbé Fouard : « Le seul point où Josèphe excède est de refuser à la loi tout attrait. Aux sens, il est vrai, elle offrait peu de séduction ; mais pour les âmes nombreuses qui désespéraient les ténèbres du paganisme, c’était l’éclat du jour ent’ouvrant une nuit sombre. »
L’abbé Fouard a écrit en réponse à E. Renan, il veut donc lutter contre le paganisme de Renan. Renan considérait que le judaïsme s’était dressé contre les coutumes des peuples.
Dans « Marc-Aurèle ou la fin du monde Antique » Renan écrit : « C'est par la nouvelle discipline de la vie qu'il introduisait dans le monde que le christianisme a vaincu. Le monde avait besoin d'une réforme morale ; la philosophie ne la donnait pas : les religions établies, dans les pays grecs et latins, étaient frappées d'incapacité pour l'amélioration des hommes. » Il voit le christianisme comme quelque chose d’entièrement nouveau qui cherche à « vaincre » le monde païen ! Josèphe le contredit et l’abbé Fouard le rappelle. Le monde païen antique du premier siècle était fortement judaïsé.
Cette lente pénétration de la loi juive dans le peuple (gaulois en l’occurrence pour ce que veut démontrer le P. Janneton qui lutte contre l’antisémitisme) n’a pu selon toute vraisemblance que se faire en plusieurs générations donc probablement en plusieurs siècles, or Josèphe écrit au premier siècle…
Il est donc bien absurde de voir le monde païen d’un côté, et le monde juif de l’autre comme deux mondes étanches, sans communication l’un avec l’autre. Au contraire, il s’agit de deux mondes qui s’influencent l’un l’autre jusqu’à opérer une synthèse dans le christianisme, où la foi juive rencontre et domine la philosophie grecque qui va devenir son instrument jusqu’à devenir l'une et l'autre indissociables.
Les attaques de Renan contre l’esprit « sémite » dans la « Réforme Intellectuelle et Morale » tombe à faux, car la France est « sémite » depuis plus de deux millénaires.
Nous revoici donc au mois de septembre 2006 à Ratisbonne.
(1) Yossef ben Matityahou (en hébreu, « Joseph fils de Matthias ») est un historien juif hellénistique, né en 37 et mort vers l'an 100. (Tiré de Wikipedia Josèphe est donc un judéo-hellène. Un homme de culture qui a laissé une œuvre d’historien considérable, mais aussi de mémorialiste, sur la destruction de Jérusalem en l’an 70, période pendant laquelle il joua un rôle politique modéré qui le fit considérer comme "traitre")

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