Sûreté, sécurité sur la disparition dans les grands textes du terme « sûreté » au profit de « sécurité » m'avait frappé sans que j'arrive à trouver la clé de cette énigme.
Le terme "sûreté" se trouve dans la déclaration des Droits de l’Homme de 1789, il ne se trouve plus dans les déclarations récentes « Déclaration Universelle de l’ONU » 10 décembre 1948, et la « Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales » du 4 novembre 1950, il a disparu au profit de « sécurité »
Pour attirer mon attention sur le glissement sémantique, Marie Rivet (http://www.rivet-translations.com/ ) m’a donné des liens vers des sites d’universités américaines qui donnent les éditions ancienne du Dictionnaire de l’Académie Française.
A consulter ce lien
http://colet.uchicago.edu/cgi-bin/dico1look.pl?strippedhw=s%FBret%E9
On découvre que le mot « sécurité » a remplacé le mot « sûreté » au cours du vingtième siècle.
Jusqu’en 1930 environ le mot « sûreté » est l’état de celui est éloigné de tout péril, état de celui qui n’a rien à craindre. C’est le sens actuel de notre mot « sécurité »
Jusqu’en 1930 environ également le mot « sécurité » est un sentiment, une tranquillité d’esprit qui fait croire qu’on est en « sûreté », que ce sentiment soit bien ou mal fondé. (exemple : « il dort en une sécurité incroyable, au milieu de ses ennemis »)
A partir, environ, de 1930 le mot "sûreté" disparaît des grands textes fondamentaux au profit de sécurité et prend le sens de « Tranquillité, absence de danger. Nos vaisseaux parcourent maintenant ces mers avec sécurité. L'industrie a besoin de sécurité. Nous ne sommes pas en sécurité ici. » (Dictionnaire de l’Académie de 1932) qui donne se sens « par extension ».
Le glissement sémantique se fait vers l'anglais probablement sour l'influence de Locke, un des grands théoriciens moderne des droits humains. Autrefois on traduisait "security" par "sûreté", aujourd'hui par "securité".
Conclusions : si vous trouvez le sens mot « sûreté » dans des textes anciens (Déclaration des Droits de l’Homme de 1789, Code civil dans sa rédaction de 1804 dont il reste des articles, notamment dans l’article 3 al 1 « Art. 3 Les lois de police et de sûreté obligent tous ceux qui habitent le territoire. »), vous devez traduire en langage d’aujourd’hui par « sécurité ».
Une des dernières utilisation du mot de « sûreté » a été celle faite par le législateur lors de la création de la Cour de Sûreté de l’Etat. Instituée en 1963 par le Général de Gaulle cette juridiction sera supprimée le 4 août (O ! symbole) 1981.
« La Cour de sûreté de l'État est une juridiction d'exception qui a pour but de juger les personnes accusées de porter atteinte à la sécurité de l'État. » dit Wikipedia qui donne ainsi, involontairement, un exemple très parlant de l’évolution sémantique…
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cour_de_s%C3%BBret%C3%A9_de_l'%C3%89tat
Mais qui a dit que la véritable sécurité, ne se trouve que dans l'amour que les êtres humains se portent entre eux ?
21.6.06
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5 commentaires:
Il n'est en effet pas facile de faire la différence entre ces deux mots. Il me semble que le site du CEA peut être utile :
http://www.cea.fr/fr/surete/1_index.htm
On doit s'y sentir en sécurité parce que les bâtiments et l'infrastructure sont sûrs...
Enfin, c'est ce qu'ils disent.
Merci Geronimo, de votre commentaire.
En allant sur le site de Centre d'Étude Atomique, on s'aperçoit que l'ancien terme "sûreté" est encore en usage pour l'opposer à "sécurité".
Sûreté, c'est la sécurité humaine contre les individus malintentionnés (terrorisme, espionnage, malveillance)
Sécurité, c'est la sécurité atomique (précautions contre les accidents)
A mon avis, c'est un site écrit pas un ancien ou alors un amateur d'histoire qui se souvient de la "Sûreté Générale" puis "Sûreté Nationale" qui était un service de police devenu aujourd'hui "Direction Générale de la Police Nationale".
A la réflexion ce terme de "sûreté" ou de "sécurité" est un terme qui désigne deux idées qui peuvent se contredire : pour un individu, c'est le fait de ne pas être inquiété injustement, pour l'État, c'est le fait de ne pas être entravé dans son but de paix publique, de tranquillité.
On voit très bien que ces deux concepts peuvent se trouver en contradiction dans la pratique ! Pour le citoyen la sûreté, c'est de ne pas avoir la police chez soi, pour l'État, la sûreté, c'est de pouvoir agir contre ceux qu'elle soupçonne (peut-être injustement) En un sens, c'est contradictoire, mais il s'agit de la même matière car ce qui permet au citoyen honnête d'être en sûreté, c'est que la police puisse lutter contre les gens malintentionnés...
Quoique à mon avis, la vraie sécurité, réside dans l'amitié, l'amour que les êtres humains se portent mutuellement.
Merci pour la référence, Denis. Moi je m'intéresse plus à la langue qu'au droit, mais c'est bon de savoir que le mot sécurité, et peut-être le mot insécurité, on peut les utiliser dans un certain cadre. Sur certains blogs, ces mots sont tabous (à moins que l'on ne veuille prendre le risque d'être taxé de facho !
Il n'y a pas (encore) de mot pour exprimer le contraire de "sûreté". On dira qu'un bâtiment est peu sûr ou dangereux.
Le dictionnaire des synonymes de l'université de Caen (http://elsap1.unicaen.fr) donne pour sûreté : abri, acuité, assurance, cachette, cadenas, caution, certitude, clairvoyance, clause pénale, cran, dédit, dépôt, fermeté, fidélité, force, gage, garant, garantie, hypothèque, infaillibilité, justesse, lucidité, nantissement, ordre, police, précaution, précision, sécurité, serrure, sincérité, solidité.
Le sens du mot "synonyme" s'est bien élargi :-))
Hé, oui Marie, curieux comme ce mot de "sûreté" ou "sécurité" est passé de la langue de gauche, avec Locke et les Déclarations des Droits de l'Homme" à la langue de droite. D'où d'ailleurs les oppositions : sûreté de ne pas être ennuyé injustement par la police, à sûreté d'être protégé par la police.
Curieux quand même que ce soit considéré comme de droite, vu que toute la révolution européenne s'est faite autour de ce mot de sécurité, et que ce soit la devise de l'ONU "Paix et Sécurité"
Curieux aussi que dans les synonymes ne soit pas plus marquée l'idée de tranquillité, d'esprit en paix, d'absence de danger ou d'angoisse.
C'est bien l'illustration que le mot "sûreté" a descendu subrepticement une marche, il évoque aujourd'hui l'hypothèque, le gage, le nantissement et le crédit-bail ;-)).
Vous savez ma réflexion n'est ni de droite ni de gauche, je l'ai initiée en méditant sur l'article 3 al. 1 du Code Civil.
Vous pensez que Locke était "de gauche" (qui étaient les gens "de gauche" à son époque) ? Je ne le pense pas.
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